Qu’est-ce que l’Anti-Money Laundering (AML) dans l’univers des crypto monnaies

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Le terme Anti-Money Laundering (AML) signifie en français : lutte contre le blanchiment d’argent. Cette notion est particulièrement intéressante dans le domaine des crypto monnaies, car celle-ci a pour réputation d’être un eldorado pour le blanchiment d’argent.

Alors la crypto monnaie est-elle vraiment machine à laver l’argent sale ? Que font les plateformes et les autorités pour lutter contre ? On vous dit tout dans cet article.

La crypto monnaie est-elle faite pour blanchiment l’argent ?

Depuis toujours, la crypto monnaie a été liée au blanchiment d’argent et à l’achat de produits illicites. Ce mythe s’est créé de par l’utilisation massive des crypto monnaies sur le dark web. Cependant, qu’en est-il réellement, car la crypto semble au contraire une bonne élève en termes de traçabilité.

Voyons cela en quelques chiffres :

  • Monnaie : John Francis Morrissey, leader de l’un des principaux gangs d’Europe, est accusé d’avoir blanchi plus de 200 M d’euros. Il a été arrêté par la police le jeudi 15 septembre 2022. Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. La Cour des comptes européenne estime un blanchiment de plusieurs milliards d’euros chaque année. Ce blanchiment apparait dans de nombreux domaines différents. En effet, il apparait par exemple l’achat de biens au comptant, l’abus de bien social, les sociétés-écrans…
  • Crypto monnaie : D’après plusieurs analyses et études sur le sujet, il y aurait en moyenne 6,6 milliards d’euros blanchis chaque année grâce aux crypto monnaies. Le blanchiment est concentré à plus de 90% dans le seul domaine de la finance décentralisé qui n’impose pas de vérification d’identité (KYC)
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Imaginez-vous maintenant prendre un billet dans votre portefeuille, pouvez-vous me dire d’où vient ce billet, me décrire son parcours et les endroits par lesquels il est passé ? Dans combien de portefeuilles a-t-il été ? La réponse est non. Vous pourrez seulement savoir d’où vous le détenez, s’il s’agit d’un retrait au distributeur ou de la monnaie d’un achat.

À présent, prenons le même exemple avec un Bitcoin. Toutes les transactions sont publiques, traçables et conservées de façon permanente sur le réseau Bitcoin. Toute personne peut consulter le solde et les transactions de n’importe quelle adresse. Ceci nous permet de remonter à la création du tout premier bloc et donc des premiers BTC minés.

La crypto monnaie est-elle infaillible dans le cadre du blanchiment

Ce système n’est cependant pas infaillible. Le Bitcoin se voulant décentralisé, de nombreux portefeuilles sont pseudonymes, ce qui ne permet pas de savoir qui se cache derrière telle ou telle adresse réseau. Néanmoins, étant donné que les utilisateurs doivent habituellement révéler leur identité afin de recevoir des biens ou des services, les adresses Bitcoin ne peuvent pas demeurer entièrement anonymes.

Des systèmes peuvent malheureusement permettre le blanchiment d’argent en anonymisant des transactions. Ces systèmes sont très utilisés dans la finance décentralisée. Ce sont des mixeurs comme Tornado Cash qui ne laissent aucune trace lors d’un transfert de cryptomonnaies. C’est un mixeur ou les fonds de plusieurs personnes sont mélangés puis redonnés sans pouvoir établir par la suite des liens entre l’adresse déposant les fonds et celle qui les reçoit.

D’autres méthodes de blanchiment existent, mais sont beaucoup moins utilisées telles que les fausses déclarations d’impôt, les sociétés-écrans etc.

