- Quatre baleines auraient provoqué un short squeeze sur Hyperliquid, effaçant 17 millions $ de positions et encaissant 46 millions $ de profits sur le token pré-lancement XPL.
- XPL, issu du projet Plasma soutenu par Bitfinex et Tether, a atteint 1,80 $ en pre-market sur Hyperliquid contre 0,55 $ sur Binance, liquidant de nombreux investisseurs ayant décidé de se ‘hedge’.
- Hyperliquid introduit deux garde-fous : un plafond de 10x sur le mark price basé sur la moyenne mobile 8h et l’intégration de données externes comme Binance pour limiter les distorsions.
Un short squeeze orchestré par des whales sur Hyperliquid
Mardi soir, Hyperliquid a vécu un épisode digne des manuels de trading extrême. Le marché pré-lancement du token XPL a explosé de 2,5x en quelques minutes, avant de retomber tout aussi vite. En cause : quelques baleines qui ont littéralement balayé le carnet d’ordres, déclenchant une cascade de liquidations. Résultat : plus de 17 millions de dollars de positions effacées, majoritairement du côté des shorts, beaucoup d’investisseurs ayant décidé de se ‘couvrir’ de leur investissement en XPL. Selon CoinGlass, quatre adresses seulement auraient orchestré ce short squeeze, empochant à elles seules près de 46 millions de dollars de profits.
Dans le même temps, XPL cotait jusqu’à 1,80 $ sur Hyperliquid, quand le même actif plafonnait à 0,55 $ sur la plateforme pre-market de Binance. L’écart illustre parfaitement la volatilité extrême de ces contrats perpétuels « hyperps » proposés par Hyperliquid.
Plasma, un projet déjà sous pression
XPL n’est pas encore listé officiellement. Il s’agit du token de Plasma, une blockchain orientée stablecoins et soutenue par Bitfinex et Tether. Le projet a levé près de 373 millions de dollars en seulement dix jours cet été, un record pour un Layer 1 émergent. Mais cette envolée prématurée place déjà Plasma sous les projecteurs : avant même sa mise en circulation réelle, son token devient un terrain de jeu pour spéculateurs et baleines.
Hyperliquid défend son modèle
Face aux critiques, Hyperliquid a tenu à clarifier : aucun bug, aucune dette irrécouvrable, le système a fonctionné « tel que prévu ». Les liquidations se sont d’abord faites via le carnet, avant que l’auto-deleveraging (ADL) ne prenne le relais, un mécanisme ultime qui redistribue les pertes en réduisant les positions des traders gagnants. La plateforme insiste aussi sur l’isolation des marges : les pertes n’ont touché que le marché XPL, sans contaminer les autres actifs.
« Les marchés pré-lancement sont imprévisibles par nature », rappelle l’équipe. En clair : les utilisateurs sont avertis, la documentation mentionne les risques de faible liquidité, de volatilité extrême et de liquidations massives.
Deux nouveaux garde-fous
Pour apaiser les inquiétudes, Hyperliquid annonce deux mesures clés. Premièrement, un plafond dur : le prix de référence (mark price) d’un hyperp ne pourra plus dépasser 10x la moyenne mobile exponentielle sur huit heures. Objectif : offrir plus de visibilité aux traders en short sur les scénarios de risque maximal.
Deuxièmement, le mark price intégrera désormais des données externes issues d’autres marchés perpétuels sur le même actif, comme celui de Binance pour XPL. Une manière de renforcer la robustesse du prix dans des environnements de liquidité ultra-fine.
Hyperliquid souligne toutefois que ces nouvelles règles n’auraient pas empêché l’épisode de cette semaine. La vraie réponse, selon eux, reste simple : davantage de liquidité pour réduire les effets de manipulations ponctuelles.
Un paradoxe révélateur pour le marché
Cet épisode résume le dilemme des marchés décentralisés : permissionless, ouverts à tous, mais aussi vulnérables aux mouvements de quelques acteurs dominants. Certains observateurs craignent que la confiance dans le modèle pré-marché d’Hyperliquid ne soit fragilisée. D’autres rappellent que la plateforme a respecté ses règles à la lettre, sans enfreindre son contrat avec les utilisateurs.
Ironie de l’histoire : malgré le chaos, le token natif d’Hyperliquid, HYPE, a bondi de plus de 10 % en 24 heures, atteignant un nouvel ATH autour de 51 $, en partie grâce aux frais générés via les liquidations transformés en buyback. La spéculation reste intacte, preuve que dans l’univers crypto, le risque n’effraie pas, il attire.
