Dernière modification effectuée le 24.09.2023 18:08
Tout au long de l'année 2021, de plus en plus d'investisseurs institutionnels ont sauté le pas de la crypto, face à l'essor de la DeFi et à la croissance du prix des crypto monnaies en générales. En parallèle, l'écosystème DeFi commence doucement à se transformer pour accueillir cette nouvelle classe d'investisseurs. De part et d'autre de l'équation, les enjeux sont de taille.
Investisseurs institutionnels et crypto monnaies
Pas de Bitcoin pour les institutions
Les crypto monnaies ont vu le jour dans les premières échappées de l'année 2009, avec la création du premier bloc de la blockchain Bitcoin (BTC). Au fil des ans, Bitcoin et les autres crypto monnaies sont devenus une classe d'investissement à part entière.
Pendant de longues années, les crypto monnaies ont été des actifs délaissés par les investisseurs institutionnels. De surcroit, bon nombre d'institutions avaient engagé une guerre féroce contre Bitcoin et ses acolytes. Les qualifiants successivement de bulle voire d'arnaque.
Cependant, face à la croissance du cours de la plupart des crypto monnaies, les institutions n'ont eu d'autre choix que de reconnaitre leur valeur. Ainsi, depuis 2 à 3 ans, nous sommes témoin de nombreux changements de position venant de leur part.
Par exemple, la banque JP Morgan a longtemps été contre le Bitcoin. Cependant, au début de l'année 2021, celle-ci n'a eu d'autre choix que d'avouer que “Bitcoin était là pour rester”.
Une situation qui a continué d'évoluer au cours de l'année, avec le lancement de produits Bitcoin chez JP Morgan et Wells Fargo.
Nous pouvons également citer le cas de l'entreprise MicroStrategy, qui a enchainé les achats de BTC dans le but de diversifier sa trésorerie.
2021 : l'année du changement
Comme nous venons de l'aborder, 2021 a été bien différente des autres années du point de vue des investisseurs institutionnels.
Ainsi, les montants investis par VC (capital de risque) ont été triplés en 2021 par rapport à 2020. Celui-ci est passé d'environ 5 milliards à plus de 17 milliards de dollars en l'espace d'un an.
Par ailleurs, ces chiffres se retrouvent également dans les activités on-chain. Le rapport publié au mois d'octobre par Chainalysis, l'entreprise spécialisée dans l'analyse de blockchain, le montre bien.
En effet, la part du volume généré par les institutions a également explosé entre 2020 et 2021. Ainsi, les institutions étaient à l'origine de 5% du volume de transactions au troisième trimestre de 2020. Celles-ci représentaient plus de 40% au cours du deuxième trimestre de 2021.
Ces chiffres ont été obtenus par Chainalysis en identifiant un schéma de transaction spécifique, prenant en compte la taille du portefeuille et le type d'actions réalisées.
La DeFi se plie en 4 pour les institutions
Évidemment, l'écosystème de la finance décentralisée (DeFi) n'a pas été laissé pour compte. Vis-à-vis de la croissance qu'a connue l'écosystème sur Ethereum (ETH) et d'autres chaines, il ne pouvait être ignoré des institutions.
Ces dernières souhaitent obtenir une part du rendement promis par les applications de lending et autres yield farming.
La tendance y semble même plus impressionnante. En effet, le volume provenant des institutions est passé de 5% à plus de 60% du volume total de transactions entre le troisième trimestre de 2020 et le deuxième trimestre de 2021.
Ce phénomène est tel que les protocoles DeFi cherchent désormais des manières d'impliquer les institutions en leur proposant des offres sur mesure. De fait, les institutions sont soumises à d'importantes régulations, ne leur permettant pas toujours de participer aux marchés ouverts de la DeFi. Par conséquent, les projets DeFi n'ont aucun autre choix que de se mettre au niveau des exigences règlementaires.
Le cas de Aave Arc
Pour pallier ce problème règlementaire et juridique, de nombreux protocoles de la finance décentralisée (DeFi) créés des services dédiés aux institutions. C'est notamment le cas du projet Aave, qui a annoncé au mois de novembre le lancement de son service Aave Arc.
En pratique, Aave Arc est une série de pool dédiées aux investisseurs institutionnels. Celles-ci disposent de procédures de vérification de l'identité (KYC) ainsi que de lutte contre le blanchiment d'argent (AML).
Aave Arc fournit un marché Aave isolé et un environnement “sandbox” permettant aux institutions d'expérimenter la puissance de DeFi : transparence, gouvernance décentralisée, innovation rapide, exécution automatisée basée sur des contrats intelligents, liquidité et programmabilité.
explique l'annonce officielle.
La vérification des investisseurs sera quant à elle faite par des fournisseurs de services tiers. L'entreprise Fireblocks étant le candidat le plus probable actuellement.
Le cas de 1Inch
Plus récemment, au début du mois de décembre c'était au tour de l'agrégateur de DEX 1Inch de faire des déclarations dans le sens d'une démocratisation des institutions dans la crypto.
Ainsi, l'entreprise derrière la plateforme d'échange a clôturé une ronde de financement à 175 millions de dollars. À cette occasion, l'entreprise a dévoilé qu'elle allouerait une grande partie des fonds pour l'accueil des institutions.
Dans un premier temps, l'entreprise souhaite obtenir une licence pour opérer en Europe et offrir un service aux investisseurs traditionnels.
Dans un second temps, elle aimerait développer 1Inch Pro, un service similaire à Aave Arc, proposant des pools dédiées aux institutions. Une fois de plus, celles-ci disposeront de vérifications KYC et AML. Cependant, aucune date n'a été annoncée pour le moment.
Que nous réservera 2022 ?
En considérant le phénomène rencontré en 2021, il y a fort à parier que celui-ci se poursuive en 2022. Les enjeux sont de tailles pour les institutions, dont bon nombre, ne sont entrés que tardivement sur le marché.
En effet, de plus en plus d'importants investisseurs ont la volonté de s'exposer au Bitcoin et à d'autres cryptos telles qu'Ethereum.
Également, la possibilité d'une fin de bull market pourrait attirer d'autant plus d'investisseurs traditionnels, ces derniers souhaitant comme tout à chacun préparer des bags pour le bull run suivant.
Enfin, cette démocratisation des institutions pourrait bien être bouleversée par le risque inhérent aux applications décentralisées. En effet, le risque de hack n'est jamais nul dans l'écosystème crypto et les produits spécialisés lancés par les projets DeFi ne sont pas à l'abris des hacks.
Ces questions resteront en suspend jusqu'à l'année prochaine, quand l'heure d'un nouveau bilan sera venue.