Hyperliquid est au centre des discussions dans l’écosystème crypto depuis son airdrop du 29 novembre 2024, qui a distribué environ 31 % de l’offre totale du token HYPE à plus de 90 000 utilisateurs. Cette distribution historique a frappé les esprits par sa générosité envers la communauté.
Les traders recherchent depuis longtemps des alternatives aux plateformes centralisées comme Binance, Bybit, OKX ou Bitget pour faire du trading spot ou dérivés on‑chain sans KYC obligatoire, tout en bénéficiant de frais compétitifs.
Dans cette quête, plusieurs projets ont émergé :
- Uniswap sur Ethereum, Pancakeswap sur la BNB Chain puis Raydium sur Solana : des échangeurs spot via AMM on‑chain.
- dYdX : spécialisé dans les produits dérivés avec carnet d’ordres off-chain
- Jupiter (sur Solana) : agrégateur de DEX avec frais très bas et qui a lancé un marché dérivé en parallèle du spot.
Aujourd’hui, c’est Hyperliquid qui se distingue : plateforme on‑chain ultra‑rapide (jusqu’à 200 000 ordres/seconde avec finalité en un bloc de 70ms), frais quasi nuls, liquidité importante sur ses marchés spot et dérivés, et levier jusqu’à 50×.
Sa blockchain native (Layer 1) combine un carnet d’ordres on‑chain à des performances proches des CEX, tout en évitant le KYC.
Grâce à son airdrop, aux récompenses de trading, et à un mécanisme de rachats financés par les frais, Hyperliquid a vu le token HYPE grimper, atteignant un market cap de plus de 14 milliards de dollars en juin 2025.
Dans cet article, nous allons nous intéresser aux nouvelles plateformes décentralisées ou qui prétendent se décentraliser après leur lancement avec pour ambition de concurrencer Hyperliquid et les plateformes centralisées, mais d’abord, intéressons nous aux CLOBs et au sujet de la latence 👇
Sommaire
- Qu’est-ce qu’un CLOB : carnet d’ordres centralisé ?
- Comment fonctionne un carnet d’ordres ?
- La latence est le nerf de la guerre pour le trading haute fréquence
- Les concurrents d’Hyperliquid à analyser en 2025
- Comparatif des différentes plateformes de Mixbytes
- Les avantages d’Hyperliquid pour le trading on-chain
- La contrainte du plafond de débit pour les Layer 2 & Layer 3 sur Ethereum & Solana
- Séquenceurs distribués et disponibilité des données partagées
- Bulk Trade, la réponse à Hyperliquid intégrée à Solana
- Fogo Chain & Valiant Trade : un concurrent d’Hyperliquid basé sur la tech de Solana
- WORK IN PROGRESS – Tokenomics des différents projets
Qu’est-ce qu’un CLOB : carnet d’ordres centralisé ?
Un CLOB, ou Central Limit Order Book, est un système de carnet d’ordres centralisé utilisé par la majorité des plateformes de trading, qu’elles soient centralisées (comme Binance ou Coinbase) ou décentralisées (comme dYdX ou Hyperliquid). C’est l’endroit où tous les ordres d’achat et de vente sont regroupés, affichés et gérés selon des règles précises.
L’objectif principal d’un CLOB est de mettre en relation les acheteurs et les vendeurs. Chacun peut y déposer un ordre limite (exemple : « je veux acheter 1 BTC à 65 000 $ ») ou passer un ordre au marché (acheter ou vendre immédiatement au meilleur prix disponible). Le CLOB trie ces ordres selon deux critères : d’abord le prix, puis le temps. Autrement dit, les meilleurs prix sont toujours servis en premier, et à égalité de prix, c’est l’ordre le plus ancien qui a la priorité.
C’est aussi un système très liquide lorsqu’il y a beaucoup de participants, ce qui permet d’exécuter des ordres rapidement sans trop influencer le prix du marché.
