Sur la plupart des protocoles, les limitations des smart contracts entravent la création de services vraiment autonomes. En toute logique : ces restrictions limitent l’automatisation et la décentralisation complètes des services.
C’est dans ce contexte qu’Autonolas à vu le jour, un projet qui permet la création et le déploiement de services autonomes off-chain qui changent complètement la donne en matière de décentralisation et de performances.
Qu’est-ce que c’est ? Comment ça fonctionne ? C’est ce que vous découvrirez tout au long de cet article.
Sommaire :
- Autonolas : un écosystème décentralisé pour les services off-chain
- Introduction aux problèmes que résout Autonolas
- Comment fonctionne Autonolas ?
- Comment fonctionnent les services Agents d’Autonolas ?
- OPEN-AEA : facilite la création et le déploiement de services Agent
- Autonolas Protocol : transforme en NFT le code des composants off-chain
- Autonolas DAO : le poste de contrôle de tout l’écosystème
- $OLAS : le jeton natif de l’écosystème Autonolas
Points clés :
- Autonolas permet de créer, exécuter et posséder des applications logicielles autonomes
- Les services autonomes d’Autonolas peuvent interagir avec des données situées en dehors de la blockchain (off-chain)
- Autonolas utilise la technologie NFT pour enregistrer les composants d’agents sur la blockchain
Autonolas : un écosystème décentralisé pour les services off-chain
Autonolas, désormais renommé “Olas” (Autonolas sera toutefois utilisé pour l’article), est un framework axé sur la création et le déploiement de services autonomes (aussi appelée “Service Agents”).
Concrètement, le protocole permet aux développeurs de créer des services capables de fonctionner de manière indépendante et continue, avec un minimum d’intervention humaine.
On parle ici d’applications capables de :
- Fonctionner en continu
- Prendre des décisions complexes de manière autonome
- Interagir avec des données off-chain
- Être composable (composées de modules autonomes et non linéaire)
Plus globalement, son objectif est de faciliter, ou plutôt de fournir une base, pour la création d’applications décentralisées (dApps) entièrement autonomes et dotées du meilleur des contrat intelligents (smart contracts).
Pour parvenir à cette automatisation tout aussi complexe que performante, Autonolas utilise une combinaison de systèmes multi-agents off-chain, de mécanismes de consensus uniques ou encore son propre protocole on-chain que nous aborderons plus tard dans l’article.
Introduction aux problèmes que résout Autonolas
Autonolas s’attaque à plusieurs problèmes concernant l’automatisation et des services autonomes, en commençant par l’automatisation limitée par l’humain.
Aujourd’hui, bien que de nombreuses tâches soient automatisées, elles nécessitent tout de même une certaine supervision humaine. Autonolas, de son côté, crée des services vraiment autonomes qui fonctionnent indépendamment, permettant ainsi aux humains de se concentrer sur des tâches plus créatives et stratégiques.
Une autre problématique : la limitation des Smart Contracts. En effet, les smart contracts sur les blockchains traditionnelles, bien que fondamentalement utiles, sont limités par leur incapacité à :
- Effectuer des traitements coûteux en termes de ressources.
- Fonctionner de manière continue sans intervention.
- Accéder aux données externes (off-chain) de manière fiable.
Avec ce genre de limitations, il est difficile de rendre viable la création de services réellement autonomes.
Toutefois, Autonolas résout ces problèmes en permettant aux services autonomes de fonctionner de manière off-chain, tout en utilisant la blockchain pour sécuriser et enregistrer leurs états. Typiquement, c’est une chose que les contrats intelligents habituels ne peuvent pas faire.
Comment fonctionne Autonolas ?
La technologie d’Autonolas repose sur une combinaison de mécanismes pour créer, gérer et sécuriser ses services autonomes décentralisés. :
- Protocole On-chain : ensemble de règles et de contrats intelligents (smart contracts) conçu pour gérer et enregistrer les services autonomes sous forme de NFT.
- Services Agent : services autonomes (existant en tant que code hors chaîne) constitués de multiples agents qui, eux, sont formés via des “composants”, chacun ayant des rôles et des capacités spécifiques.
- Tokenomics : modèle économique qui supporte l’ensemble réseau Autonolas. Ce dernier utilise son propre jeton natif : le $OLAS.
- Gouvernance : système décentralisé fonctionnant en tant que DAO (Decentralized, Autonomous Organization).
