Dernière modification effectuée le 10.10.2023 17:21
Elon Musk continue de jouer avec les crypto monnaies
Impossible d’être passé à côté des frasques d’Elon Musk, ces derniers mois. Ainsi, en février dernier celui-ci a annoncé être un adepte du Bitcoin et a acheté l’équivalent de 1,5 milliard de dollars en BTC par le biais de sa société Tesla. Comme souvent suite aux annonces d’Elon Musk, le Bitcoin ainsi que l’ensemble des cryptomonnaies ont entrepris une course folle vers de nouveaux sommets.
Cependant, le 13 mai dernier, Elon Musk a publié un communiqué de Tesla annonçant que l’entreprise arrêtait d’accepter les paiements en BTC, pointant du doigt la consommation énergétique du réseau. Une fois n’est pas coutume, le cours du BTC en prend un coup.
De son côté, Elon Musk commence à dévoiler de manière publique ses relations étroites avec les développeurs du Dogecoin, dans le but de rendre la cryptomonnaie plus efficiente concernant sa consommation énergétique. L’objectif est pour le moins saugrenu : dépasser le roi Bitcoin, rien que ça.
Pour arriver à ses fins, Elon Musk s’improvise expert en blockchain et annonce qu’il suffirait à Dogecoin d’augmenter la taille des blocs pour permettre une meilleure scalabilité, tout en maintenant une consommation électrique basse.
Ainsi, celui-ci relance un débat vieux comme les cryptos sans se rendre compte que cette solution a d’ores et déjà été exploitée et est connu comme entrainant une baisse de la décentralisation.
La réponse de Vitalik Buterin
Vitalik Buterin est le cofondateur du réseau Ethereum. Celui-ci est impliqué dans l’écosystème blockchain depuis l’émergence du Bitcoin et s’est penché maintes et maintes fois sur les manières d’augmenter la scalabilité d’une blockchain sans que la centralisation en pâtisse.
Impossible pour lui de rester de marbre face aux déclarations d’Elon Musk. Ainsi, ce dernier a concoqueté une réponse à destination du CEO de Tesla, expliquant les tenants et les aboutissants du fameux problème de scalabilité.
Quel problème pose cette augmentation de la taille d’un bloc ?
En pratique, pour qu’un réseau soit le plus décentralisé possible, il est nécessaire que celui-ci dispose d’un grand nombre de nœuds chargé de stocker l’état de la chaine en plus de vérifier que les blocs créés par les mineurs soient valides.
Malheureusement, ces nœuds peuvent s’avérer gourmands en ressources et l’un des éléments qui déterminent les ressources nécessaires s’avère être la taille des blocs.
De ce fait, plus les blocs sont grands plus ils contiennent de transaction, donc plus le réseau peut traiter de transactions par seconde. Par contre, plus ces derniers sont grands plus les prérequis en termes d’infrastructure pour héberger un nœud sont grand.
En d’autres termes, plus les blocs sont grands, plus il est dur pour un utilisateur lambda d’héberger un nœud blockchain sans devoir s’équiper d’un matériel sophistiqué et couteux.
La preuve par l’exemple
Pour imager son propos, Vitalik prend l’exemple d’une attaque visant une blockchain avec deux cas distincts, d’un côté une attaque visant une blockchain ayant peu de noeuds et de l’autre une attaque visant une blockchain avec beaucoup de noeuds :
“Si vous avez une communauté de 37 nœuds et de 80 000 utilisateurs passifs qui vérifient les signatures et les en-têtes de bloc, l'attaquant gagne. Si vous avez une communauté où tout le monde gère un nœud, l'attaquant perd. Nous ne savons pas quel est le seuil exact à partir duquel l'immunité collective contre les attaques coordonnées se déclenche, mais il y a une chose qui est absolument claire : plus de nœuds, c'est bien, moins de nœuds, c'est mal, et nous avons définitivement besoin de plus que quelques dizaines ou quelques centaines.”
La rhétorique de Elon Musk mise à mal
Vous l’aurez compris, bien qu’il soit techniquement possible d’accéder à une meilleure scalabilité via l’augmentation de la taille des blocs, ce choix entraine de facto une diminution de la décentralisation.
Comme le rappel Vitalik, “pour qu'une blockchain soit décentralisée, il est essentiel que les utilisateurs réguliers puissent gérer un nœud et qu'il existe une culture dans laquelle la gestion des nœuds est une activité courante”.
Évidemment, Buterin n’a pas pu s’empêcher de faire le parallèle avec les développements en cours sur Ethereum en prenant le cas de Sharding.
Sans entrer dans les détails, Sharding est une technique qui vise à découper un réseau blockchain en plusieurs sous-réseaux chargés de gérer leurs propres transactions, en plus de celles reçues par la couche de coordination appelée Beacon Chain.
Dans le cas de Sharding, il est possible d’augmenter drastiquement le nombre de transactions par seconde, sans sacrifier la décentralisation.
Cependant, cette solution implique un développement conséquent, bien plus complexe que de simplement augmenter la taille des blocs.
Malgré cette réponse on ne peut plus complète, Elon Musk continu son troll habituel, laissant entrevoir un manque d’intérêt pour cette notion fondamentale qu’est la décentralisation.