Définition :
Les monnaies stables (en anglais : stablecoins) sont des cryptomonnaies dont la valeur ne doit pas varier dans le temps. Dans la plupart des cas, ils représentent des monnaies fiduciaires réelles (comme l’USD ou l’EURO), mais ils peuvent également représenter un autre actif de la finance traditionnelle, par exemple l’or.
Leur valeur est censée rester constamment égale à l’actif qu’ils représentent. Si un stablecoin représente un dollar alors, sa valeur doit toujours être d’un dollar.
Quelle est l’utilité d’un stablecoin en crypto ?
Les stablecoins ont été créés dans le but de résoudre un problème majeur de l’écosystème des cryptomonnaies : la forte volatilité des marchés.
En effet, la fluctuation des cours de certaines cryptos peut être importante. On peut voir par exemple le cours fluctuer de 10 à 20 % en une seule journée.
Il était donc important de trouver une solution pour que les traders puissent sécuriser leur plus-value et leurs gains dans une monnaie stable.
Les stablecoins permettent également de faciliter les transferts et d’éviter des frais. Grâce à eux, il est possible de conserver ses actifs dans l’univers crypto sans repasser par la finance traditionnelle.
Les stablecoins ont aussi une grande utilité dans la finance décentralisée (DeFi). Ils peuvent être placés dans des pools de liquidité afin de générer des rendements ou être mis en garantie pour sécuriser des prêts.
Enfin, certaines institutions financières s’intéressent à ces cryptos, car elles permettraient à terme de faire le lien entre la finance centralisée et l’univers des cryptomonnaies.
Vous trouverez de plus amples informations dans l’article suivant : Blakrock étudie les cryptomonnaies
Les Stablecoins sont devenus l’une des pierres angulaires de l’écosystème crypto. Ils représentent la majorité des volumes de transactions effectuées en trading Spot. Par ailleurs, plusieurs Stablecoins figurent dans le top 10 des plus grosses capitalisations boursières de l’univers crypto.
On peut distinguer trois catégories de Stable : les décentralisés, les centralisés et enfin les algorithmiques.
Les Stablecoins Centralisés en crypto :
Ils fonctionnent de manière centralisée comme une monnaie fiat (USD ou Euro). C’est-à-dire qu’un organisme central gère et contrôle son émission. Cette entité garantit l’émission de ces stablecoins grâce à des réserves de cash qu’elle détient en général sur un compte en banque.
Pour un dollar de stablecoins émis, elle est censée détenir un dollar dans ses comptes.
L’USDT (Tether)
La société Tether, créée en 2014 à Hong Kong est la première à proposer un stablecoin : l’USDT
Ce stablecoin est garanti majoritairement par du dollar, mais il existe certaines interrogations concernant ses quantités réelles de réserves.
En effet, en 2021, Tether avait d’ailleurs payé 61 millions de dollars pour échapper à des poursuites aux USA. En décembre 2021, Tether déclarait que son stablecoin était collatéralisé à 84 % par du cash, des obligations d’états, des titres de créances et des cryptomonnaies.
L’USDT est donc un stablecoin qui est liquide et disponible sur de nombreux exchanges, mais très centralisé et qui manque de transparence.
L’USDC (Circle)
Pour répondre aux problématiques de transparence de l’USDT, la société Circle et la société Coinbase ont créé l’USDC.
Ce stablecoin dispose de soutien important, notamment de Blackrock et des banques de Wall Street. Ses réserves sont composées de cash et de bons du trésor américain.
L’USDC est donc un stablecoin liquide et réputé plus sûr que l’USDT. Toutefois, il est sensible à la régulation.
Le BUSD (Paxos)
Le stablecoin de Binance (première plateforme d’échange en termes de volume) est créé et émis par la société Paxos et Binance. Ce stablecoin réglementé est adossé à de la monnaie fiduciaire et rattaché au dollar américain. Il est réputé encore plus sûr que l’USDC et l’USDT, car ses réserves sont exclusivement constituées de cash.
Le BUSD est un actif très sûr, mais également accepté sur moins de plateformes d’échanges et sensible à la régulation. Paxos contrôle soigneusement la création et la destruction des tokens BUSD. Paxos a également le droit de geler des comptes et retirer des fonds si nécessaire en raison d’une activité illégale. Ces principes sont conformes aux lois bancaires de New York applicable aux Stablecoins.
Le PAXG (Paxos)
Le Pax Gold est un stable coin construit sur Ethereum et qui représente une once d’or par token. Paxos Trust Company est une société centralisée, auditée et régulée par le département financier de l’État de New York (NYDFS). Paxos permet de détenir de l’or sans avoir les contraintes des frais de stockage et avec des frais de transaction peu élevés.
Un autre avantage de PAXG est qu’il permet d’acheter de l’or à partir de 0,01 Oz soit environ $20, ce que beaucoup d’établissements traditionnels ne permettent pas.
Les Stablecoins décentralisés en crypto :
Ils fonctionnent de manière décentralisée à la façon de Bitcoin et Ethereum. C’est-à-dire qu’aucune entité centrale n’interagit sur le processus. Le protocole est géré par des algorithmes et la blockchain.
Ces stablecoins sont garantis par une réserve de cryptomonnaies comme l’Ether. Pour être créé, on collatéralise (on met en garantie) une quantité d’Ether qui permettent de créer des stablecoins. Dans les faits, la quantité de cryptomonnaies mise en garantie est toujours supérieure à la quantité de stablecoins créée.
Par exemple, pour créer $100 Stablecoins, on place $150 Ether en garantie.
Ce ratio permet de maintenir l’équilibre. Dans le cas contraire, le protocole prévoit une liquidation des réserves pour garantir la stabilité.
