Vous avez déjà forcément entendu parler de Gary Gensler, le président de la SEC connu pour ses prises de position et son avis tranché sur les crypto monnaies, mais qui est-il ? Quel est son parcours ? Comment voit-il les crypto monnaies ? On vous dit tout dans cet article.
Qui est Gary Gensler
Gary Gensler est un ancien banquier d'affaires qui est devenu un célèbre fonctionnaire du gouvernement américain. Il est actuellement président de la Securities and Exchange Commision (SEC) des États-Unis.
Il apparait parmi un des hommes les plus respectés, mais également les plus controversés de par ses nombreuses prises de parole, notamment en ce qui concerne la régulation des marchés et sa participation à l'élaboration de certaines lois.
Le parcours de Gary Gensler
Gary est née le 18 octobre 1957 à Baltimore dans le Maryland. Il est issu d'une famille modeste de cinq enfants. Son père était vendeur de cigarettes et de flippers dans les bars de Baltimore. C'est son père qui très tôt lui fera découvrir et aimer le monde de la finance, notamment en l'emmenant avec lui dans les bars afin de compter l'argent que lui rapportaient ses distributeurs automatiques.
En 1975, à l'âge de 18 ans, il obtient le High School Diploma du lycée de Pikesville de Baltimore ou ses excellents résultats seront récompensés par le prix Distinguished Alumnus.
Il poursuit ensuite ses études dans la prestigieuse Wharton School de l'Université de Pennsylvanie. Trois ans plus tard, il en sort diplômé en économie et obtient une maitrise en administration des affaires.
En 1979, il intègre la célèbre banque d'investissement Goldman Sachs en tant que banquier d'affaires. D'abord affecté au conseil des sociétés de médias puis dans le trading et la finance à Tokyo, il finit codirecteur des finances.
Sa mission n'étant pas des moindres, visant à superviser les contrôleurs des finances et de la trésorerie dans le monde entier. Moins de 8 ans plus tard, à seulement 30 ans, suite à son travail couronné de succès chez Goldman Sachs, il devient l'associé de la banque.
Durant son séjour chez Goldman Sachs il aura notamment fait les gros titres pour avoir réalisé l'accord le plus lucratif de l'histoire de la télévision.
Gensler a réussi grâce à ses qualités de négociateur hors pair à obtenir un deal de plus de 3,6 milliards de dollars pour la vente des droits sportifs de la NFL.
En 1997, soit 18 ans plus tard, il quitte Goldman Sachs pour devenir secrétaire adjoint au Département du Trésor des États-Unis suite à sa nomination par le président Bill Clinton. Il y restera 2 ans jusqu'en 1999. Par la suite, il sera sous secrétaire des finances intérieures jusqu'en 2001.
Son poste se résume alors à l'élaboration et à la mise en œuvre de la politique gouvernementale fédérale en matière de gestion de la dette et de la vente des titres du gouvernement américain.
Il aura durant cette courte période encore une fois fait les gros titres pour sa bataille pour l'adoption de la Commodity Futures Modernization Act (CFMA), qui sera signée par le président Bill Clinton le 21 décembre 2000. Cette loi était jugée très importante, car elle clarifie les différences juridiques entre les titres (actions, obligations…) et les matières premières.
En 2001, Gary rejoint l'équipe du sénateur américain Paul Sarbanes, président de la commission bancaire du Sénat, en tant que conseiller principal. Il participe alors à la rédaction de la loi Sarbanes-Oxley qui oblige les sociétés à obtenir une approbation de leurs états financiers par les directeurs généraux et financiers ainsi que la publication des engagements hors bilan, du rapport du commissaire aux comptes et de l'audit interne.
Cette loi intervient suite aux scandales Enron et WorldCom qui augmentaient artificiellement leurs profits en dissimulant leurs déficits via des sociétés écrans et en falsifiant leurs comptes. Cette loi est dotant plus importante qu'elle a une portée internationale, car elle vise également les entreprises étrangères qui ont des intérêts aux États-Unis tels que des filiales ou des relations commerciales avec des entreprises américaines.
En 2008, le président Barack Obama nomme Gensler au poste de président de la CFTC. Il y prendra officiellement ses fonctions en mai 2009.
Il aura pour mission principale de réformer le marché des produits dérivés de gré à gré afin de réduire les risques, de renforcer l'intégrité du marché et de protéger les investisseurs. Encore une fois, il réussit brillamment cette mission et sera même décrit comme ” l'un des principaux réformateurs après la crise financière de 2008 “. Il sera par ailleurs récompensé par le prix fiduciaire Tamar Frankel en 2014 qui est la plus haute distinction du trésor américain.
En 2014, il quitte la CFTC pour devenir 3 ans plus tard en 2017, président de la Maryland Financial Consumer Protection Commission sur décision du président du Sénat du Maryland et du président de la chambre du Maryland. Gary Gensler aura pour mission d'évaluer l'impact potentiel des lois, des réglementations, des budgets et de la politique fédérale du secteur financier de l'État.
C'est en 2021, suite au début du mandat de Joe Biden à la présidence des États-Unis, que la carrière de Gary va prendre un nouveau tournant. En effet, les proches du président lui conseillent Gary Gensler pour prendre la présidence de la SEC.
Moins de 3 mois après, en avril 2021, Gensler devient le Président de la Securities and Exchange Commission (SEC) pour un mandat de 5 ans.