Cependant, le CLOB a aussi ses limites. Il demande une certaine réactivité, car les marchés évoluent très vite. Il est également sensible aux bots et au trading haute fréquence, qui peuvent devancer les ordres des petits utilisateurs grâce à une meilleure latence.
Dans le domaine des crypto‑monnaies, le CLOB est largement utilisé par les plateformes d’échange dites “pro”, car il permet un trading avancé : ordres stop, ordres à déclenchement, stratégie de market making, scalping, etc. Ces outils ne sont possibles que parce que le carnet d’ordres est structuré, précis et en temps réel.
Des plateformes comme Hyperliquid se distinguent en réinventant ce modèle traditionnel en l’intégrant directement on-chain, c’est-à-dire sur la blockchain. Cela permet de garder les avantages du CLOB (contrôle, transparence, liquidité), tout en bénéficiant de la décentralisation, de la résistance à la censure, et d’un accès global et équitable à tous les utilisateurs.
Comment fonctionne un carnet d’ordres ?
Dans un CLOB, les ordres d’achat (bids) et de vente (asks) sont affichés de manière transparente. Cela permet à tous les participants de voir la profondeur du marché, c’est-à-dire combien d’actifs sont disponibles à chaque niveau de prix. Cela aide les traders à prendre des décisions plus éclairées : acheter maintenant, attendre, ou placer un ordre à un autre niveau.
Un des grands avantages de ce système est qu’il permet une exécution fine et précise. Les traders peuvent choisir exactement à quel prix ils veulent acheter ou vendre, contrairement à certains modèles automatisés comme les AMM (Automated Market Makers) où les prix fluctuent selon une formule. Cela donne beaucoup plus de contrôle, surtout aux traders expérimentés.
La latence est le nerf de la guerre pour le trading haute fréquence
Depuis plusieurs années, Binance optimise la latence de son infrastructure en hébergeant ses serveurs de matching et d’API dans la région AWS Tokyo (ap-northeast-1). Des analyses techniques montrent que les connexions à api.binance.com via Tokyo peuvent obtenir des délai de réponse moyens autour de 0,6 ms, avec une majorité des messages transitant en moins de 4 ms.
Cette proximité physique permet à Binance de réduire au maximum la latence pour les traders, particulièrement ceux qui utilisent des bots ou des stratégies haute fréquence.
Cette stratégie est également confirmée sur différents blogs, où des discussions techniques mentionnent explicitement que les APIs de Binance sont hébergées dans la zone AWS de Tokyo, afin de diminuer le ping et améliorer la performance globale. En pratique, cela signifie que les traders et market makers ayant leurs systèmes proches de ces serveurs peuvent réagir quasi instantanément aux ordres et mises à jour de marché.
De manière similaire, Hyperliquid recommande vivement d’héberger ses nœuds validateurs ou non-validateurs à Tokyo.
La documentation officielle GitHub insiste sur le fait que, pour obtenir la latence la plus basse, lancez votre node à Tokyo, au Japon.
Pourquoi Tokyo ? Cette région AWS offre un point d’accès réseau stratégique : elle est non seulement proche des serveurs Binance, mais aussi du cœur de l’infrastructure Hyperliquid. En étant physiquement proches, les communications sont plus rapides, la propagation de blocs est plus efficace, et les validations transitent avec des millisecondes de décalage plutôt que des dizaines de millisecondes.
La documentation Hyperliquid mentionne que des validateurs peuvent être pénalisés (jail) s’ils ne parviennent pas à suivre le rythme du réseau. Or, ce problème est quasiment inexistant lorsque le validateur est hébergé à Tokyo. Cela signifie que l’infrastructure réseau y est non seulement rapide, mais aussi stable, ce qui est indispensable pour maintenir une blockchain fluide et réactive.
