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Dernière modification effectuée le 15.09.2023 15:35
Si Ethereum est resté longtemps la blockchain de référence pour déployer des smart contracts, le projet fait face aujourd’hui à l’émergence de concurrents comme Avalanche. La comparaison entre ces deux blockchains est pertinente car elles répondent à un besoin similaire. En étant des blockchains permettant le déploiement de smart contracts, elles visent les mêmes utilisateurs et sont donc en concurrence.
Que les choses soient claires, Ethereum reste la blockchain la plus utilisée, loin devant ses concurrents, mais les parts de marché commencent à être partagées. Alors à la fin, il n’en restera qu’un ? Pas forcément, nous vivons dans un monde décentralisé, c’est même le mantra de tout l’écosystème, de fait il y aura de la place pour différents gros acteurs.
Est-ce que cela fait sens ? Début de réponse ci-dessous.
Les blockchains se battent oui, mais sur quoi ?
Lorsqu’il s’agit de comparer deux blockchains, la première étape est de savoir si celles-ci sont comparables. Ici, Ethereum et Avalanche évoluent sur le même segment, à savoir le déploiement de smart contracts.
Quels sont les points importants pour comparer les blockchains ? Ils peuvent être regroupés en trois axes connus sous le nom du “trilemme de la blockchain”. Ce modèle élaboré par Vitalik Buterin définit trois grands axes vers lesquels les blockchains doivent tendre :
- La scalabilité
- La sécurité
- La décentralisation
L’objet ici est donc de voir vers quels axes les blockchains se dirigent au travers de métriques simples telles que le nombre de transactions par seconde, la décentralisation du réseau, la vitesse de transaction, etc.
Lancé en 2015 par Vitalik Buterin, Ethereum est le pionnier des blockchains de déploiement de smart contracts. Avec sa naissance, c’est tout un secteur de la crypto monnaie qui a vu le jour, en permettant à des protocoles d’utiliser la puissance de cet ordinateur mondial pour se développer.
A titre de comparaison, Avalanche a été lancé en septembre 2020 pour répondre à une demande similaire, se plaçant donc de facto en concurrent d’Ethereum.
Des mécanismes différents pour des objectifs similaires
Si Ethereum s’appuyait sur un mécanisme de Proof-of-Work nécessitant de mettre à disposition de la puissance de calcul pour sécuriser le réseau avant The Merge, Avalanche a fait le choix du Proof-of-Stake d’entrée de jeu.
Bien entendu, il était plus facile pour Avalanche de faire ce choix, car lancée en 2020, la blockchain a pu bénéficier du retour d’expérience observé sur Ethereum qui, en tant que pionnier, devait mettre la sécurité en priorité maximale au lancement.
D’un point de vue du consensus, Avalanche tente de se démarquer de son grand frère. Si Ethereum utilise le consensus de Nakamoto, une méthode de consensus imaginée par Satoshi Nakamoto lui-même, Avalanche a poussé le raisonnement encore plus loin en créant un mécanisme de consensus révolutionnaire qui combine les avantages du mécanisme classique et du mécanisme de Nakamoto, appelé Snowman.
Cette innovation leur permet d’envisager une montée en charge (scalabilité) conséquente, sans que le réseau ne soit dégradé, car les nœuds ne vont consulter qu’un échantillon du réseau pour valider une transaction.
Des utilisations inégales
Si les deux challengers boxent dans la même catégorie, ils n’attirent pas le même nombre de personnes autour du ring. En effet, Ethereum a beau avoir des inconvénients, il n’en reste pas moins le père fondateur et jouit d’une réputation sans faille en matière de sécurité.
De fait, nous ne sommes pas au stade où les deux blockchains combattent en face à face. Ethereum domine largement le match lorsqu’il s’agit de l’adoption. Et pour s’en convaincre, voici quelques chiffres.
Ethereum | Avalanche | |
Validateurs | 365 000 | 1582 |
Adresses uniques | 195 000 000 | 2 656 000 |
Nombre de protocoles | 479 | 208 |
Total Value Locked | 77,57 milliards de dollars | 8,19 milliards de dollars |
Vous le voyez, le combat est déséquilibré (pour le moment), mais il est loin d’être perdu d’avance.
Pourquoi Avalanche est un concurrent sérieux ?
Malgré les points ci-dessus, Avalanche n’a pas à rougir, car elle arrive avec plus d’un tour dans son sac.
Pour commencer, les métriques théoriques d’Avalanche ont de quoi séduire les nouveaux venus avec des transactions rapides, sécurisées et à faible coût. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles on a assisté à un décalage massif des liquidités des chaînes “lourdes en coûts” vers des chaînes plus accessibles aux petits portefeuilles.
Au-delà de ça, Avalanche se targue de pouvoir traiter plus de 4500 transactions par seconde (théoriques), contre à peu près 15 pour Ethereum. Au niveau de la vitesse de transaction, Avalanche affiche 1 à 2 secondes pour qu’une transaction soit valide et irrévocable, quand Ethereum patine entre 1 et 14 minutes.
Avalanche a aussi introduit un système divisé en 3 chaînes, permettant ainsi de segmenter les utilisations pour favoriser la montée en charge sans compromettre la sécurité du réseau.
- La C-Chain qui exécute les smart contracts, elle est compatible EVM et c’est celle que vous pluggez à Metamask pour vos transactions de tous les jours
- La X-Chain qui permet la création et l’échange d’actifs
- La P-Chain pour la création de sous réseaux et la coordination des validateurs
De plus, Avalanche a introduit un mécanisme de création de subnet, pratique car il autorise la création de sous réseaux avec des particularités spécifiques, adaptées à certaines conditions et exigences des marchés, comme le respect d’un cadre juridique strict. Chaque subnet est capable de traiter 4500 transactions par seconde.
Tout cela renforce l’attrait des utilisateurs pour Avalanche, mais Goliath ne s’avoue pas vaincu et la mise à niveau d’Ethereum (appelée ETH 2.0 par réflexe) et l’émergence des layers 2 vont venir replacer le projet au niveau de son jeune et fougueux concurrent.
Trilemme de la blockchain, qui mène la danse ?
Ethereum | Avalanche | |
Scalabilité | X | |
Sécurité | X | |
Décentralisation | X |
Conclusion
Les frais sur Ethereum sont un frein pour les nouveaux entrants, en fonction de la taille de leur portefeuille. C’est pour cela que les blockchains concurrentes telles qu’Avalanche ont connu de très fortes croissances en matière d’adoption, notamment du côté des secteurs “tendances” tels que les Play to Earn et les NFT. Les faibles coûts sont un argument de poids pour attirer les investisseurs qui veulent pouvoir profiter de la DeFi sans se ruiner.
Il y a fort à parier qu’Avalanche conserve sa place de challenger de premier plan dans les années à venir, mais il ne faut pas enterrer Ethereum, au contraire. Le développement des layers 2, la mise à niveau (The Merge) d’Ethereum et l’excellente réputation du réseau depuis ses débuts nous prouvent par l’analyse empirique toute la puissance de l’écosystème.
Alors plutôt que de voir Avalanche comme un “Ethereum killer”, voyons plutôt une blockchain sérieuse qui peut prétendre à prendre des parts de marché. Dans un monde porté par la décentralisation, l’émergence de deux réseaux ne peut être que bénéfique pour les utilisateurs finaux.