Les débats relatifs à l’intérêt et aux bienfaits des cryptomonnaies sont réguliers dans l’univers de la blockchain. L’une des critiques majeures faites à la blockchain s’avère être l’empreinte écologique de son utilisation.
Le Bitcoin est souvent pointé du doigt puisque la sécurisation des transactions s’effectue au travers du Proof of Work. Par définition, la preuve de travail est l’affectation de sa puissance de calcul à destination de la validation des blocs. De fait, l’énergie utilisée peut devenir problématique si elle provient d’énergies non renouvelables.
Afin de pallier ce problème, de nombreux protocoles de consensus ont été pensés de sorte à éliminer l’idée du Proof of work comme solution ultime de sécurisation du réseau (network). Ainsi, des blockchains utilisant le consensus proof of stake sont apparus ces dernières années pour réduire considérablement l’empreinte carbone de la technologie blockchain.
Prenant le contre-pied de cette nouvelle tendance, les fondateurs de la blockchain Kadena souhaitent révolutionner le Proof of work arguant que son utilisation est indispensable pour assurer une décentralisation efficiente. Penchons-nous ensemble en détail sur le projet de Kadena.
Tout le contenu CoinAcademy pour Kadena (KDA)
Les fondateurs de Kadena
L’idéologie portée par l’équipe de Kadena s’imprègne de la volonté de révolutionner les interactions dans la société grâce à la crypto. Cet objectif, commun à de nombreuses blockchains, est porté par deux fondateurs dont la carrière est marquée par leur proximité avec la blockchain.
En effet, les fondateurs Stuart Popejoy et Will Martino sont issus de la division blockchain de la célèbre banque JPMorgan. Ensemble, ils ont construit la première blockchain utilisée par JPMorgan connu sous le nom de JPM Coin.
Naturellement, ce lien avec le monde de la finance traditionnelle pourrait effrayer grand nombre de passionnés de la blockchain. Pour autant, la nuance doit prédominer dans l’analyse puisque ces acteurs historiques seront indispensables à une transition efficace.
Finalement, un des conseillers du projet est Stuart Haber dont les travaux ont été cités dans le whitepaper de Satoshi Nakamoto lorsqu’il a présenté le célèbre document intitulé : Bitcoin : A peer-to-peer Electronic Cash system.
Ce noyau dur d’acteurs dans le projet de Kadena en fait un projet à l’apparence sérieuse, cohérente et légitime. Mais qu’en est-il réellement ?
Le Proof of Work de Kadena
Le whitepaper de Kadena permet d’en apprendre plus sur les raisons amenant l’équipe à faire le choix d’une révolution du Proof of Work plutôt qu’une utilisation d’un autre mécanisme de consensus.
Ils font une critique acerbe du proof of stake. Ils estiment que ce choix aurait pour conséquence inévitable de créer une centralisation des acteurs. De plus, et ironiquement, cette situation rapprocherait fortement la blockchain du système financier traditionnel.
Enfin, le danger le plus grave qu’ils aperçoivent avec l’utilisation d’un autre algorithme que le Proof of Work est la potentielle censure provenant du régulateur. Ce dernier point justifie en grande partie l’investissement sur une solution en PoW par le projet Kadena.
Un consensus unique
Traditionnellement, un protocole en Proof of Work se construit autour d’une seule et même chaine. De ce fait, chaque nouveau bloc fait seulement référence à l’en-tête du bloc précédent. Cette conception architecturale limite la mise à l’échelle de la blockchain ainsi que le débit offert par cette dernière sans que ces défauts puissent atténuer l’empreinte énergétique des opérations minières.
Ayant conscience de ces différents problèmes, l’équipe de Kadena décide de penser une solution permettant de paralléliser linéairement le débit en ajoutant des chaines de blocs supplémentaires au réseau.
C’est au travers de cette idée que la blockchain Kadena propose son whitepaper dénommé « Chainweb : A Proof-of-Work Parallel-Chain Architecture for Massive Throughput ».
L’architecture atypique de Chainweb
L’une des promesses d’Ethereum et l’un des défis du Bitcoin pour assurer la scalabilité est le sharding.
Cette technique est celle utilisée par Kadena dans l’architecture de sa blockchain. Concrètement, le sharding est une technique permettant de partitionner une base de données ou un réseau pour aider à son évolutivité.