Proximité des traders professionnels
Pour les traders, cette architecture partagée basée à Tokyo est une astuce cruciale : en plaçant vos systèmes près de ces serveurs, vous bénéficiez de temps de réponse ultra-rapides, ce qui est indispensable pour le trading haute fréquence ou pour garantir l’exécution optimale des ordres. Dans un univers aussi compétitif, chaque milliseconde compte.
Si un trader met une seconde de trop pour annuler un ordre ou le modifier, il peut perdre de l’argent à cause d’un mouvement de prix brutal. En hébergeant les nœuds validateurs à Tokyo, Hyperliquid s’assure que :
- Les annulations (cancel-priority) et les nouvelles soumissions bénéficient d’une exécution immédiate, ce qui est essentiel pour la stratégie Fast Lane d’Hyperliquid.
- Les blocs sont propagés plus vite.
- Les ordres sont confirmés avec une latence de quelques millisecondes.
La région de Tokyo est aussi un hub international pour le trading haute fréquence. De nombreux traders institutionnels, qu’ils soient basés à Hong Kong, Singapour, ou aux États-Unis (via des relais), y placent déjà leurs serveurs pour interagir avec des plateformes comme Binance, Bybit ou OKX. En se positionnant également à Tokyo, Hyperliquid se rapproche physiquement de ces traders.
Cela leur permet de :
- Bénéficier d’un avantage compétitif sur les plateformes globales.
- Déployer des bots de trading ou des nœuds RPC avec des temps de réponse ultra courts.
- Exécuter leurs stratégies algorithmiques sans subir de délais liés à la propagation réseau.
Les concurrents d’Hyperliquid à analyser en 2025
A présent, nous allons analyser ce que l’on peut considérer comme des concurrents d’Hyperliquid. Le concurrent peut être un simple protocole, une blockchain à part entière ou un rollup, une appchain ou une extension de Solana.
Nous allons tenter d’analyser les projets par écosystème :
- Ethereum et ses rollups
- Solana et ses extension
- Bullet (anciennement Zeta) : https://x.com/bulletxyz_
- Bulk Trade
- MagicBlock : https://x.com/magicblock (infra mais pas de CLOB pour le moment)
- Solayer : https://x.com/solayer_labs (infra mais pas de CLOB pour le moment)
- Monad
- Kuru : https://x.com/KuruExchange
- Sui
- Aftermath : https://x.com/AftermathFi
- DeepBook : https://x.com/DeepBookonSui
- Aptos
- Ekiden : https://x.com/ekidenfi
- Kana Labs : https://x.com/kanalabs
- Sei
- Monaco : https://x.com/monacoonsei
- Autres blockchains
- dYdX Chain : dYdX (hybride offchain / onchain) – Analyse dYdX
- Fogo Chain : Valiant Trade
Comparatif des différentes plateformes de Mixbytes
Les plateformes de produits dérivés DeFi ont réalisé des avancées remarquables ces dernières années, adoptant des architectures variées pour équilibrer latence, sécurité et décentralisation :
Les échanges centralisés (CEX) fixent toujours la barre de la vitesse brute, mais les meilleurs moteurs on-chain ne sont presque plus en retrait en terme d’ordre de grandeur. Sur Binance, le moteur correspondant imprime les transactions en environ 5 ms de temps CPU, et les teneurs de marché colocalisés voient des allers-retours complets de 1 à 10 ms.
Hyperliquid emprunte la voie entièrement on-chain, acceptant une latence de validation de moins de 100 ms en échange d’une finalité immédiate au sein de sa blockchain. La durée moyenne de l’aller-retour réseau est de 150 à 250 ms une fois que les validateurs globaux sont pris en compte. Grâce à un consensus HyperBFT, le réseau est capable de 100 000 à 200 000 ordres par seconde avec plus de 10 000 ordres par seconde en temps réel (juin 2025) mais le micro-arbitrage de type CEX est hors de portée.