Le DAI (Maker DAO)
Ce stablecoin décentralisé est l’un des tout premiers à avoir été créé. Il est garanti par des cryptomonnaies qui sont principalement de l’USDC, du Wrapped Bitcoin et de l’Ether.
Le DAI est basé sur la blockchain Ethereum. Grâce à ses collatéraux, le DAI arrive à préserver sa valeur indexée sur le dollar américain.
Le DAI fait preuve de transparence et de qualités techniques avancées, mais il partage les risques de l’USDC (car ses réserves en sont constituées). Ces qualités en font l’une des cryptomonnaies préférées des investisseurs.
jEURO, jCHF(Jarvis)
Jarvis Network est un ensemble de protocoles basés sur les blockchains d’Ethereum et de Polygon qui a pour but de faciliter l’adoption à la finance décentralisée (DeFi). Son premier protocole Synthereum permet de créer des jFIAT : des représentations de monnaies fiat sur la blockchain.
Pour être créé, un jEURO ou un jCHF doit être collatéralisé par de l’USDC. Il faut 125 USDC pour créer 100 dollars de jFIAT. Le seuil de liquidation est lui fixé à 105%.
Avec son protocole, Jarvis Network tente d’améliorer le problème de liquidité des autres stablecoins et de proposer une grande quantité de devises fiat. Néanmoins, son protocole est très dépendant de l’USDC puisqu’il garantit ses tokens jFiat.
Les stablecoins algorithmiques en crypto :
Comme nous l’avons vu, la création de stablecoins décentralisés est possible grâce à la mise en réserve d’une grande quantité de jetons. Or ces réserves sont bloquées et ne peuvent plus être utilisées.
Ces stablecoins proposent une solution à ces blocages. En effet, grâce à un mécanisme complexe basé sur un algorithme, un protocole va agir comme une banque centrale. Il augmentera ou diminuera la quantité de jetons en circulation pour maintenir la stabilité du prix.
Concrètement, quand le cours du stablecoin diminue par rapport à l’actif traditionnel qu’il représente, le protocole réduit l’offre par un mécanisme de burn.
Inversement, quand le cours du stablecoin augmente par rapport à l’actif traditionnel qu’il représente, le protocole augmente l’offre par un mécanisme de mint.
FRAX (Frax.Finance)
FRAX Finance est un protocole algorithmique décentralisé. Basé sur Ethereum, le protocole espère révolutionner l’industrie. Pour fonctionner, le protocole utilise deux jetons : le FRAX (le stablecoins) et le FXS (Le FRAX Share : le token de gouvernance). La stabilité du Frax est garantie par un système de création et de destruction de jetons. Grâce à ce système, le FRAX maintient son équivalence avec le prix du dollar.
L’USTC (Terra Luna)
Attention : le stablecoin UST, devenu depuis USTC n’arrive plus à maintenir son prix de 1 UST = 1 dollar depuis plusieurs semaines à présent, la manque d’actifs en guise de collatéraux et à la peur sur les marchés ont eu raison de ce stablecoin. Il faut croire qu’un actif n’étant pas (sur)collatéralisé par d’autres actifs risque de perdre de sa valeur dans le temps.
L’UST est un stablecoin algorithmique représentant le dollar développé par la blockchain Terra. La valeur d’un UST est maintenue par un mécanisme d’arbitrage qui détruit ou créé des tokens pour maintenir la stabilité.
Son architecture est donc basée sur deux jetons : L’UST qui est une représentation du dollar et le Luna qui permet d’absorber la volatilité.
L’UST était le troisième plus important stablecoin sur le marché, il dépassait le DAI et le BUSD.
Vous trouverez plus d’informations ici : Analyse fondamentale de Terra Luna
Néanmoins, le protocole de Luna a été mis à mal depuis le 7 mai 2022. Un déséquilibrage du protocole a entraîné la chute de l’UST et du Luna. Le PEG (le taux de change fixe) garantissant l’équivalence 1 dollar = 1 UST a été rompue.
Conclusion :
Les stablecoins ont été créés pour répondre à un problème majeur dans l’écosystème des cryptomonnaies : lutter contre une forte volatilité de marché.
On peut désormais en définir trois catégories.
Stablecoin Centralisé | Stablecoin Décentralisé | Stablecoin Algorithmique | |
Collatéral (Garantie) | Monnaie Fiat (USD, Euro) | Cryptomonnaies (Ether, USDC, Bitcoin, autre…) | Algorithmes et Cryptomonnaies |
Risques | Transparence Régulation Centralisée | Instabilité Hacks | Instabilité Cas d’utilisations limités Hacks |
Avantages | Sûreté Disponible sur une grande quantité d’Exchange | Décentralisé Gouvernance | Décentralisée Open-Source Gouvernance |
Si les stablecoins intéressent des institutions et certaines banques de Wall Street, elles sont également dans le viseur de plusieurs régulateurs. Ainsi, la Commission européenne veut encadrer et limiter l’usage de ces coins.
Vous trouverez plus d’informations ici : La Commission européenne veut s’en prendre aux stablecoins
La récente chute de l’UST vient d’être également utilisée par Janet Yellen, la secrétaire du trésor américain pour démontrer les dangers des stablecoins décentralisés.
Vous trouverez plus d’informations ici : Yellen demande une nouvelle législation sur les stablecoins
Certains risques comme la régulation, la centralisation, mais également les piratages informatiques et l’instabilité existent donc sur les stablecoins.
Pour se protéger de ces menaces et limiter son exposition, il paraît donc judicieux de diversifier son portefeuille sur plusieurs de ses actifs.