Chainweb – que l’on pourrait traduire par une chaîne tressée – permet d’exécuter des chaînes en simultané de sorte à offrir une performance capable de satisfaire les exigences des systèmes de paiements financiers électroniques.
Son architecture repose sur l’intégration de plusieurs blockchains indépendantes toutes reliées les unes aux autres par un sous-ensemble d’un arbre de Merkle :
Cette technique permet d’incorporer dans chaque hachage de blocs les informations émanant d’une blockchain parallèle. Chaque blockchain parallèle doit faire référence aux blocs d’autres blockchains à la même hauteur que son bloc précédent.
Ainsi, la sécurité du network est renforcée puisqu’il existe un croisement des racines de Merkle de chaque chaîne. La résistance aux attaques s’améliore grâce à cette multiarchitecture de la chaine puisque chaque blockchain référencée s’assure de la cohérence de la continuité de la chaîne de blocs d’une blockchain parallèle.
Cette architecture spécifique se repose donc sur trois éléments indispensables :
- La génération d’une assurance probabiliste
- La détermination des références homologues
- La validation des références homologues
Un écosystème florissant
Le déploiement du network Kadena s’effectue dans un rejet de la solution proposée par Ethereum. De fait, l’utilisation d’une plateforme EVM (Ethereum Virtual Machine) compatible n’est pas une priorité des développeurs de ce projet.
Le langage de programmation PACT
En réalité, ils ont créé leur propre langage de programmation de smart contract s’intitulant PACT. Ce dernier est présenté comme excessivement intuitif et facile d’utilisation.
Il aurait la capacité de détecter les bugs dès l’écriture du smart contrat permettant de libérer le développeur de la peur des failles de sécurité.
Dans la présentation succincte de ce langage sur leur site, les fondateurs du projet taclent d’ailleurs les carences rencontrées par Ethereum ou d’autres plateformes utilisant notamment l’EVM.
Enfin, Kadena souhaite offrir à sa communauté les moyens d’intervenir directement dans le financement de nouvelles initiatives de développements au travers d’une DAO (Decentralized Autonomous Organization).
L’intégration de la DeFI et de l’interopérabilité
La méfiance envers Ethereum et d’autres plateformes ne permet pas de faire l’impasse sur la tendance de l’interopérabilité des blockchains. Kadena l’a compris et s’est associé avec le projet wrapped.
Cet investissement permet de proposer aux utilisateurs de Kadena la possibilité de swap leur token $KDA pour du $wKDA utilisable directement sur la blockchain Ethereum. Cette initiative devrait rapidement s’étendre à d’autres blockchains telles que Terra ou Cosmos.
Le projet Kaddex, souvent mis en avant sur le compte twitter de Kadena, se présente comme le plus puissant échange décentralisé reposant sur du Proof of Work. L’objectif étant de pouvoir réaliser toutes les actions de la DeFi que l’on connait sur les autres blockchains. Ainsi, il y est proposé de faire des swaps de tokens (sans frais de transactions), des pools de liquidités, du staking, du farming ou encore du lending.
La non-compatibilité de la blockchain avec l’EVM rend l’utilisation d’extensions comme Metamask impossible sur le réseau de Kadena. De fait, l’apparition d’une extension destinée à la blockchain de Kadena semblait indispensable.
Celle-ci a vu le jour dès le début 2022, pour une phase de test, directement distribuée sur le marché par les fondateurs de Kaddex en attendant peut-être le développement d’une application mobile.
Sources : Kaddex Medium, Twitter XWallet
L’inévitable apparition des NFT
Le projet Marmalade, actuellement en testnet, est développé sur l’infrastructure de Kadena. Son objectif est d’offrir une infrastructure permettant de construire des plateformes de NFT à destination, notamment des développeurs de jeux vidéo.
Par ailleurs, le projet UFO Gaming, dont le token $UFO s’est ajouté à la longue liste des cryptos proposés par l’échange Kucoin, s’est associé à Kadena en fin d’année 2021.
Ce projet se présente comme un jeu traditionnel entièrement décentralisé promettant le développement réel d’un Play to Earn (P2E), d’un metaverse et la possibilité d’achat de NFT ainsi que de terres virtuelles.