Lighter : une transaction soumise à son séquenceur de test de Francfort est généralement confirmée (soft confirm) en 5~15 ms et finalise sur onchain en moins d’une seconde. La correspondance brute est inférieure à 5 ms car la zk-proof est construite en parallèle, et non dans le chemin critique. Le débit reste plus faible (10 000~50 000 ordres par seconde), mais c’est suffisant pour la plupart des stratégies directionnelles et de base.
Paradex illustre la puissance des zk-rollups, combinant l’order matching offchain (en dehors de la blockchain) avec une vérification onchain pour une finalité d’environ ~200 ms.
Backpack & Bullet misent sur la performance brute, sacrifiant une part de décentralisation pour atteindre une latence proche de celle des CEX.
En conclusion : Binance reste un super-ordinateur de carnet d’ordres, mais Lighter montre qu’avec un dosage intelligent et des preuves parallèles, un DEX peut offrir une sensation proche du CEX pour les traders actifs tout en préservant l’auto-conservation. Hyperliquid prouve que l’extrémité opposée du spectre – plus lente mais entièrement on-chain et résistante à la censure – trouve toujours un écho auprès des utilisateurs qui privilégient la transparence par-dessus tout.
Contrairement aux échanges centralisés, un DEX de produits dérivés ne touche jamais aux clés (private keys) du trader. Le collatéral se trouve dans un coffre-fort (vault) de contrats intelligents que seul le trader peut déplacer. Aucun bureau de conformité, géoblocage ou changement soudain de politique ne peut geler ou réacheminer ces fonds : les retraits sont garantis par le code, et non par la bonne volonté d’un opérateur.
Les avantages d’Hyperliquid pour le trading on-chain
Hyperliquid a mis en place une priorité on‑chain claire : les ordres d’annulation (cancels) et les ordres post‑only sont exécutés avant les ordres GTC (Good‑Til‑Cancel) et IOC (Immediate‑or‑Cancel), directement à l’échelle du Layer 1, garantissant que lorsqu’un trader décide d’annuler une position, cette annulation l’emporte systématiquement sur les nouveaux ordres.
Cette mesure réduit fortement le toxic flow – ces collisions entre market makers réalisant du trading haute fréquence (HFT) qui rendent les conditions de trading plus coûteuses – tout en permettant aux traders “humains” d’annuler plus efficacement, ce qui améliore la liquidité, réduit le slippage et resserre les spreads.
📈 Hyperliquid : une latence extrêmement basse pour du trading on Chain
Sur Hyperliquid, la latence logique est extrêmement basse grâce à un blocktime de 70 ms et une finalité en un seul bloc. Cela signifie que, dans l’idéal, une transaction peut être confirmée en à peine 70 millisecondes du point de vue du protocole. C’est une performance impressionnante qui reflète l’efficacité du moteur de consensus.
Cependant, la latence réelle — celle ressentie par l’utilisateur — tourne autour de 200 ms. Cette différence vient de plusieurs facteurs : le temps de propagation réseau, l’inclusion dans le prochain bloc, la propagation du bloc finalisé, et la confirmation côté client. Même avec une blockchain ultra-rapide, il y a donc un écart naturel entre le temps théorique et le temps perçu.
En comparaison, sur Binance (CEX), les ordres sont exécutés quasi instantanément dans un moteur centralisé, avec une latence de l’ordre de quelques millisecondes seulement. Cela reste plus rapide que sur Hyperliquid, mais au prix d’une centralisation complète. Hyperliquid offre donc une latence presque comparable à celle d’un CEX tout en maintenant les garanties décentralisées d’une blockchain et une transparence totale sur le carnet d’ordre.
