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Dernière modification effectuée le 09.08.2022 18:36
L’ambiance générale sur le marché des crypto monnaies n’est pas réjouissante. De nombreuses entreprises du secteur font l’objet d’investigations concernant leur activité. La plateforme d’échange Kraken n’y échappe pas puisqu’elle fait actuellement l’objet d’une enquête par les autorités fédérales américaines pour ses liens présumés avec l’Iran.
L’escalade des tensions entre les États-Unis et l’Iran s’est accélérée ces dernières années, notamment sous la présidence de Donald Trump. En effet, ce dernier a rétabli de violentes sanctions économiques contre l’Iran dès 2018. Cette décision a directement été suivie de plusieurs violations de l’accord de Vienne par la République islamique d’Iran découlant sur une nouvelle période d’instabilité entre les deux puissances.
Dès lors, les sanctions économiques susmentionnées engagent toute entreprise américaine à cesser ses activités sur le territoire iranien pour contribuer à la sévérité des sanctions. Concrètement, ces sanctions mises en place dès 1979 interdisent l’exportation de biens ou de services vers des personnes ou des entités du pays.
Dans ce contexte, Kraken, un échange de crypto monnaies américains valorisés à 11 milliards de dollars, aurait violé ces sanctions en laissant des ressortissants iraniens utiliser sa plateforme. Dès lors, l’irrespect des mesures d’exécutions mises en place par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) pourrait avoir des conséquences notables pour la société.
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Une enquête fédérale ouverte contre Kraken pour ses liens avec l’Iran
Concrètement, Kraken est soupçonné de violer les sanctions américaines en permettant à des utilisateurs iraniens d’acheter et de vendre des crypto monnaies selon cinq personnes proches de l’entreprise ou de l’enquête. Ces derniers ont souhaité garder l’anonymat par peur de représailles de la part de l’entreprise.
Selon eux, le bureau du contrôle des actifs étrangers du département du Trésor devrait imposer une amende à Kraken pour cette activité. D’ailleurs, l’an dernier l’entreprise avait déjà eu une amende de 1,25 million de dollars pour avoir déployé un service de trading sans autorisation.
Avec l’effondrement récent du marché des crypto monnaies et son histoire récente avec le régulateur américain, il n’est pas étonnant que Kraken fasse l’objet d’une grande attention. De plus, depuis le début du conflit entre l’Ukraine et la Russie, les crypto monnaies font l’objet d’une grande surveillance puisqu’elles sont soupçonnées de permettre de contourner les sanctions économiques infligées par les États. Quand bien même ces suppositions s’avéreraient fausses, il est indéniable que les crypto monnaies sont actuellement perçus comme une menace à leur souveraineté par les gouvernements.
Selon le New York Times, qui a eu accès à des documents internes à Kraken, un document sur les clients de la société aurait été publié sur le fil Slack de l’entreprise. Ainsi, l’entreprise comptabiliserait 1 522 utilisateurs iraniens, 149 utilisateurs syriens, ainsi que 83 utilisateurs cubains. Or, l’Iran, la Syrie et Cuba font tous l’objet de sanctions économiques américaines.
Kraken apparaît comme une entreprise indisciplinée sur le plan réglementaire
Depuis plusieurs années, Kraken apparaît comme une entreprise particulièrement hostile au respect des réglementations en vigueur. En effet, dès 2018, le bureau du procureur général de New York avait demandé à Kraken et à 12 autres exchanges de crypto monnaies de répondre à un questionnaire sur leurs opérations, mais Kraken avait refusé d’y répondre.
Ensuite, dès 2019, des doutes étaient nés sur les activités de Kraken lorsqu’un ancien employé, Nathan Peter Runyon, avait accusé l’entreprise de générer des revenus à partir d’utilisateurs vivant dans des pays soumis à des sanctions économiques. Il avait d’ailleurs prévenu un dirigeant de l’entreprise de ces activités. Plus tôt dans l’année, Kraken avait résisté à la forte incitation à fermer les comptes des résidants russes de sa plateforme.
Enfin, dans une conversation interne à l’entreprise datant de 2019, Jesse Powell, PDG de Kraken, expliquait envisager d’enfreindre la loi si les avantages issus du non-respect de la loi l’emportaient sur les amendes encourues.
Marco Santori, directeur juridique de Kraken, a déclaré que « l’entreprise ne commente pas les discussions avec les régulateurs » tandis qu’un porte-parole du trésor américain a indiqué que « l’agence ne confirme ni ne commente les enquêtes potentielles ou en cours, mais qu’elle s’engage à appliquer les sanctions qui protègent la sécurité nationale des États-Unis ».