Dans l’univers ultra compétitif des layers 1, tout est sujet à l’arbitrage. Ethereum décide de troquer sa scalabilité pour un réseau fiable et décentralisé. Le projet Solana se déleste d’un peu de décentralisation et de sécurité pour fortement gagner en scalabilité.
En effet, les projets innovent tous de près ou de loin en se plaçant à différents endroits du fameux trilemme de la blockchain. Peu de projets, cependant, tentent de reconsidérer la notion même de blockchain. Le réseau Hedera est un exemple de ceux qui le font.
Qu’est-ce qu’HEDERA ? (HBAR)
En 2015, Leemon Baird et Mance Harmon s’associent pour créer la société Swirlds. De cette entreprise est née l’entité Hedera.
Hedera (HBAR) n’est pas réellement une blockchain. Le réseau fonctionne sur un registre distribué fait maison de type « graphe orienté acyclique » ou DAG s’appelant Hashgraph. Cette technologie, basée ici sur un mécanisme de consensus en Proof of Stake, assure un débit élevé, un ordonnancement sans faille et un consensus à faible latence pour les transactions menées sur le réseau. Davantage orienté vers les entreprises (B2B), le projet cherche à s’étendre vers les particuliers.
Le réseau est régi par 31 organisations mondiales qui forment ensemble le Hedera Council (Conseil Hedera). C’est cet organisme qui gouverne les évolutions sur le réseau via le Hedera Improvement Proposals (HIP). Seuls les nœuds approuvés par le conseil peuvent participer à la détermination de l’historique des transactions, ce qui rend le projet très centralisé. Le fonctionnement d’Hedera n’est donc pas permissionless mais le code qui régit son consensus est bien open source. Au fur et à mesure de son développement, Hedera vise cependant à établir un réseau décentralisé offrant des capacités et une évolutivité dépassant celles des technologies blockchain traditionnelles.
Le réseau Hedera utilise une version optimisée du client EVM appelé BESU pour ses contrats intelligents (Hedera Smart Contract Service), ainsi qu’un service de tokenisation natif (Hedera Token Service). Ces services sont connus sous le nom de Hedera Network Services et permettent aux développeurs de créer des applications décentralisées (dApps) facilement.
La combinaison des services d’Hedera ainsi que ses transactions rapides et peu onéreuses font du réseau une solution plus qu’intéressante pour beaucoup d’applications, notamment pour la finance décentralisée (DeFi).
Sur le site Chainspect, il est possible de voir que, sur les 30 derniers jours, Hedera figure en première place du nombre de transactions par secondes enregistrées.
Le consensus du Hashgraph
Comme mentionné dans le chapitre précédent, Hedera ne repose pas sur une technologie Blockchain mais sur un Graphe Orienté Acyclique, appelé Hashgraph. Voici le fonctionnement de son consensus :
Sur le réseau HBAR, lorsque des transactions sont effectuées, elles sont envoyées vers un ou plusieurs nœuds aléatoires. Ce système est répété plusieurs fois jusqu’à ce que l’intégralité du réseau dispose de l’information de la transaction.
Admettons qu’Alice veuille envoyer une transaction à son ami Hank.
Dans l’illustration suivante, l’information de transaction est envoyée aléatoirement à Ellen.
Toujours aléatoirement, les deux membres du réseau ayant l’information l’enverront aléatoirement à d’autres. Et ainsi de suite. De cette manière, si un seul membre prend connaissance d’une information, celle-ci se répandra de façon exponentielle, jusqu’à ce que tous les membres en soient informés.
La synchronisation des informations de transaction entre deux participants du réseau par le biais du protocole Gossip est appelée la Gossip Synchronisation. Cet évènement est stocké sous la forme d’un bloc composé d’un horodatage, d’un tableau du nombres de transactions, du hachage des différents évènements parents et d’une signature cryptographique.
Ce système est extrêmement sûr, car si l’un des participants cesse de transférer le message aux autres participants du réseau, celui-ci sera toujours transmis par d’autres. Et ce, à une vitesse exponentielle.
Admettons qu’en plus du message d’Alice, Bob et Carol envoient aussi leurs messages, respectivement en bleu et vert. Un problème vient se poser. Comment savoir à quel moment la transaction sera connue par tout le monde au sein du réseau ? Comment le réseau parviendra-t-il à un consensus sur l’heure d’arrivée des messages et ordonnera les transactions ?
Le consensus traque le moment où chaque intervenant sur le réseau à reçu un message en ordonnant leurs heures de réception et en sélectionnant la valeur médiane. Ainsi, nous obtenons l’heure exacte à laquelle la majorité du réseau connaît l’information et pouvons avoir un ordonnancement fiable de la chaîne.
Grâce aux nombreux échanges, il est possible de retracer sous forme d’un graphe orienté acyclique, chacune des transactions de la chaîne. C’est l’étape finale de ce protocole, ce qu’Hedera appelle le Gossip about Gossip.
Au lieu de n’envoyer qu’une seule transaction pour un événement donné, les différents nœuds pourront transmettre le graphe complet. Ainsi, le destinataire disposera toujours de l’information la plus complète, y compris l’ordre des messages et l’horodatage. Tous les participants au réseau conserveront une copie locale du diagramme complet.
Le Virtual Voting
Nous avons vu grâce au Gossip about Gossip que chaque membre possède une copie complète du réseau. Chaque membre peut donc maintenant parvenir à un accord byzantin sur n’importe quel nombre de décisions, sans qu’aucun vote ne soit jamais envoyé. Le diagramme de hachage (Hashgraph) suffit à lui seul. Il n’y a donc pas de bande passante utilisée, au-delà de la simple transmission du hashgraph.