🚶♂️Étapes du chemin d’une transaction sur HyperCore d’Hyperliquid :
- Propagation au node leader (~10-30 ms)
- Inclusion dans le prochain bloc (attente du tick du blocktime → jusqu’à 70 ms)
- Propagation du bloc aux validateurs et clients (~30-50 ms)
- Confirmation côté client / interface / réseau WebSocket (~30-50 ms)
👉 Donc latence max perçue : 10-30 + 70 + 30-50 + 30-50 = ~140-200 ms
Hyperliquid indique dans sa documentation qu’il faut utiliser le protocole WebSocket pour obtenir la latence la plus basse.
⚡Hyperliquid : latence perçue d’une machine dédiée au trading haute fréquence
Sur Hyperliquid, malgré un blocktime ultra-rapide de 70 ms et une finalité immédiate (1 bloc), la latence perçue pour un market maker reste en moyenne autour de 200 ms (median), avec un 99e percentile pouvant atteindre 900 ms même en étant géographiquement proche d’un nœud ou validateur à Tokyo par exemple (source).
Cette latence comprend l’envoi de la transaction, l’inclusion dans un bloc via HyperBFT, et la propagation du résultat via l’API (API REST ou WebSocket) – jusqu’à la confirmation reçue côté client.
Contrairement aux CEX (ex. Binance) où les market makers peuvent bénéficier de latences réseau < 1 ms via colocation physique, Hyperliquid ne propose ni accès colocalisé, ni API avec une latence ultra basse dédiée pour le trading haute fréquence. Les serveurs API sont bien conçus (ex. QuickNode en Tokyo), mais leur architecture distribuée sur la blockchain impose des rachat latents sur les ordres (annulation, repost), limitant les stratégies ultra-tick par tick.
Exchange/API | Latence Estimée (ms) | Type de Connexion | Colocalisation Disponible |
---|---|---|---|
Hyperliquid REST | 150–300 ms | HTTP/JSON | Non |
Hyperliquid WebSocket | 100–200 ms | WebSocket | Non |
Binance REST | 5–50 ms | HTTP/JSON | Oui |
Binance WebSocket | 1–20 ms | WebSocket | Oui |
Binance FIX | <1–5 ms | FIX/Colocated | Oui |
Coinbase REST | 30–100 ms | HTTP/JSON | Partielle |
Coinbase WebSocket | 20–60 ms | WebSocket | Partielle |
Coinbase FIX | <1–10 ms | FIX/Colocated | Oui |
Deribit REST | 20–50 ms | HTTP/JSON | Non |
Deribit WebSocket | 5–15 ms | WebSocket | Non |
Deribit gRPC | <10 ms | gRPC (privé) | Interne uniquement |
Deribit UDP (Market Data) | <1 ms | UDP Multicast (coloc) | Oui |
La contrainte du plafond de débit pour les Layer 2 & Layer 3 sur Ethereum & Solana
Les roll-ups tirent leur sécurité finale de la Layer-1 parente (Ethereum / Solana), donc chaque lot de transactions compressé doit nécessairement toucher cette couche de base. Sur des marchés calmes, la bande passante semble suffisante MAIS en période de forte volatilité, elle devient le plafond rigide que tous les DEX doivent partager.
Sur Ethereum, l’EIP-4844 introduit six blobs de 128 Ko par bloc de 12 secondes. Avec un ordre compressé + preuve de 60 octets, cela permet seulement environ 1 000 ordres par seconde, et chaque roll-up optimiste ou zk-rollup ancré sur le mainnet doit partager cette voie. En cas de pic de volatilité, la bande passante offerte par Ethereum est saturée, les frais de blob explosent, et les sequencers commencent à ralentir le débit.
Solana montre plutôt 800 à 2 000 transactions utilisateur par seconde (en excluant les votes), soit 140 à 360 kB/s de charge utile réelle. Un appel typique Serum NewOrderV3
pèse ~120 octets, tandis que les lots ultra-compressés Bullet descendent à ~80 octets, donc le flux d’ordres agrégé sur tous les DEX Solana plafonne autour de 2 000 à 4 000 opérations par seconde. De futures améliorations comme Firedancer et Alpenglow et l’augmentation de la limite max de Compute Unit par bloc pourraient relever ce plafond, mais pour l’instant, les deux écosystèmes restent contraints par la bande passante de leur Layer-1.