La SEC a pour objectifs de protéger les investisseurs, de maintenir les marchés équitables, ordonnés et efficaces ainsi que de faciliter la formation de capital. C'est principalement en régulant strictement les marchés financiers des États-Unis qu'elle parvient à ces résultats.
Cependant, Gary Gensler se retrouve dès son investiture confronté à des problèmes d'un nouveau genre tel que l'émergence du marché des crypto monnaies ainsi que des plateformes digitales de trading.
Néanmoins, il connait assez bien ce domaine, car Gensler est également professeur de pratique d'économie et de gestion mondiale à la MIT Management Sloan School où il se concentre sur l'insertion de la finance et de la technologie, notamment en menant des recherches et en enseignant sur la technologie blockchain et des monnaies numériques.
Son positionnement sur les crypto monnaies
Malgré ses recherches et son investissement dans le domaine cryptographique, celui-ci ne semble pas le voir d'un bon œil. En effet, il voit les cryptomonnaies et les nouveaux actifs numériques comme un “far west”.
Sa première prise de position a été contre la plateforme Robinhood (une plateforme de trading sans commission) qui suite à son introduction en bourse a vu le prix de son action doublé en moins de deux jours. Selon Gary, cette forte hausse n'était pas justifiée et apparaissait comme un piège pour les investisseurs débutants, montrant encore une fois le besoin d'une régulation stricte.
Pour Gary le marché des crypto monnaies et des cryptos actifs sont sujets à la fraude, aux arnaques et aux manipulations des marchés. Il rappelle que les cryptos ont longtemps existé dans le seul but de pouvoir réaliser des achats illicites grâce à leur anonymat et à leur décentralisation.
Il rappelle également qu'il ne veut pas interdire les cryptomonnaies, mais seulement les réguler afin de “protéger les investisseurs”.
Cependant, cette régulation ne semble pas encore clairement établie. La CFTC pour laquelle il travaillait avant considère ces actifs comme des marchandises reposant donc une régulation faite par la CFTC. Gensler en revanche les voit comme des fournisseurs de liquidité nécessitant une régulation faite par la SEC.
Cette différence n'est pas des moindres. En effet, Gary Gensler est connu pour son acharnement et sa rigidité dans le domaine de la régulation. Comme nous l'avons vu dans son passé, il a, à lui seul, réussi à réguler radicalement de nombreux secteurs. Ses décisions, ayant pour la plupart entrainé de nombreux débats, ne lui ont néanmoins jamais fait effectuer de retour en arrière.
Sa détermination semble donc de mauvais augure et apparait comme un possible frein à l'adoption massive des crypto monnaies par les investisseurs et les particuliers. Ce dernier point s'avère confirmé avec, par exemple, le refus à plusieurs reprises de pouvoir créer des ETF comprenant le Bitcoin. En effet, Gary considère que celui-ci reste sujet à la fraude, à la manipulation des marchés et à l'impossibilité pour l'État d'en avoir le contrôle.
Il pense dans un premier temps pouvoir facilement réguler le marché :
« Il n’y a aucune raison de traiter le marché de la cryptomonnaie différemment simplement parce qu’une technologie différente est utilisée. »
Cependant, Gary se rend compte que de nombreux flous concernant la différenciation entre les cryptos, les stablecoins et les plateformes d'échanges restent présents.
Gary Gensler semble néanmoins en conflit avec lui-même.
D'un côté, il apparait avec l'envie de profiter de ce marché en pleine extension afin d'en tirer bénéfice et de ne pas priver les sociétés et les gros investisseurs d'en devenir des acteurs importants à cause d'une réglementation trop stricte.
D'un autre côté, sa prise de parole ainsi que son envie d'obtenir le contrôle de cet écosystème pour “protéger le consommateur” semblent poser un problème.
Dans la récente affaire concernant FTX, Gensler prône davantage la régulation en demandant aux entreprises de se rapprocher de la SEC. Il indique dans une interview pour la CNBC que des sanctions arriveront prochainement pour les acteurs non régulés.
Gary se dit prêt à forcer les plateformes à appliquer les lois en les trainant en justice comme il l'a fait pour le projet crypto monnaie LBRY et pour Kim Kardashian lors de sa publicité réalisée pour une crypto.
Il essaye cependant de rassurer les acteurs du système en répétant que la technologie est toujours intéressante et qu'il y a de bonnes innovations tout en prônant que les plateformes doivent être beaucoup plus transparentes et que les stablecoins pourraient être considérés comme des Securities. Encore une fois, il semble donc tenir un double discours.
Son discours semble d'autant plus inquiétant que celui-ci est accusé par un membre du Congrès Américain d'avoir aidé SBF et FTX à travailler sur des failles juridiques pour obtenir un monopole réglementaire entraînant l'ouverture d'une enquête contre lui.
Conclusion
Gary Gensler apparait comme une personnalité obstinée et impatiente.
Ses prises de position et sa volonté de réguler tous les systèmes touchant de près ou de loin les États-Unis lui ont attiré à de nombreuses reprises les foudres de certaines sociétés et investisseurs. Sa volonté encore une fois de réguler le secteur des cryptos afin selon lui de protéger les investisseurs semble lui aussi freiner de nombreux acteurs du secteur.
Seul l'avenir pourra nous dire à quelle sauce Gary Gensler régularisera les cryptoactifs ainsi que les cryptomonnaies.
