Lighter : Un DEX CLOB ultra basse latence grâce aux zk-proofs

Analyse Lighter Coinacademy

Lighter est un protocole de trading décentralisé qui s’appuie sur la technologie des zk-rollup.

Il ambitionne de combiner la performance d’un exchange centralisé (CEX) avec la transparence d’un système vérifiable on-chain, grâce à l’utilisation de zk-proofs.

Actuellement en bêta fermée, le projet attire l’attention avec son programme de Lighter Points, en vue d’un éventuel airdrop. Cet article propose une analyse complète de son fonctionnement, de ses promesses et des incertitudes qui subsistent.

Qu’est-ce que zkLighter ?

Lighter est un projet de Layer 2, c’est-à-dire une surcouche construite au-dessus de la blockchain Ethereum.

Son objectif est d’offrir aux traders la possibilité d’interagir avec un carnet d’ordres CLOB (central limit order book), outil traditionnellement réservé aux plateformes centralisées, tout en garantissant une exécution transparente et sécurisée grâce à l’infrastructure de la blockchain Ethereum.

En pratique, Lighter se présente comme un zk-rollup dédié à son DEX, c’est-à-dire une technologie qui agrège de nombreuses transactions hors de la blockchain principale, puis publie une preuve cryptographique, appelée zk-SNARK, pour prouver que tout est correct. Cela permet, en théorie, de réduire les frais et le temps de confirmation des transactions.

Le protocole fonctionne comme son propre environnement déporté, tout en héritant de la sécurité d’Ethereum.

Pourquoi utiliser un carnet d’ordres dans la DeFi ?

Les exchanges centralisés utilisent traditionnellement des carnets d’ordres pour offrir des prix compétitifs et une exécution rapide. Dans la DeFi, en revanche, les AMM (Automated Market Makers) ont dominé jusqu’ici. Ces pools de liquidité permettent d’échanger des actifs sans contrepartie directe, mais au prix de certains inconvénients : slippage, coûts pour les fournisseurs de liquidité (impermanent loss), et prix parfois défavorables en cas de faible volume.

La différence entre ces deux modèles repose sur leur mécanisme de découverte de prix. Un AMM utilise une formule mathématique (comme la courbe x*y=k) pour déterminer le prix d’un actif en fonction des actifs disponibles dans un pool.

Cela permet à n’importe qui de fournir de la liquidité et à tout moment de faire un échange, mais les prix ne reflètent pas toujours fidèlement le marché, surtout en cas de faible volume ou de forte volatilité.

Un CLOB (Central Limit Order Book), à l’inverse, regroupe les ordres d’achat et de vente à différents prix, permettant à la fois la découverte de prix par la mise en correspondance directe des ordres d’achat et de vente et une efficience plus grande dans les marchés profonds. Il est considéré comme plus efficace pour le trading professionnel, notamment en termes de précision, de frais et de stratégies complexes.

Mais jusqu’à présent, la DeFi n’avait que très peu intégré le modèle CLOB, principalement en raison des limitations techniques des blockchains.

Publier, annuler ou modifier des ordres en temps réel sur Ethereum entraînait des frais trop élevés et une latence trop importante pour que le modèle soit viable.

Le coût d’une simple mise à jour d’ordre pouvait dépasser celui d’une transaction entière sur un AMM. C’est ce qui a rendu les AMM populaires dans un premier temps, leur simplicité et leur adaptabilité à la lenteur des blockchains.

Cependant, avec l’émergence de blockchains de plus en plus performantes, le modèle CLOB a fait son retour. D’où le choix de Lighter de lancer son propre zk-rollup.

Comment fonctionne Lighter ?

Le protocole repose sur trois composantes clés : le Sequencer, le Prover et les Smart Contracts.

Le Sequencer reçoit les transactions des utilisateurs (dépôts, retraits, création d’ordres, annulations) et les organise. Il les place dans un flux chronologique qu’il publie via un « pre-commitment feed« , un système censé garantir une finalité quasi-instantanée.

Toutefois, cette finalité est à prendre avec prudence : le mainnet de Lighter est actuellement en bêta fermée, il est encore difficile de savoir si le projet tiendra la charge en conditon réelle une fois que la plateforme sera accessible de tous.

Le Prover, de son côté, gère la production des zk-proofs, des preuves cryptographiques qui attestent que les transactions ont été exécutées correctement, et que les ordres ont été associés selon la logique prix-temps (le meilleur prix, puis le plus ancien ordre).

Ces zk-proofs permettent également de protéger contre les risques de manipulation, notamment les stratégies de Maximal Extractable Value (MEV), où un acteur malveillant pourrait chercher à réordonner les transactions ou en insérer d’autres à son avantage. En prouvant formellement que chaque ordre a été traité dans le respect strict du prix et de l’ancienneté, Lighter rend ce type d’exploitation beaucoup plus difficile.

Les Smart Contracts, déployés sur Ethereum, conservent l’état global du protocole et valident les preuves. En cas de dysfonctionnement du Sequencer ou de censure, ils peuvent déclencher un mode d’arrêt appelé « Exit Hatch« , permettant aux utilisateurs de retirer leurs fonds en apportant une preuve de leur solde.

Une structure de données originale : l’Order Book Tree

Pour rendre possible un carnet d’ordres efficace et vérifiable, Lighter utilise une structure de données spécifique : l’Order Book Tree. Inspirée des Merkle Trees utilisés en blockchain, cette structure permet de stocker tous les ordres actifs (achats et ventes) en les organisant selon deux critères : le prix et l’ordre d’arrivée.