Cet ambitieux projet peut voir le jour grâce notamment à la possibilité de « gas station » au sein de la crypto Kadena.
Sources : Marmalade, UFO Gaming
L’introduction des gas stations
Comme évoqué précédemment, Kadena (KDA) est une solution souhaitant diminuer au maximum les frais de transactions. Cet objectif s’est étoffé grâce au projet de gas station.
L’accessibilité de la blockchain est une priorité pour les fondateurs de Kadena. De fait, l’obligation de posséder une crypto spécifique sur un wallet dédié à la DeFi apparaît comme une barrière à l’entrée trop importante aux yeux des créateurs de Kadena.
La résolution de ce problème s’effectue par la possibilité offerte aux applications décentralisées de créer des comptes servant uniquement aux paiements des frais de transactions pour le compte des utilisateurs.
Ainsi, les difficultés précitées disparaîtraient permettant aux consommateurs de seulement se concentrer sur l’utilisation du service proposé.
Source : Medium
La tokenomics de Kadena et son jeton KDA
Kadena possède un token : le $KDA. Ce dernier est notamment disponible à l’achat sur la plateforme Kucoin. Selon Coingecko, le prix actuel du jeton KDA est de $6.30 pour un peu plus d’un milliard de dollars de capitalisation boursière.
L’utilité du token KDA repose sur plusieurs éléments :
- Le paiement de la puissance de calcul nécessaire à l’exécution des smart contrats et des transactions
- Récompenser les mineurs grâce à la monnaie KDA
- Un moyen de paiement pour les utilisateurs
- La création de nouveaux smart contracts
L’allocation des jetons $KDA, comme présenté sur le graphique ci-dessous, démontre que 70% de la circulation totale des tokens sera allouée aux mineurs pour leur travail de sécurisation de la blockchain.
Ce pourcentage conséquent fait apparaître comme inévitable une inflation de l’offre de KDA disponible sur le marché ainsi que son cours. En effet, la libération de ces tokens au fil des années pourrait avoir un impact important sur l’évolution de son prix et sur sa capitalisation boursière.
De fait, il peut être intéressant de s’intéresser à la capitalisation boursière après dilution pour observer la tendance du cours de cette crypto pour éviter d’avoir des œillères dans son analyse du cours actuel du $KDA.
Cette analyse devrait idéalement être réalisée pour toutes les monnaies, comme cet article vous l’explique, afin d’anticiper de manière réaliste le prix potentiel de ces monnaies.
Source : Medium
Kadena, partenaires et fonds d’investissement
Kadena est en collaboration avec d’autres écosystèmes, offrant une interopérabilité concrète aux utilisateurs, mais également l’intégration d’oracle ou d’infrastructure spécifique à la crypto.
Les blockchains Celo, Polkadot sont notamment mentionnés comme partenaire de Kadena, mais cocorico, l’on peut également voir apparaître la société Ledger, société française spécialisée dans la commercialisation de portefeuilles de cryptomonnaies physiques pour ses actifs.
Au-delà des partenaires stratégiques, Kadena s’est également entouré de partenaires économiques leur permettant d’atteindre leur objectif avec les fonds suffisants. Ainsi, ils ont soulevé, au terme d’une levée de fonds, 15 millions de dollars (USD) auprès de fonds d’investissement dont Multicoin Capital.
Conclusion
La critique des autres protocoles est très présente à la lecture des documents fournis par Kadena. L’avis de ses créateurs sur l’écosystème de la blockchain et des cryptomonnaies semble assez négatif.
Pour répondre à ce problème, ils présentent leur propre layer 1, Kadena, comme révolutionnaire sur sa manière d’appréhender le protocole de Proof of Work. Son développement s’inscrit comme une réponse aux besoins réels de la finance préservant les fondamentaux techniques et philosophiques du Bitcoin.
Néanmoins, force est de constater que l’on est aux balbutiements du développement de l’écosystème de cette blockchain. De nombreuses applications et services devraient voir le jour sur le marché dans les prochains mois.
Grâce à ce futur développement, les observateurs de la crypto KDA auront les moyens de s’apercevoir si le projet porté par Kadena est effectivement une révolution ou une énième désillusion.