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Que font les plateformes pour lutter contre le blanchiment d’argent

Les plateformes jouent un rôle de plus en plus important dans la lutte contre le blanchiment d’argent. Leur but est d’apparaitre fiables et sûrs pour les régulateurs (et les utilisateurs) via la mise en place de nombreuses méthodes :

  • Surveille les adresses suspectes : Dès lors que le hack d’une plateforme ou d’un bridge a lieu, les plateformes se mettent à suivre et à surveiller l’adresse ou les adresses sur lesquelles les fonds ont été transférés dans le but d'empêcher le blanchiment des fonds. Cette surveillance peut parfois durer plusieurs années dans l’attente du déplacement ou de l’utilisation de ces fonds
  • Gel des adresses : Sur les plateformes, dès lors qu’une adresse réalise des transactions qui semblent suspectes ou provenant d’autres adresses suspectes, ces transactions sont vérifiées. Si elles apparaissent bien comme suspectes, les adresses émettrices et réceptrices sont immédiatement gelées le temps d’une enquête plus approfondie
  • Gel des fonds : Récemment, Curve Finance a été piraté à hauteur de 570 000 dollars, mais c’est sans compter sur la plateforme Binance et son fondateur Changpeng Zhao qui a annoncé quelques jours plus tard qu’une grande partie des fonds avait été repérée et transférée de différentes façons sur sa plateforme. Celle-ci a alors procédé à un gèle direct des fonds, empêchant le pirate de les déplacer et de les utiliser. Cet exemple parmi tant d’autres montre la force et la conviction des plateformes à lutter contre l’image et les stéréotypes concernant les crypto monnaies et la facilité à les blanchir
  • Récupération des fonds : Pour reprendre l’exemple de Curve Finance ci-dessus, les fonds bloqués, représentant environ 83% du hack ont directement été restitués. Ce travail permet une réelle collaboration des plateformes pour lutter de manière commune contre le blanchiment
  • Transmissions des informations aux autorités compétentes : Un travail de coopération et de transmission d’informations visant à sanctionner les personnes essayant ou ayant blanchi des fonds est mis en place. Ce système repose sur la communication interservices et la confiance mutuelle entre les plateformes et les autorités
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Que font les autorités pour lutter contre le blanchiment d’argent

Les plateformes ne sont pas les seules à lutter contre le blanchiment d’argent. Les autorités ont elles aussi un rôle important à jouer. Pour cela, tout comme les plateformes, elles mettent en place de nombreuses méthodes :

  • Collaboration avec les plateformes : C’est le premier point, mais aussi un de ceux qui semblent le plus importants. Les autorités prennent au sérieux les déclarations et le travail réalisé en amont par les plateformes. Cette collaboration permet de tisser une confiance et de se partager des informations et des contenus sensibles
  • Mise en place de cellule d’enquête spécialisée : Il en existe plusieurs selon les différents corps comme ComCyberGend pour la gendarmerie, ou encore la cellule de lutte contre la cybercriminalité et l’Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication (OCLCTIC) pour la police. Ces cellules forment de plus en plus de personnes afin de lutter contre les fraudes et les blanchiments liés à la blockchain
  • Lutte contre les mixeurs : Vu plus haut dans cet article, les mixeurs sont souvent le moyen le plus rapide et le plus simple de blanchir ses cryptos. Les autorités tentent donc de les interdire et de punir les personnes les utilisant. Ce procédé s’avère extrêmement compliqué tant sur l’aspect démagogique que technique. Un exemple montrant cette difficulté et l’affaire Tornado cash
  • Adaptation des lois au domaine des cryptos : L’article 324-2 du Code pénal régit les sanctions liées au blanchiment d’argent. Celui-ci depuis 2020 concerne également le blanchiment de crypto actifs ayant pour but la dissuasion et la fermeté
  • Mise en place de projets de loi : Ces projets visent à renforcer la traçabilité des transactions. Ils obligent certains renseignements concernant les sources et les bénéficiaires pour tous les transferts de crypto actifs
  • Sanction : De nombreux procès sont en cours concernant des affaires de blanchiment de crypto monnaies. Les délinquants s’exposent à une peine de dix ans d'emprisonnement et de 750 000 euros d’amende avec l’obligation de restituer tous les fonds
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Conclusion

Le blanchiment semble de plus en plus présent dans le monde des crypto monnaies. Nous constatons une hausse de plus de 30% sur les 2 dernières années. Cependant, les plateformes et les autorités paraissent de plus en plus déterminées à surveiller et à punir les délinquants afin de pérenniser l’écosystème. La difficulté repose sur les fondamentaux de la blockchain qui se veut décentralisée.