Toutefois, ce sont uniquement les grandes lignes du réseau. L’architecture technique d’Autonolas est en réalité bien plus complexe.
Revenons désormais plus en détail sur le fonctionnement technique d’Autonolas (accrochez-vous, le sujet risque d’être très technique, bien que nous tenterons de vulgariser au mieux nos explications) 👇
Comment fonctionnent les services Agents d’Autonolas ?
Commençons par revenir sur le concept même des services autonomes.
Concrètement, un service autonome est un programme qui fonctionne de manière indépendante sans intervention humaine, du moins dans la plupart du temps. Ces services, également appelés « agent services« , sont capables d’exécuter des tâches complexes de manière continue sans la moindre difficulté.
Ces agents collaborent entre eux pour atteindre un objectif commun, comme l’exécution de tâches numériques complexes, tels que l’exécution d’un bot de trading, la gestion d’un portefeuille d’investissements ou encore l’optimisation de rendements sur des protocoles.
Comme évoqué plus haut, les services autonomes d’Autonolas fonctionnent principalement de manière off-chain, ce qui signifie qu’ils exécutent leurs tâches en dehors de la blockchain. Cependant, ils interagissent avec la blockchain pour maintenir l’intégrité des données, et ce, en passant par le protocole on-chain d’Autonolas qui transforme leur code hors chaîne en NFT (plus de détails ultérieurement).
Ce processus rend les applications bien plus transparentes, décentralisées, mais aussi capables d’exécuter du code extrêmement complexe. Par exemple : un agent peut être chargé de surveiller le prix de plusieurs actifs. Dans ce cas, il collecte cette information à partir d’une API externe avant de les transmettre sur la blockchain.
Pour aller encore un peu plus loin, les services autonomes fonctionnent comme des “systèmes multi-agents” (MAS). En résumé, ce sont des systèmes qui permettent à ces agents de travailler ensemble de manière coordonnée et efficace, même dans des environnements où les conditions peuvent changer ou où des décisions doivent être prises en temps réel.
Chaque agent dans un MAS a un rôle spécifique, mais tous partagent l’objectif de maximiser l’efficacité globale du système.
Bien entendu, le réseau Autonolas dispose d’un mécanisme d’incitation conçu pour récompenser les développeurs et opérateurs de services agents qui contribuent à l’écosystème. Ces derniers reçoivent des récompenses en $OLAS, le jeton natif d’Autonolas, afin de les motiver à produire des services de qualité.
Revenons désormais sur le consensus sur lequel se basent les services autonomes, soit la manière dont les agents collaborent entre eux pour obtenir un état (state) du réseau.
Consensus Gadgets : le pilier du fonctionnement des services agents
Pour que les agents puissent prendre des décisions ensemble, Autonolas utilise ce qu’on appelle des mécanismes de “State-minimized Consensus Gadgets” aussi appelés “Consensus Gadgets”. Concrètement, ces “gadgets” aident les agents à se mettre d’accord sur des valeurs ou des actions spécifiques sans avoir besoin d’une blockchain complète pour chaque décision.
Notez que les Consensus Gadgets fonctionnent de manière similaire à de nombreux consensus basés sur le Proof-of-Stake (PoS). En effet, les agents passent par plusieurs tours ou “cycles de consensus”, chaque tour se terminant lorsque certaines conditions sont remplies. Une fois le consensus atteint, l’état (state) est enregistré localement dans le service des agents.
Un autre aspect intéressant : les Consensus Gadgets n’ont pas besoin de conserver en permanence l’historique complet des états mis à jour. Seuls les états pertinents sont convenus et un sous-ensemble de ces états est enregistré sur la chaîne L1/L2 où le service des agents est enregistré. Naturellement, cela réduit les coûts et l’impact énergétique des services d’agents.
Pour le fonctionnement des gadgets de consensus, Autonolas utilise principalement Tendermint, un moteur de consensus “tolérant aux fautes byzantines (BFT)”. Ce moteur est d’ailleurs utilisé par un grand nombre de layers 1 sur le réseau Cosmos.
Pour faire très simple : Tendermint aide à répliquer une application sur plusieurs machines, et ce même si certaines d’entre elles échouent ou agissent de manière malveillante. Pour ce faire, Tendermint utilise une interface du nom de “ABCI”, qui rend justement possible cette réplication.
