Web 3.0, Blockchain et Décentralisation : le pouvoir de l’individu

L’Internet du peuple par le peuple et pour le peuple

La technologie (avait) toujours été une histoire de décentralisation […]. Depuis l'imprimerie à l'internet jusqu'au bitcoin, la technologie a le pouvoir de distribuer le pouvoir au plus grand nombre.”

À l’aube du XXIe siècle, l’ère d’internet et la révolution numérique se profilent. Les géants du net s’enracinent dans le paysage politique, économique et social jusqu’à devenir un de nos principaux modes d’interaction et de communications. 

Les GAFA ont concentré un pouvoir [technologique] permettant de défier les États et les citoyens. La centralisation de ce pouvoir a révélé ses tendances anti-démocratiques à travers l’opacité de ces entreprises (données personnelles, sécurité, algorithmes). C’est dans cette monopolisation de la production et de l’innovation numérique que s’est structuré l’internet 2.0. 

Mais une poignée d'avant-gardistes, surnommés les CypherPunks,  entreprennent de longues réflexions et théories basées sur la philosophie crypto-anarchiste. Ce mouvement permet la naissance de la technologie Blockchain et son outil majeur, les cryptomonnaies. 

La technologie Blockchain et les crypto-actifs qui en émergent sont désormais perçus pour les plus conservateurs, comme une gigantesque arnaque, et pour les plus progressistes, une révolution, celle d’internet et des interactions numériques et sociales. 

L’ère numérique et les premiers jours d’internet

L'avènement du numérique marque une nouvelle ère avec le développement croissant des sociétés et des investissements dans les actifs du secteur du numérique. Ces nouveaux actifs financiers ont connu une croissance et ont mis en branle une frénésie boursière qui, entre la fin du XXe siècle et la crise d’internet, a mené à l’éclatement d’une bulle spéculative décrédibilisant et fragilisant ce jeune secteur. 

C’est dans la seconde moitié des années 2000 que les entreprises du numérique lancent le processus de démocratisation d’internet à l’échelle internationale. La transformation et la transition de la société vers l’ère du numérique sont radicales. La naissance des réseaux sociaux va révolutionner l’échange et la communication, le e-commerce impacte les comportements de consommation et la création audiovisuelle connaît un essor majeur grâce à ce nouveau média. La Silicon Valley devient l’incubateur des entreprises d’avenir et les sociétés du numérique démontrent leur potentiel de croissance et d’innovation. 

Les géants du net

C’est l’avènement des GAFA, ces géants du numérique qui détiennent désormais le monopole des plateformes, des applications et des données des utilisateurs. Cette monopolisation du secteur du numérique représente une menace, pour les États, mais aussi pour les citoyens. Les défis politiques et démocratiques que relèvent les affaires Cambridge Analytica et Facebook Files récemment dévoilées démontrent que les soupçons envers cette centralisation du pouvoir numérique entre les mains de quelques acteurs sont légitimes.

La commercialisation des données des utilisateurs démontre que la centralisation place l’utilisateur en tant que produit, il n’est plus qu’utilisateur, mais il est surtout utilisé.  Les opportunités offertes par la blockchain permettent à l’utilisateur d’être acteur de ce réseau, de devenir le fournisseur de ses propres données s’il le souhaite, de sélectionner quelles données il souhaite fournir à quelle société et dans quel intérêt. L’utilisateur devient acteur du réseau.

L’affaire Gamestop, un duel de David contre Goliath contemporain marque un évènement, alors qu’une communauté de traders amateurs issue de Reddit, les  “WallStreetBets”, réussit à contrecarrer les plans des experts de Wall Street. Ils ont transformé cette lutte quasi-fanatique en véritable coup de tonnerre qui a bouleversé le marché boursier et inquiété les observateurs face au pouvoir de “l’individu”. Les institutionnels et les médias traditionnels qui s’inquiètent de “l’ingérence populaire” dans ce milieu fermé de la finance. L’utilisateur-produit devient l’utilisateur-acteur et démontre sa volonté d’action.