Cette organisation permet au système de retrouver très rapidement les meilleurs ordres (par exemple, le prix de vente le plus bas ou le prix d’achat le plus haut) et de prouver qu’ils ont été servis en premier, comme le veut la règle prix-temps*.

*Pour rappel, la règle prix-temps stipule que les ordres sont exécutés en priorité selon le meilleur prix proposé, et en cas d’égalité de prix, selon l’ordre chronologique de leur arrivée.


Dans un système basé sur des zk-proofs, comme Lighter, il n’est pas possible de tout stocker ni de tout rejouer. Il faut pouvoir prouver qu’un ordre a bien été exécuté dans les règles sans avoir à tout montrer.

Grâce à l’Order Book Tree, Lighter peut générer une preuve légère mais suffisante pour confirmer qu’un ordre :

  • A bien été inséré au bon endroit dans le carnet,
  • Ou a été exécuté avant un autre selon les règles établies.

Ce mécanisme permet donc à Lighter de garantir que personne (pas même l’opérateur du protocole) ne peut manipuler l’ordre d’exécution des ordres pour en favoriser certains, tout en gardant un système rapide et peu coûteux à vérifier.

Fonctionnalités et promesses annoncées

Pour résumer, l’équipe de Lighter met en avant plusieurs objectifs clés pour son protocole :

D’abord, une vitesse d’exécution très rapide : selon leurs affirmations, les ordres seraient reçus, classés et confirmés en quelques millisecondes grâce au fonctionnement du Sequencer. Lighter promet également une capacité de plusieurs dizaines de milliers d’ordres par seconde, de quoi s’aligner avec des systèmes centralisés ultra performants.

Toutefois, cette performance reste à vérifier : le mainnet de Lighter est actuellement en bêta fermée, et seule une expérimentation en environnement réel permettra d’en juger.

Ensuite, des frais potentiellement réduits : en publiant uniquement les données pertinentes sur Ethereum (par exemple, les changements de soldes et les transactions effectives), Lighter souhaite limiter l’impact des frais de gas.

Mais il faut noter que sur le testnet, aucune transaction n’est payante à ce jour, et que les frais Maker/Taker définitifs n’ont pas encore été communiqués.

Autre ambition : une protection accrue contre le MEV (Maximal Extractable Value). En générant des zk-proofs qui prouvent le respect strict de la logique prix-temps, Lighter rend beaucoup plus difficile la manipulation du carnet d’ordres par des opérateurs malveillants ou des bots. Le protocole vise ainsi à protéger les utilisateurs des formes classiques de front-running.

A l’heure actuelle, Lighter ne propose que le trading de contrats perpétuels et la possibilité de déposer des fonds dans divers pool comme le Lighter Liquidity Provider (similaire au HLP de Hyperliquid).

Mais à terme, le projet souhaite également étendre sa palette de produits pour intégrer un marché spot.

Tokenomics

À ce jour, Lighter ne dispose pas encore de token natif. Toutefois, un système de récompense via des “Lighter Points” est en place depuis janvier 2025.

Chaque semaine, environ 250 000 points sont distribués. Le programme doit s’achever entre juillet et août 2025, pour un total estimé à 6,5 millions de points émis.

Lors d’un AMA, Vladimir Novakovski (cofondateur de Lighter) a évoqué la possibilité d’un airdrop représentant entre 30 % et 50 % de l’offre totale du token, destiné majoritairement aux détenteurs de Lighter Points.

De plus, le projet est soutenu par des fonds de premier plan, bien que peu d’informations aient été divulguées sur les montants exacts levés.

Parmi les investisseurs confirmés, on retrouve Lightspeed Venture Partners et a16z (Andreessen Horowitz)

Les zones d’ombre du projet

Malgré une architecture ambitieuse, Lighter reste à ce jour un projet très jeune. Il est uniquement accessible via un mainnet en bêta fermée, ce qui rend impossible toute évaluation dans des conditions réelles d’utilisation.

À ce stade, il est donc difficile de mesurer la fiabilité à long terme des zk-proofs, la gestion des litiges, ou encore les coûts réels pour l’utilisateur final.

Autre difficulté : comparer Lighter à ses concurrents s’avère prématuré.

Si l’intégration des zk-proofs dans le moteur de matching constitue un vrai atout en matière de transparence, le produit propose des fonctionnalités similaires à celles de nombreux DEX concurrents.

Or, certains d’entre eux sont déjà opérationnels, avec une base d’utilisateurs active, et offrent des produits supplémentaires, comme le trading spot ou les options.

Malgré ces points négatifs, Lighter aurait dépassé les 2 milliards $ de volume journalier dans sa beta fermée, et dispose actuellement d’une TVL de 158 millions de dollars.

https://dune.com/tervelix/lighter-user-and-flow-analytics

Mais il faut noter que l’équipe de K33 Research émet des doutes sur la crédibilité du volume réel de Lighter. Selon eux, le ratio volume / positions ouvertes suggère une activité de wash trading sur la plateforme.  

En résumé

Lighter propose une approche technique originale pour réconcilier le carnet d’ordres et la blockchain. Il tente de concilier la performance d’un exchange centralisé avec la transparence d’un protocole décentralisé, grâce à une structure de données spécifique et à l’usage de zk-proofs.

Cependant, à ce stade, il est prématuré de tirer des conclusions définitives. L’accès au produit est encore limité, aucun frais n’a été annoncé, et les performances réelles en environnement ouvert restent inconnues.

Il faut également noter que de plus en plus de concurrents émergent avec des produits similaires, voire plus avancés.

Cependant, Lighter est un projet à suivre avec intérêt, mais aussi avec prudence, tant que les promesses techniques ne sont pas validées dans un cadre public et auditable.

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