OPEN-AEA : facilite la création et le déploiement de services Agent
Pour déployer et gérer ces agents, les développeurs utilisent un framework appelé “Open-AEA”. Il faut le voir comme une “boîte à outils” qui comprend tout ce dont les développeurs ont besoin pour construire des agents capables de communiquer entre eux en P2P (Peer-to-Peer), d’interagir avec des blockchains (les agents peuvent lire et écrire des informations sur des blockchains), et d’exécuter des “logiques d’affaires spécifiques” (coder des règles et des actions spécifiques que les agents doivent suivre).
Pour faire simple, développer un agent avec Open-AEA ressemble à construire un robot en assemblant différentes pièces. Ces pièces sont appelées des “composants” ou “composants d’agents” (agent component) qui existe sous forme de code en dehors de la blockchain. Chaque composant a une fonction spécifique.
Par exemple, un composant peut être responsable de la communication, un autre de l’interaction avec une blockchain, et un troisième de la prise de décisions basées sur des règles programmées.
Ces agents (formés via les composants) seront ensuite combinés pour former ces fameux services agent.
Plus globalement, les composants réutilisables utilisés par les développeurs au sein du framework peuvent représenter des :
- Protocoles : définissent comment les agents et leurs composants interagissent entre eux.
- Connexions : permettent aux agents de se connecter à d’autres agents ou à des API externes.
- Contrats : facilitent l’interaction avec les smart contracts sur les blockchains.
- Compétences : capacités spécifiques que les agents peuvent adopter selon les situations.
En général, le développement des agents commence par le regroupement de ces composants (off-chain) sous forme de “packages” (également appelés “Unit”) avant d’être mint sous forme de NFT sur la blockchain.
D’un autre côté, les composants sont extensibles, c’est-à-dire qu’ils peuvent être modifiés ou ajoutés facilement pour répondre à de nouveaux besoins. Par exemple, si un agent doit apprendre une nouvelle compétence, le développeur peut simplement ajouter un nouveau composant de compétence à l’agent.
Vous l’aurez compris, ces composants rendent la création de services agents extrêmement modulables, soit bien plus adaptés à la création de dApps.
Exemple de Développement d’un Agent :
Imaginons que vous voulez créer un agent pour surveiller les prix du Bitcoin et déclencher des alertes lorsque le prix atteint un certain seuil. Vous commenceriez par :
- Créer une Connexion pour permettre à l’agent de se connecter à une API de prix de Bitcoin.
- Développer une Compétence pour vérifier le prix toutes les minutes.
- Ajouter un Protocole pour que l’agent puisse envoyer des alertes à d’autres agents ou utilisateurs lorsque le seuil est atteint.
En combinant ces composants, vous avez un agent capable de surveiller le prix du Bitcoin et de réagir automatiquement en fonction de la logique que vous avez défini.
Si vous vous demandez pourquoi ne pas utiliser directement une blockchain, la réponse est simple : elles peuvent être lourdes et coûteuses pour des décisions rapides et fréquentes. Les gadgets d’Autonolas seront bien plus adaptés à ce genre de tâches.
Autonolas Protocol : transforme en NFT le code des composants off-chain
Un protocole on-chain est un ensemble de règles et de contrats intelligents (smart contracts) déployés sur une blockchain. Sur Autonolas, ces règles permettent de gérer et de sécuriser les services autonomes qui, je le rappelle, fonctionnement initialement en dehors de la blockchain.
Pour comprendre pleinement comment fonctionne le protocole on-chain d’Autonolas, examinons ses principaux composants :
- Composants d’Agent : petits morceaux de code réutilisables qui donnent aux agents leurs capacités spécifiques. Par exemple, un composant pourrait permettre à un agent de communiquer avec une autre blockchain.
- Agent canonique : une configuration qui définit un agent, en combinant plusieurs composants. On peut voir cet agent comme un robot assemblé à partir de différentes pièces.
- Instance d’Agent : une version en fonctionnement d’un agent canonique : c’est un agent en action, qui exécutent les tâches qui lui ont été transmises.
- Service : un groupe d’agents travaillant ensemble pour accomplir une tâche complexe.
Pour que ces services fonctionnent sur la blockchain, Autonolas utilise des ERC721 NFT (tokens non fongibles) pour représenter chaque composant, agent canonique et service autonome. Autrement dit : les NFT représentent le code sous-jacent associé à chaque service / composant. Cela rend ainsi le processus bien plus transparent et sécurisé, étant donné que les NFT agissent comme des certificats numériques uniques.