La décentralisation, la vraie révolution du XXIe siècle

Le crypto-anarchisme, meilleur allié de la démocratie

La Blockchain est une technologie née pour décentraliser le web et permettre aux utilisateurs de devenir acteurs et gestionnaires d’internet et de ses applications. Son actif, le Bitcoin est la première crypto-monnaie à connaître un réel succès, qui est basé sur la décentralisation de son fonctionnement.

Cette dernière permet l’émergence de nouveaux projets tels qu’Ethereum, la deuxième cryptomonnaie au classement des capitalisations boursières, ainsi que d’autres applications permettant la fondation de ces écosystèmes crypto.  

Cette innovation technologique, que je qualifierai de “révolution”, permet aux institutions centralisées, États, banques et entreprises du numérique, de repenser leurs modèles fondateurs centralisés et de replacer l’utilisateur au centre des décisions et des objectifs. 

L’utilisateur, moteur du Web 3.0

L’utilisateur-produit devient acteur de l’internet 3.0, il finance les projets, il peut participer à l’auto-gouvernance de certaines plateformes telles que les DAO.  Le mineur peut désormais être acteur en minant les cryptomonnaies, ce dernier sécurise les transactions sur la blockchain pour une rémunération, que l’on appelle “Gas Fees”.

Cette décentralisation permet une révolution de la créativité et de l’innovation, des centaines de crypto-actifs émergent, sous forme de crypto-monnaies ou de token.  Les blockchains se concurrencent, elles permettent l’émergence de nouvelles applications qui structurent les blockchains et optimisent leur utilisation ainsi que leur relation : interopérabilité des blockchains. 

Les Cryptomonnaies, un nouvel actif et un nouveau pouvoir

Smart contracts, finance et gouvernance décentralisée

Si la Blockchain et les crypto-actifs représentent une révolution technologique, c’est tout d’abord par leur utilité et la pertinence de leur fonction.  C’est au milieu des années 90 que Nick Szabo a développé le concept de smart contract, qui est similaire à la forme traditionnelle d’un contrat, mais celui-ci est numérisé et son exécution n’est régie par aucun cadre juridique. Les tiers de confiance sont éliminés du processus grâce à la technologie blockchain qui assure la sécurité et l'infalsifiabilité des termes et conditions du contrat.  Voir les cas pratiques d’utilisations des smart contracts

Smart Contracts

Les smart contracts et la DeFi

La DeFi, la finance décentralisée, est une révolution économique qui bouleverse le paradigme traditionnel selon lequel la finance est réservée aux institutions et aux professions spécialisées. 

La DeFi permet aux utilisateurs, avec un simple smartphone ou un ordinateur, d’établir une demande d’emprunt ou d’épargne auprès des services proposés sur la blockchain.  Aujourd’hui, de simples particuliers ont la capacité de devenir une nouvelle forme d’institution bancaire, la “banque décentralisée”. Le système bancaire est une institution populaire en occident, mais dans de nombreuses régions du monde, elles n’atteignent pas toutes les strates de la société et entrave leur développement. 

Ethereum 
ETH
$ETH
DeFi

DeFi

Imaginez donc les possibilités que cela permettrait à des États tels qu’en Afrique, où la faillite des banques à remplir leur fonction est indéniable, la DeFi pourrait permettre de réelles opportunités de croissance et de développement dans ces régions Le phénomène des Play-to-Earn, basé sur la technologie NFT, connaît un grand succès en Asie du sud-est en particulier, les potentialités de développement pourraient permettre aux pays les moins développés de bénéficier de la décentralisation et s’émanciper. 