Ces limites se resserrent justement quand les traders ont le plus besoin de bande passante. Lors d’un mouvement de prix soudain, chaque bot d’arbitrage et daemon de liquidation se bat pour le même blob ou le même slot de calcul. Les frais explosent, la latence augmente, et les lots non confirmés s’accumulent, forçant les moteurs à bufferiser les fills hors chaîne jusqu’à ce qu’il y ait de la place.
Sur Starknet (et donc Paradex & Extended basés sur cette tech), la limite de bande passante offerte par Ethereum est atténuée (voire quasiment éliminée) grâce à une innovation clé : les state diffs (différences d’état) plutôt que les blobs de données brutes.
Pourquoi cela change tout : dans la plupart des rollups (optimistiques ou zk), chaque lot de transactions doit publier sur la Layer-1 suffisamment de données pour permettre à n’importe qui de rejouer et vérifier le calcul. Cela passe souvent par :
- Des blobs (EIP-4844 sur Ethereum) : données compressées mais encore volumineuses.
- Des calldata : coûteux en gaz et peu optimisés.
Résultat : quand il y a beaucoup de transactions, la bande passante disponible sur L1 devient un goulot d’étranglement.
Ce que fait Starknet / Paradex / Extended différemment :
Starknet utilise un modèle basé sur les state diffs, c’est-à-dire : au lieu de publier toutes les entrées des transactions, Starknet publie uniquement le « diff » entre l’état précédent et l’état après les transactions.
Le state diff est plus compact qu’une série de transactions compressées, pas besoin de publier chaque entrée utilisateur ou ordre compressé. La preuve STARK garantit l’intégrité sans qu’on ait besoin de rejouer chaque opération sur L1.
Starknet peut traiter beaucoup plus de transactions sans saturer Ethereum, même en cas de forte volatilité, les sequencers n’ont pas besoin de throttler (limiter le débit). Les frais de publication sur Ethereum sont réduits, car la bande passante utilisée est minimale.
Note : ZkSync propose aussi d’utiliser la technique des state diffs, il se pourrait donc que le DEX GRVT puisse en profiter dans le futur pour ne pas manquer de bande passante.
Séquenceurs distribués et disponibilité des données partagées
Aujourd’hui, les rollups reposent sur un seul séquenceur. Ils peuvent atteindre parfois des temps de correspondance inférieurs à 5 ms, mais le système peut s’arrêter de fonctionner si le séquenceur tombe en panne ou disparait.
La solution émergente est une équipe de séquenceurs tournante qui partagent le mempool (carnet d’ordres), passent le relais à chaque bloc et déversent leurs lots dans une couche de disponibilité des données à large bande passante telle que Celestia ou EigenDA. En pratique, cela signifie que les moteurs de trading conservent la sensation d’un DEX à un chiffre de quelques millisecondes de latence, tandis qu’un nœud/séquenceur censuré ou bloqué donne simplement le leadership au validateur suivant. La tolérance aux pannes augmente et la voie de données totale s’élargit chaque fois qu’une nouvelle partition DA est mise en ligne.
Starknet compte ouvrir la voix en proposant de décentraliser progressivement son lot de séquenceurs dès l’été 2025 en exploitant Malachite, un nouveau moteur de consensus adapté pour les performances et la décentralisation. On peut s’attendre à ce que ces travaux soient ensuite repris par de nombreux acteurs de l’écosystème.
Bulk Trade, la réponse à Hyperliquid intégrée à Solana
Bulk Trade sur Solana : https://bulkie.substack.com/p/bulk-solana
Philosophie de conception :
- Performances : 5 à 20 ms (sans latence filaire), d’une entrée à l’autre.