Pour déployer un agent, les développeurs vont devoir assembler différents composants sous forme de package NFT. Mais avant d’être mint sous forme de NFT, ce package sera publié sous forme de “fichier de métadonnées” contenant toutes les données relatives aux composants.
Ces métadonnées sont également associées à un hachage “IPFS” qui sera justement utilisé pour vérifier les données du package lors du mint.
Cette image illustre très bien le processus de Mint d’un package NFT :
De plus, il faut comprendre que le protocole on-chain d’Autonolas utilise différents types de contrats intelligents pour gérer les services d’agents : les “Core Smart Contracts” et les “Periphery Smart Contract”
Tout d’abord, les Core Smart Contracts sont les contrats principaux qui définissent les règles de base et les structures de données nécessaires pour gérer les agents et les services. Cela inclut des registres pour les composants, les agents et les services.
D’autre part, les Periphery Smart Contracts sont des contrats gérés par la DAO d’Autonolas et qui offrent des fonctionnalités supplémentaires ou facultatives, comme la gestion des récompenses pour les agents ou la facilitation des mises à jour du service.
Enfin, on notera également l’utilisation de la technologie Multisg (Multi-Signatures). En effet, pour s’assurer que les actions entreprises par les agents sont sécurisées et validées, Autonolas utilise des transactions multi-signatures.
C’est comme si plusieurs personnes devaient signer un document avant qu’il ne soit officiel. De même, plusieurs agents doivent approuver une transaction avant qu’elle ne soit exécutée, garantissant ainsi un niveau de sécurité extrêmement élevé.
Autonolas DAO : le poste de contrôle de tout l’écosystème
Autonolas DAO ou “Olas DAO” est une organisation décentralisée qui gouverne et contrôle la gestion des services autonomes au sein du réseau. Les membres (DAO members) de cette DAO représentent tous les détenteurs tokens veOLAS. Nous le verrons dans la prochaine section, mais les veOLAS peuvent être obtenus en stakant des jetons $OLAS.
Naturellement, les membres de la DAO participent activement à la gouvernance. Ces derniers peuvent en effet proposer des idées et voter sur différentes propositions.
Ce système décentralisé assure que la plateforme évolue selon les besoins et les souhaits de ses utilisateurs, et non ceux de quelques personnes.
$OLAS : le jeton natif de l’écosystème Autonolas
Le jeton $OLAS est la monnaie numérique native du réseau Autonolas. Le jeton $OLAS est utilisé pour plusieurs fonctions clés :
- Accès aux services : les $OLAS peuvent être utilisés pour accéder aux principales fonctionnalités du réseau Autonolas.
- Incitations et Récompenses : les jetons $OLAS sont utilisés pour récompenser les acteurs qui participent au bon fonctionnement du protocole. Cela inclut les incitations pour les agents qui effectuent des tâches – ou plus particulièrement les développeurs à l’origine de ces services – ainsi que les utilisateurs qui contribuent à la sécurité via le staking de jeton $OLAS.
- Participation au Gouvernance : les détenteurs de $OLAS qui stakent leur jetons ont également la possibilité de participer à la gouvernance du réseau Autonolas.
On retrouve également le token veOLAS, qui se trouve être le jeton de gouvernance de l’écosystème (plus d’informations dans la précédente section).
Tokenomics du Jeton $OLAS :
$OLAS est ce qu’on appelle un jeton inflationniste. En effet, de nouveaux jetons se créés chaque année, ce qui, en théorie, fera diminuer sa valeur au fil du temps. Voici un graphique qui illustre cette inflation :
Toutefois, la supply de jetons pour les les 10 premières années est plafonné à 1 milliard. Après ces 10 ans, l’inflation annuelle maximale des jetons sera limitée à 2%. Autonolas utilise notamment des mécanismes de “bonding” (processus de staking) et de récompenses pour limiter la création de nouveaux jetons.
Désormais, voici comment les jetons $OLAS sont distribués :
Pour en apprendre davantage sur le modèle économique du réseau Autonolas 👉 cliquez sur ce lien
Comment acheter des jetons $OLAS ?
Le jeton $OLAS se trouve à l’échange sur des plateformes comme Biget, CoinEx ou encore des protocoles décentralisés tels que Uniswap et Jupiter.