Qu’est-ce que le Quantitative Tightening (QT) ?

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Parmi les politiques monétaires qui peuvent influencer les marchés financiers, on retrouve le Quantitative Tightening (QT).

Cette politique, qui vise à réduire de la liquidité en circulation après des périodes “d’assouplissement quantitatif”, peut en effet transformer la dynamique des marchés.

Qu’est-ce que c’est ? Comment ça fonctionne ? C’est ce que vous découvrirez tout au long de cet article.

  • Le QT réduit la masse monétaire pour freiner l’inflation en augmentant les taux d’intérêt.
  • Le QT peut provoquer une hausse des rendements obligataires et une baisse des actions.
  • Un QT mal géré peut déclencher une crise de liquidité, affectant certaines économies et ralentissant la croissance globale des marchés.

Qu’est-ce que le Quantitative Tightening (QT) ?

Ce qu’on entend par Quantitative Tightening (QT) ou “resserrement quantitatif” en Français, c’est une politique monétaire qui est mise en œuvre par les banques centrales (comme la Réserve fédérale des États-Unis : FED) pour réduire la quantité de monnaie en circulation. Le QT est donc l’inverse du Quantitative Easing (QE) : il retire l’excès de monnaie pour prévenir une inflation trop élevée, tout en cherchant à normaliser les conditions économiques.

Il faut comprendre que le QT se déroule souvent après une période de QE. Pendant le QE, les banques centrales achètent massivement des obligations d’État (entre autres) pour stimuler l’économie en réduisant les coûts de financement. Cependant, lorsque l’économie commence à montrer des signes de surchauffe, avec une inflation qui dépasse les objectifs fixés, un changement de cap est plutôt nécessaire. C’est donc là que le QT intervient.

Le but principal du QT est donc de retirer progressivement l’excès de liquidités issu des périodes de QE. Par cette action, il vise à augmenter les taux d’intérêt, contribuant ainsi à « refroidir » une économie potentiellement surchauffée. Mais nous en reparlerons plus en détail dans les prochaines sections.

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Les principaux mécanismes du Quantitative Tightening (QT)

Revenons désormais plus en détail sur les différents mécanismes mis en place dans le cadre du Quantitative Tightening :

Arrêt des achats de titres :

Bon déjà, le premier mécanisme du QT est l’arrêt des achats de titres par les banques centrales. Pendant les périodes de Quantitative Easing (QE), les banques centrales achètent massivement des obligations d’État et des titres adossés à des hypothèques (MBS).

En fait, ces achats visent à injecter de la liquidité dans l’économie, en abaissant notamment les taux d’intérêt à long terme. Mais lors du QT, ces achats cessent : au lieu de stimuler l’économie, l’objectif est désormais de réduire l’excès de liquidité.

D’un autre côté, les bons du Trésor et les MBS sont également très importants dans ce processus. Le fait de cesser d’acheter ces actifs fait que la demande pour ces titres diminue, ce qui peut donc entraîner une hausse des taux d’intérêt à long terme. En toute logique, cette hausse rend les emprunts plus coûteux, ce qui peut freiner les investissements et la consommation.

Non-renouvellement des titres arrivant à maturité :

Un autre mécanisme important du QT est le non-renouvellement des titres arrivant à maturité. Pendant le QE, lorsque des titres détenus par la banque centrale arrivent à échéance, celle-ci réinvestit généralement les fonds pour maintenir la taille de son bilan.

Ici, ces fonds ne sont donc pas réinvestis. Pour être plus précis, les titres expirent sans être remplacés, ce qui réduit la taille du bilan de la banque centrale et la quantité de monnaie en circulation.

Et en réduisant la masse monétaire disponible, il contribue par la même occasion à la hausse des taux d’intérêt, ce qui rend, là aussi, l’accès au crédit plus difficile. Oui, si l’offre de crédit diminue et que la demande reste constante, les coûts d'emprunt augmentent inévitablement, et donc le financement devient plus onéreux pour les entreprises et les particuliers.

Vente active de titres :

Parfois, les banques centrales peuvent choisir de vendre des titres pour accélérer le processus. Cette approche est plus agressive que le simple non-renouvellement des titres. En fait, elle vise à réduire rapidement la liquidité pour contenir une inflation élevée ou encore normaliser les conditions monétaires après une période prolongée de QE.

Et pour les investisseurs, cela signifie des conditions de marché plus volatiles (en théorie), tandis que là encore, les coûts de financement augmentent pour les emprunteurs.

Impact sur les réserves bancaires :

Enfin, le QT affecte directement les réserves bancaires, notamment par l’ajustement des taux d’intérêt sur les réserves excédentaires détenues par les banques commerciales auprès de la banque centrale.

En augmentant ces taux, la banque centrale incite les banques à conserver leurs réserves plutôt qu’à les prêter sur le marché, ce qui réduit encore la liquidité disponible.

Objectifs économiques et monétaires du Quantitative Tightening (QT)

Le Quantitative Tightening est mis en œuvre avec des objectifs économiques bien définis, que nous vous proposons de découvrir ci-dessous :

  • Contrôle de l’inflation par la réduction de la masse monétaire : vous devez comprendre que l’objectif principal du QT est de maîtriser l’inflation. En réduisant la masse monétaire en circulation, le QT aide à prévenir l’escalade des prix. Naturellement, lorsque trop de monnaie circule dans l’économie, le pouvoir d’achat de chaque unité monétaire diminue, ce qui se traduit donc par une hausse généralisée des prix.

  • Normalisation des bilans des banques centrales : comme évoqué plus haut, les périodes prolongées de QE provoquent des bilans des banques gonflés. Toutefois, une fois que l’économie commence à se stabiliser, il devient nécessaire de normaliser ces bilans pour éviter les déséquilibres à long terme. Et donc, ce que fait le QT est pour le moins indispensable : il réduit progressivement les actifs détenus par les banques centrales, ce qui permet de restaurer un équilibre sain entre l’offre et la demande monétaires.