- Cohérence : même latence à 5 000 mps qu’à 500 000 mps, pas de pic de latence lors d’un volume élevé.
- Les actifs des utilisateurs ne doivent jamais être transférés à partir de Solana – ne fragmentez pas la liquidité
- Le DEX ne devrait pas compter sur le temps de bloc de Solana pour l’exécution des transactions
- Il doit maintenir la décentralisation à tout prix
- Il doit être aligné économiquement avec le Layer 1 Solana
Leur plan pour outrepasser la latence liée à la génération des blocs (400ms) et proposer une expérience unifiée sur Solana :
Exploiter les équipes de validateurs Solana déjà bien construites et y ajouter Bulk Tile : un carnet d’ordres FIFO suralimenté qui vit à l’intérieur de jito-solana (pour l’instant).
Utiliser un port dédié pour les ordres entrants et les transmet à d’autres clients de bulk-solana à l’aide d’un port Turbine spécial (potins sous-jacents).
Tous les validateurs exécutant Bulk Tile auront les mêmes ordres dans un cycle déterministe de 25 ms et renverront la réponse.
Ensuite, après N cycles (l’objectif est de 150 ms), aggréger les ordres remplis, les annulations, les transferts – créer un commit net-delta. Signez le seuil BLS pour que tout quorum honnête prouve l’exactitude. Ce delta signé est ensuite utilisé pour créer un txn et est validé sur la chaîne au cours du même cycle de bloc Solana de 400 ms.
Composable partout : n’importe quel programme peut appeler le Bulk Vault pour échanger atomiquement, financer des coffres-forts ou déclencher des liquidations, sans secousse.
La latence d’un trade se profile de 20 à 30 ms sur localnet et reste stable à grande échelle. Le coffre-fort effectue une vérification indépendante de l’engagement de chaque cycle d’échange en bloc, ce qui garantit la sécurité à l’échelle du système et l’exactitude vérifiable des transitions d’état.
Aucun validateur ne peut modifier frauduleusement les données des transactions, toute altération est instantanément détectée et rejetée.
Difficile de prédire quand ce type de produit sera disponible sur Solana, probablement pas avant 2026, mais cela permettrait à Solana de proposer une alternative aux CEX et aux Layer 1 Hyperliquid et Fogo Chain tout en maintenant une décentralisation du réseau accrue.
Fogo Chain & Valiant Trade : un concurrent d’Hyperliquid basé sur la tech de Solana
Fogo Chain utilise un mécanisme innovant de multi‑local consensus via le client haute performance Solana Firedancer.
Plutôt que d’employer un consensus global où chaque validateur est dispersé à travers le monde, Fogo organise ses validateurs en zones géographiques co‑localisées, généralement hébergées dans des data centers voisins, afin de réduire radicalement la latence réseau—atteignant des temps de bloc de l’ordre de 20–40 ms
Lorsqu’un consensus local n’est pas possible, le système bascule automatiquement en mode global, assurant une sécurité et une continuité robuste. Ce modèle repose sur le concept clé de colocation dynamique, permettant aux validateurs de changer de zone (“zone rotation”) à chaque époque, tout en préservant leur identité cryptographique globale.
Grâce à ce design, Fogo atteint une scalabilité et une vitesse comparables aux systèmes financiers traditionnels (ex. NASDAQ), tout en maintenant une gouvernance décentralisée et une résilience contre les attaques et la censure.
Valiant Trade de son côté compte proposer un DEX avec un carnet d’ordre probablement on-chain à la manière d’Hyperliquid pour proposer une expérience de trading avec des ordres exécutés en 40ms. Peu d’infos sont disponibles pour le moment mais il se pourrait que le projet soit disponible fin 2025 après la sortie du mainnet de Fogo Chain.
WORK IN PROGRESS – Tokenomics des différents projets
Tokenomics Hyperliquid
Tokenomics Paradex