- Do Kwon, ex-PDG de Terraform Labs, devrait plaider coupable aux États-Unis dans l’affaire de l’effondrement de l’écosystème Terra, trois ans après les faits, ce qui pourrait accélérer la clôture du procès.
- L’effondrement de TerraUSD (UST) et de son jeton associé Luna en mai 2022 a provoqué plus de 40 milliards de dollars de pertes, déclenchant l’un des pires marchés baissiers de la décennie.
- En cas de procès, Do Kown risque plus de 100 ans de prison. Les détails de son accord de plaidoyer n’ont pas été divulgués, mais il pourrait écoper d’une peine de quelques années.
Do Kwon s’apprête à plaider coupable
Trois ans après l’effondrement de l’écosystème Terra, Do Kwon, cofondateur et ex-PDG de Terraform Labs, pourrait changer radicalement de stratégie judiciaire. Selon un document déposé lundi au tribunal fédéral du district sud de New York, le juge Paul Engelmayer a été informé que l’accusé “pourrait modifier son plaidoyer” et doit être prêt à livrer un récit complet des faits constituant les infractions reconnues.
Une conférence est programmée sous peu pour discuter de ce changement, marquant potentiellement un tournant décisif dans l’une des affaires les plus retentissantes de l’histoire des cryptomonnaies.
Du “Bitcoin Killer” à la chute libre
En mars 2023, Do Kwon avait été inculpé d’une série d’infractions graves : fraude en bande organisée, fraude sur matières premières, fraude électronique, fraude sur titres financiers, manipulation de marché et blanchiment d’argent.
Toutes ces accusations découlent de son rôle central dans Terra USD (UST), un stablecoin algorithmique présenté à l’époque comme une révolution face au dollar numérique… avant de s’effondrer brutalement en mai 2022.
En quelques jours, la mécanique censée maintenir l’UST à 1 dollar s’est brisée. La chute en cascade du jeton Luna, utilisé comme contrepartie pour stabiliser l’UST, a anéanti plus de 40 milliards de dollars de valeur, emportant avec lui des milliers d’investisseurs, de fonds crypto et même certaines entreprises du secteur.
Pour beaucoup, cet événement reste le point de départ de l’un des pires marchés baissiers de la décennie.
Le système Terra : promesse et désillusion
Contrairement aux stablecoins adossés à des réserves réelles, UST utilisait un mécanisme algorithmique : si le prix chutait sous 1 dollar, du Luna était brûlé pour réduire l’offre et faire remonter la valeur, et inversement.
Sur le papier, une innovation élégante. Dans la réalité, un château de cartes vulnérable aux crises de liquidité.
L’effondrement a révélé la dépendance totale de l’écosystème à la confiance des investisseurs et à la stabilité des marchés, mais aussi et surtout, les liens dangereux entre tous les acteurs de l’univers crypto. Une fois la panique enclenchée, aucune intervention ne pouvait enrayer la spirale, provoquant la chute de nombreux géants.
Vers un plaidoyer coupable : un signal fort pour l’industrie
Do Kwon avait plaidé non coupable en janvier 2025, misant sur un procès prévu début 2026. Mais ce changement de cap, s’il se confirme ce mardi, pourrait clore la procédure beaucoup plus tôt.
Dans un contexte où la régulation mondiale se durcit, entre MiCA en Europe, le renforcement des contrôles aux États-Unis et les restrictions en Asie, l’affaire Terra pourrait devenir un cas d’école pour les régulateurs.
Et maintenant ?
Si Do Kwon plaide coupable, il pourrait négocier une peine réduite de 120 ans à quelques années en échange d’aveux complets. Mais l’impact de cette décision dépasse largement son sort personnel : les victimes espèrent des compensations, les régulateurs y verront une victoire, et l’industrie crypto devra encore travailler longtemps pour effacer la cicatrice laissée par Terra.
D’un écosystème valorisé à plusieurs dizaines de milliards à une débâcle mondiale, le parcours de Terra restera une leçon amère : en crypto, la confiance se construit… et s’effondre à une vitesse éclair.