Plutôt que de voter sur l’ordre correct des transactions, chaque nœud sait déjà ce que savent tous les autres nœuds. Cela signifie qu’avec une certitude de 100 %, chaque nœud peut prédire comment les autres nœuds auraient voté si un vote devait avoir lieu. Il n’est donc pas nécessaire de procéder à un vote réel, ce qui permet au réseau d’économiser du temps et des ressources informatiques.
Cet aspect du consensus, lié à son mécanisme de Proof of Stake, rend HEDERA faiblement consommateur d’énergie.
L’écosystème Hedera
Outre le Conseil Hedera dont nous parlerons dans la rubrique suivante, l’écosystème Hedera attire chaque année davantage de builders. Certaines applications décentralisées ont déjà trouvé leurs publics. Parmi elles :
- SaucerSwap : un DEX natif sur Hedera avec une architecture AMM.
- Stader : le seul protocole de liquid staking actuel sur le réseau.
- DaVinciGraph : un service de token management.
- Dropper : une plateforme d’échange de NFT et de lancement de projets gaming.
La TVL étant une métrique importante chez un projet de Layer 1, celle d’Hedera est d’environ 100 millions de dollars, représentant la 29ème blockchain ayant le plus de fonds bloqués sur son réseau.
Le conseil Hedera
Le conseil d’administration du réseau Hedera est actuellement composé de 31 organisations et grandes entreprises multinationales.
Les membres s’engagent à régir les évolutions logicielles, apporter stabilité, pérennité et décentralisation au réseau. Le pouvoir de vote est réparti de façon équitable entre les membres du conseil, chacun ayant exactement le même pourcentage de vote.
Les secteurs d’activités des entreprises membres sont très variés : de l’aéronautique à l’informatique, en passant par les télécommunications ou l’énergie. Les places du conseil sont réservées pour 3 ans, renouvelable une fois. Les membres ont aussi l’obligation d’héberger un nœud du réseau.
Parmi les membres actuels du conseil, nous pouvons citer de très grosses entités, notamment Google, IBM, TATA, EDF, Boeing ou encore ChainLink.
Utilité du token Hedera (HBAR)
Le token HBAR a deux principales utilités au sein du réseau Hedera Hashgraph :
- Frais de réseau et de transaction : les tokens HBAR sont utilisés pour financer les frais de transaction et pour compenser les nœuds pour la puissance informatique et la bande passante utilisées.
- Gouvernance : les tokens HBAR sont utilisés pour sécuriser l’algorithme de preuve d’enjeu (proof-of-stake) et pour les votes sur les transactions lors de l’obtention du consensus.
Plus précisément, le réseau Hedera Hashgraph utilise un mécanisme de consensus unique de type preuve d’enjeu (PoS), où un conseil d’administration rotatif composé de dizaines d’organisations issues de 11 secteurs d’activité gère la gouvernance du réseau. Les tokens HBAR permettent de sécuriser ce processus de gouvernance.
Tokenomics du token Hedera (HBAR) et vesting
Le réseau Hedera dispose d’une réserve totale de 50 milliards de jetons HBAR. Ceux-ci ont été mintés au Genesis block et transférés en partie dans la trésorerie Hedera le 24 août 2018.
La supply maximale du jeton peut être augmentée au-delà de la supply maximale mais le conseil doit donner son accord à l’unanimité. Environ 71% de l’offre totale de HBAR est actuellement en circulation soit 35,7 milliards de jetons.
Une vue d’ensemble de la planification de libération de HBAR et de l’historique de financement de Hedera peut être consultée dans son rapport de gestion de la trésorerie.
L’allocation de token est relativement semblable aux projets de layers 1 étant sortis sur la même période.
Il est important de prendre en considération que, via la part accordée aux fondateurs ainsi qu’à la société Swirlds, 11 milliards de HBAR sont entre les mains des fondateurs (6,9 + 3,98 milliards de jetons, soit 22% de la supply totale).
Avec plus de 250 millions de dollars levés, Hedera se targue d’avoir attiré énormément de fonds auprès des institutionnels avec des chiffres semblables à d’autres gros projets comme Avalanche, XRP ou Starknet.
Comment acheter du HBAR ?
Le token HBAR est listé sur de nombreux exchanges centralisés (CEX) comme Binance ou BitPanda.
Si vous préférez leurs alternatives décentralisées (DEX – Decentralized Exchanges), dYdX est le leader du marché et bénéficie de frais très avantageux.👉 Inscrivez-vous sur dYdX
Conclusion
Dans l’univers très compétitif des layers 1, Hedera apporte, comme IOTA, une solution innovante avec l’utilisation du protocole Hashgraph, basé non pas sur une blockchain mais sur un graphe acyclique orienté.
Sacrifiant volontairement de la décentralisation pour permettre une adoption simplifiée par les grandes entreprises, le projet Hedera plaît aux institutionnels. Son écosystème en constante expansion, ses améliorations techniques et l’engagement soutenu du Conseil Hedera légitiment l’existence de ce projet dans les plus hautes capitalisations de l’écosystème.
Il faudra cependant veiller à ce que l’objectif futur de décentralisation ne fasse pas fuir les membres du conseil, qui assurent actuellement la stabilité de l’écosystème.
Pour aller plus loin
📄 Whitepapers Hedera : https://hedera.com/papers
💸 CryptoRank Hedera (HBAR) : https://cryptorank.io/price/hedera-hashgraph
📺 Le consensus Hashgraph expliqué
🔗 Analyse fondamentale IOTA : https://coinacademy.fr/iota-miota-fondamental/