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- Diem, anciennement Libra, visait à révolutionner les paiements numériques sous l’égide de Facebook.
- David Marcus accuse Janet Yellen d’avoir orchestré un “assassinat politique” via des pressions sur les banques partenaires.
- Malgré l’abandon du projet, l’héritage technologique de Diem perdure à travers Aptos, Sui et le langage Move.
La genèse et la chute de Libra / Diem
Diem, anciennement Libra, représentait l’un des projets les plus ambitieux de Facebook : créer un stablecoin capable de révolutionner les paiements numériques et l’accès aux services financiers. Lancé en grande pompe en 2019, le projet s’est rapidement heurté à une avalanche de critiques de la part des régulateurs et des décideurs politiques. David Marcus, ancien responsable de Diem et membre du conseil d’administration de Coinbase, a récemment brisé le silence en qualifiant cet échec d’“assassinat politique orchestré.”
Le projet, vendu à Silvergate Bank en janvier 2022 avant d’être définitivement abandonné un an plus tard, aurait pourtant franchi les obstacles réglementaires selon Marcus. Mais le poids politique, incarné par Janet Yellen, secrétaire au Trésor, aurait scellé le destin de Diem, malgré des années de concessions faites aux autorités.
Une opposition politique décisive
Dans une publication sur X, David Marcus accuse directement Janet Yellen d’avoir orchestré l’arrêt du projet. Il explique que, bien que la Réserve fédérale ait exprimé un soutien mitigé via certains membres, comme son président Jay Powell, Yellen aurait utilisé sa position pour influencer négativement le projet. Lors d’une réunion bimensuelle avec Powell, elle aurait émis de sévères avertissements sur les conséquences politiques d’un lancement de Diem.
Il n’y avait aucun angle juridique ou réglementaire restant pour arrêter le projet. C’était 100% un assassinat politique, exécuté par l’intimidation des institutions bancaires participantes.
Peu après, la Fed aurait convoqué des réunions avec les banques impliquées dans Diem, leur lisant une déclaration ambiguë :
Nous ne pouvons pas vous empêcher d’aller de l’avant, mais nous ne sommes pas à l’aise avec cette décision.
Ces mots auraient suffi à dissoudre le soutien bancaire, précipitant la fin du projet.
La défiance profonde du gouvernement envers Facebook
Les critiques du projet ne se limitaient pas à des préoccupations techniques ou juridiques. Les régulateurs, à travers le groupe de travail du Président sur les marchés financiers, avaient exprimé une inquiétude majeure : laisser Facebook, déjà accusé de monopoliser l’attention numérique, contrôler également une partie du système financier. Un rapport publié en novembre 2021 évoquait le danger d’une “concentration excessive du pouvoir économique” si un acteur commercial devenait aussi émetteur de stablecoin ou fournisseur de portefeuilles numériques.
Cette défiance envers Facebook aurait joué un rôle central dans l’échec du projet, les décideurs politiques redoutant les implications d’une telle domination économique.
L’héritage de Diem : Move, Aptos, et Sui
Malgré cet échec cuisant, l’héritage technique de Diem perdure. De nombreux anciens employés du projet ont rejoint des initiatives comme Aptos et Sui, deux blockchains Layer 1 fondées sur le langage de programmation Move, initialement développé pour Libra. Ces projets incarnent une continuité de l’innovation, même si elle s’est déplacée hors des murs de Facebook.
Quant à Marcus, il a fondé Lightspark, une startup visant à renforcer les capacités du réseau Lightning de Bitcoin, montrant que, bien que Diem ait échoué, ses ambitions pour révolutionner les paiements numériques demeurent intactes.
Une page tournée, mais des questions en suspens
L’arrêt de Diem met en lumière le rôle déterminant des politiques dans l’avenir des cryptomonnaies et des stablecoins. Cet épisode soulève des interrogations sur l’équilibre entre innovation et régulation, ainsi que sur le pouvoir des grandes entreprises technologiques face à des gouvernements soucieux de préserver la souveraineté économique. L’histoire de Diem reste un rappel poignant des défis que les projets disruptifs doivent surmonter dans un monde où la politique et la finance s’entrelacent.