- Roger Ver tente de bloquer son extradition vers les États-Unis en saisissant la Cour européenne des droits de l’homme, après avoir été arrêté en Espagne en 2024. Il risque jusqu’à 109 ans de prison pour fraude fiscale.
- Le fisc américain lui réclame 48 millions de dollars liés à un “exit tax” impayé et à des ventes de crypto dissimulées via ses anciennes entreprises basées aux États-Unis.
- Sa stratégie de défense inclut une contestation constitutionnelle de la taxe et une demande de grâce présidentielle adressée à Donald Trump.
Le “Bitcoin Jesus” en croisade contre son extradition
Roger Ver ne veut pas finir ses jours derrière les barreaux américains. L’homme qui a fait fortune dans Bitcoin avant que Wall Street n’en entende parler vient de saisir la Cour européenne des droits de l’homme pour bloquer son extradition. Objectif : faire annuler l’accord conclu entre l’Espagne, où il a été arrêté en 2024, et les États-Unis, qui réclament sa tête.
Et pour cause : Washington veut le juger pour fraude fiscale à grande échelle. L’addition est salée. D’après le Département de la Justice, Ver devrait près de 48 millions de dollars au fisc américain. Une dette fiscale colossale liée à ses ventes de Bitcoin et à des distributions reçues via ses entreprises américaines, MemoryDealers et Agilestar.
Un ancien Américain, mais encore redevable
Le cœur du litige : son renoncement à la nationalité américaine en 2014. En devenant citoyen de Saint-Kitts-et-Nevis, Roger Ver pensait tirer un trait sur l’Oncle Sam. Mais pas si vite.
Selon la législation américaine, tout expatrié fortuné doit s’acquitter d’un “exit tax”, une taxe calculée comme si l’ensemble de ses actifs avaient été vendus le jour de la renonciation. Or Ver aurait omis de déclarer correctement ses avoirs en Bitcoin, alors même qu’ils avaient pris une valeur faramineuse entre 2011 et 2014.
Mais ce n’est pas tout. En 2017, les autorités américaines affirment qu’il aurait également dissimulé 240 millions de dollars de ventes de crypto via ses entreprises, pourtant toujours domiciliées aux États-Unis.
Une stratégie judiciaire musclée, jusqu’à la Maison Blanche
Face à une peine théorique de 109 ans de prison, Ver a contre-attaqué. Il conteste la validité de l’“exit tax”, qu’il juge anticonstitutionnelle, et affirme que l’acte d’accusation repose sur des fondements “trop vagues pour être légaux”.
Il ne s’arrête pas là. En décembre, il a officiellement demandé une grâce présidentielle. Un pari risqué… mais pas absurde dans l’Amérique de 2025, où Donald Trump vient d’être réélu. Et où l’ancien président n’a jamais caché sa bienveillance envers certains “pionniers du numérique”.
Le “Free Roger” divise la communauté crypto
Dans les coulisses, un mouvement de soutien émerge. Sous le hashtag #FreeRoger, certains acteurs du Web3 réclament sa libération. Même Ross Ulbricht, fondateur de Silk Road pardonné par Trump et libéré d’une peine de prison à vie, a publiquement pris position.
Mais le personnage divise. Pour d’autres, Ver a franchi la ligne rouge dès lors qu’il a abandonné la nationalité américaine pour échapper à ses obligations fiscales. Ce qui est en jeu dépasse son seul cas : l’issue de cette affaire pourrait créer un précédent pour tous les investisseurs crypto expatriés.