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Telegram, l'application de messagerie fondée par Pavel Durov, a récemment attiré l'attention non seulement pour son rôle dans la communication mondiale, mais aussi pour son implication croissante dans le secteur crypto.
Ce qui a commencé comme une plateforme de messagerie sécurisée est devenu un acteur clé dans l'écosystème des actifs numériques, comme le révèlent les états financiers de l'entreprise pour 2023. Ces documents montrent que les transactions crypto représentent désormais une part substantielle de ses revenus.
En 2023, Telegram a enregistré un chiffre d'affaires de 342,5 millions de dollars, malgré une perte d'exploitation de 108 millions de dollars. Parmi ces revenus, plus de 40% proviennent d'activités liées aux cryptomonnaies, notamment via un portefeuille intégré et la vente de « collectibles » (objets numériques de collection). Ce portefeuille intégré permet aux utilisateurs de stocker, envoyer, recevoir et échanger des cryptomonnaies, notamment le Toncoin, une crypto étroitement liée à Telegram.
Les actifs numériques représentent une part importante des actifs de Telegram, avec une valeur estimée à près de 400 millions de dollars au 31 décembre 2023. Cette exposition importante aux cryptomonnaies place Telegram dans une position unique parmi les entreprises technologiques, où la messagerie et la finance numérique coexistent de manière symbiotique.
L'arrestation de Pavel Durov en France pour son incapacité présumée à contrôler les contenus criminels sur Telegram a provoqué une onde de choc non seulement sur le plan juridique, mais aussi sur le plan financier. Cette arrestation a sérieusement compromis les projets de Telegram d'entrer en bourse (IPO) d'ici 2026, alors que l'entreprise faisait des efforts pour se monétiser et devenir autosuffisante financièrement. Durov, qui a personnellement investi des millions de dollars dans Telegram, se retrouve au cœur d'une enquête qui pourrait nuire gravement à l'image de l'entreprise et à sa capacité à attirer des investisseurs.
La réaction des marchés ne s'est pas fait attendre : la valeur des obligations de Telegram a chuté de près de 10%, reflétant les inquiétudes des investisseurs face à l'incertitude entourant l'avenir de l'entreprise. Les détenteurs d'obligations, qui espéraient convertir leur dette en actions lors de l'IPO, pourraient désormais se retrouver face à un dilemme difficile, alors que la réputation de Telegram est de plus en plus associée à des contenus illégaux.
Le Toncoin, initialement développé par l'équipe de Telegram et désormais géré par une communauté de développeurs open-source, a également souffert des répercussions de l'arrestation de Durov. Le prix du TON a chuté de près de 20% suite à la nouvelle, avant de lentement se rétablir.
Pour Telegram, la vente d'une partie de ses Toncoins avant la chute des prix a permis de limiter les dégâts financiers, mais cela n'atténue pas l'impact global de cette situation sur l'image de l'écosystème.
L'un des éléments centraux de la gouvernance de Telegram est la figure de Pavel Durov lui-même. Décrit comme un leader centralisé et charismatique, Durov est au cœur de toutes les décisions majeures concernant l'application. Cette approche, qui a permis à Telegram de maintenir une vision cohérente et une innovation rapide, pose cependant des questions sur la viabilité de l'entreprise sans sa direction.
Avec seulement 50 employés, dont 30 développeurs principalement recrutés d'Europe de l'Est, l'entreprise fonctionne avec une structure hiérarchique étroite et un leadership qui pourrait être difficile à remplacer. Les inquiétudes grandissent quant à la capacité de Telegram à naviguer dans les eaux troubles des régulations internationales sans son fondateur à la barre.
Les défis auxquels Telegram est confronté ne sont pas uniquement d'ordre financier, mais également juridique et réglementaire. Alors que l'entreprise cherchait à diversifier ses revenus et à se préparer pour une entrée en bourse, les accusations portées contre Pavel Durov menacent de détourner les investisseurs potentiels et de limiter les sources de revenus publicitaires, les laissant principalement avec des annonces douteuses ou des publicités crypto.
La situation actuelle soulève des questions sur la valorisation de l'entreprise, estimée à plus de 30 milliards de dollars par Durov. Les obstacles réglementaires, les pertes financières et la dépendance accrue aux cryptomonnaies pourraient faire de cette valorisation un objectif difficile à atteindre, surtout si les régulateurs et les investisseurs continuent de s'éloigner de l'entreprise.