Les crypto-monnaies, une nouvelle classe d’actif

Les cryptomonnaies sont à ce jour considérées comme un actif financier, des projets d’ETF sont à l’œuvre et de nombreux fonds institutionnels s’intéressent à la technologie et investissent dans ces actifs, allant des cryptomonnaies aux NFT. Comme le démontre l’acquisition du CryptoPunk #7610 pour la somme de 141 000 euros, par VISA le géant spécialisé dans les technologies de paiement.  La différence que je ferais avec la bulle internet est la force décentralisatrice et la présence des particuliers et amateurs sur le marché crypto, contrairement à celui  d’internet qui ne concernait que le marché boursier traditionnel.

La Galaxie Crypto, adoption et transition

L’essor de l'économie crypto, la pyramide inversé

Si les crypto-monnaies ont dans un premier temps, comme toute révolution, suscité la crainte et le rejet,  ces dernières se sont avérées être un réel outil de réappropriation de fonctions essentielles à la société.  Le principal contre-pouvoir au pouvoir politique est économique, la décentralisation technologique permettra aux citoyens de proposer ou même de mettre en œuvre des projets de décentralisation politique à partir de ces technologies. Puisque les cryptomonnaies et la blockchain sont fondées sur les idéaux anarcho-capitalistes, le monde libéral traditionnel se voit confronter à un nouvel acteur, l’individu. 

La révolution que cela représente réside dans sa gouvernance et son processus décisionnel en pyramide inversée. Les utilisateurs du système traditionnel ne se situaient qu’à la fin de la pyramide, il revient désormais à la décentralisation de le placer au centre du projet, et en amont des décisions.  En prenant  l’exemple de l’appropriation et la commercialisation des données, dans laquelle l’utilisateur n’est que le produit, il revient à ces derniers de se réapproprier leur identité numérique.  Cette technologie démontre que l’application technique et pratique de la blockchain démontre son potentiel innovateur pour les secteurs industriels.

La popularisation et la démocratisation du système crypto

Si la popularisation des crypto-actifs et de leur écosystème est progressive, l’intérêt financier reste le premier moteur d’investissement des particuliers.  Désormais certains États envisagent son adoption en tant que monnaie légale, Le Salvador est devenu le premier pays à accepter le Bitcoin en tant que monnaie légale, à la décision de son président Nayib Bukele.

Cette décision est cependant critiquée du point de vue de sa méthode d’instauration, une forme autoritaire contraire aux principes de cette technologie selon Vitalik Buterin qui l’a exprimé sur Reddit : « Rendre obligatoire l’acceptation d’une crypto-monnaie spécifique pour les entreprises est contraire aux idéaux de liberté qui sont censés être si importants pour l’espace crypto […] ».

Or la problématique principale de la technologie blockchain, dans sa perspective d’utilisation planétaire, réside dans sa scalabilité. La scalabilité est la capacité d’un réseau à supporter un grand nombre de transactions, et d’éviter une saturation. Or on remarque avec le réseau Ethereum que cette difficulté peut entraver le développement et l’adoption d’une blockchain et de son actif.

Enfin, l’écosystème crypto et sa démocratisation se structurent à travers des influenceurs de l’écosystème crypto. Le plus sulfureux est Elon Musk, promoteur du Dogecoin, des cryptos et de leur technologie. La passion de ce dernier pour l’écosystème crypto n’est pas étonnante quand on sait qu’il est membre de la “Mafia PayPal”.

La technologie Blockchain et les crypto-monnaies représentent une innovation qui s’apprête à révolutionner le système traditionnel, cela impactera la politique, l’économie et les interactions sociales. Chaque secteur de l’industrie pourra tirer son bénéfice de la blockchain et chaque individu peut devenir un acteur indispensable au réseau. Les utilisateurs l'alimentent, les mineurs le protègent, les développeurs l'innovent.

“BITCOIN FERA AUX BANQUES CE QUE LE COURRIER ÉLECTRONIQUE A FAIT AU SECTEUR POSTAL” Rickard Falkvinge, Président du Parti pirate suédois

Sources