  • Prévenir les dangers d’une économie en surchauffe : si une inflation n’est pas maîtrisée, elle peut conduire à des bulles d’actifs, une augmentation des risques financiers et, éventuellement, à une crise économique. Le QT, lui, permet justement de ralentir cette croissance excessive de l’économie. Pour y parvenir, il va notamment augmenter les taux d’intérêt et en réduire la liquidité, afin de modérer l’expansion économique.

Impact du Quantitative Tightening (QT) sur les marchés actions et obligataires

Il est vrai que la réduction des achats d’obligations par la banque centrale et la hausse des taux d’intérêt (qui en résulte) modifient d’une certaine manière les dynamiques de ces marchés.

Déjà, lors du QT, la banque centrale réduit, voire arrête complètement, ses achats d’obligations d’État (comme évoqué plus haut). Et cette diminution de la demande pour les obligations entraîne généralement une augmentation de leurs rendements.

Pour les investisseurs obligataires, cela signifie que les prix des obligations existantes baissent, car les rendements plus élevés rendent les nouvelles émissions plus attractives.

Pour vous l’expliquer plus en détail : les taux plus élevés augmentent les coûts d’emprunt pour les entreprises, ce qui peut réduire leurs marges bénéficiaires et, par conséquent, leurs profits. Et cela provoque en principe une réaction négative des investisseurs. Maintenant, lorsque les investisseurs anticipent une baisse des profits, ils sont aussi susceptibles de revoir à la baisse la valorisation des actions. Ce processus peut donc entraîner une pression à la baisse (ou pression de vente) sur les prix des actions.

Bon, vous l’aurez compris, le QT peut clairement accroître la volatilité des marchés financiers, étant donné la réduction de la liquidité, couplée à l’incertitude quant à l’évolution future des taux d’intérêt.

Voici comment les investisseurs pourraient réagir face au QT :

  • Augmentation des investissements en obligations à court terme : moins sensibles aux hausses des taux, elles deviennent plus attractives.
  • Rotation vers les secteurs moins sensibles aux taux d’intérêt : les actions de secteurs comme la consommation de base ou la santé peuvent mieux résister aux hausses de taux.
  • Réduction de l’exposition aux actions de croissance : ces actions sont souvent plus affectées par la hausse des taux d’intérêt, car elles dépendent davantage de la croissance future des bénéfices.
  • Diversification : pour gérer la volatilité, les investisseurs peuvent augmenter la diversification de leurs portefeuilles en incluant des actifs appartenant à d’autres secteurs de marché (exemple : les cryptos)

Quantitative Tightening : effets sur les crypto monnaies

Le Quantitative Tightening (QT) a aussi des répercussions sur le marché des cryptomonnaies.

Tout d’abord, moins de liquidité signifie souvent moins d’argent disponible pour investir dans des actifs plus risqués comme les cryptomonnaies. Cela peut donc entraîner une baisse des volumes de transactions et une augmentation de la volatilité.

D’autre part, les actifs traditionnels peuvent être perçus comme plus attractifs par les investisseurs, étant donné l’augmentation des taux d’intérêt, conséquence directe du QT. Vous n’êtes pas sans savoir que ces investissements sont considérés comme plus sûrs comparativement aux cryptomonnaies, qui sont souvent perçues comme des actifs risqués.

Un autre point qui mérite d’être évoqué, c’est la baisse de l’innovation dans le secteur des cryptos. En effet, les start-ups et les blockchains pourraient avoir plus de difficultés à lever des fonds, et donc à mener à bien le développement de leurs projets.

Quantitative Tightening et instabilité financière : Risques potentiels

Passons maintenant en revue les différents types de risques potentiels qui peuvent être provoqués par la mise en place d’une politique monétaire de Quantitative Tightening :

  • Crise de liquidité : si la réduction de la masse monétaire se fait trop rapidement, l’argent disponible pour les emprunts et les investissements peut devenir rare. En fait, ce manque de liquidité peut entraîner une crise où les banques et les entreprises peinent à se financer.

  • Effets secondaires sur l’économie mondiale : un resserrement monétaire trop rapide peut ralentir la croissance économique, augmenter le chômage, et rendre le crédit plus coûteux. Oui, cela pèse sur la consommation et l’investissement. D’autant plus que les économies émergentes sont particulièrement vulnérables : la hausse des taux d’intérêt dans les pays développés pousse les capitaux à quitter ces marchés, ce qui entraîne une dépréciation des monnaies locales et une augmentation des coûts de la dette.

On retrouve également des risques d’instabilité des marchés financiers comme nous l’avons mentionné plus haut. Un exemple historique de ce phénomène est le « taper tantrum » de 2013 : lorsque la Fed, dirigée à l’époque par Ben Bernanke, a simplement annoncé son intention de réduire ses achats d’actifs, les marchés ont réagi de manière excessive, avec une hausse rapide des rendements obligataires et une chute des actions.

Jusqu’à cette annonce, la Fed achetait chaque mois pour des milliards de dollars de bons du Trésor et de titres adossés à des hypothèques (MBS) dans le cadre de son programme de QE, visant à stimuler l’économie après la crise financière de 2008.

L’annonce de ce tapering a pris les marchés financiers par surprise. Les investisseurs craignaient que la réduction des achats d’actifs ne marque la fin de la période de taux d’intérêt extrêmement bas et de liquidité abondante. Au final, cette peur a déclenché une réaction immédiate et violente sur les marchés financiers, un phénomène qui a donc été surnommé le « taper tantrum« .