Dernière modification effectuée le 01.12.2022 17:38
L’Europe planche sur la création d’un crypto Euro
Cela fait plus d’un an que la Banque Centrale européenne (BCE) se penche sur la création d’un crypto euro. De nombreuses recherches sont menées, malgré sa frilosité face aux crypto monnaies “traditionnelles” telles que Bitcoin ou Ethereum.
Ainsi entre octobre 2020 et janvier 2021, celle-ci a initié une consultation publique, aussi bien destinée au monde privé, qu’aux citoyens européens, concernant leurs attentes vis-à-vis du crypto euro.
Après plus de 8 000 réponses, la BCE a publié à la fin du mois d’avril un rapport de 39 pages compilant l’ensemble des résultats. Parmi les fonctionnalités présentées, les trois qui ont été le plus sollicitées sont les suivantes :
- L’anonymisation des transactions ;
- En faire un moyen de paiement sécurisé ;
- La possibilité de l’utiliser sans frais supplémentaires.
Ainsi, les Européens mettent un point d’honneur à la confidentialité, à l’heure où la population est de plus en plus traquée, aussi bien par les États que les entreprises privées.
Polkadot et Cosmos, surveillés de près par la BCE
Comme nous l’avons vu, la BCE mène une multitude de recherches et d’expérimentations sur les blockchains et plus largement les systèmes de registres distribués (DLT pour Distributed Ledger Technology).
Dans un second rapport, lui aussi publié en avril, la Banque Centrale européenne explore l’utilisation des DLT dans le processus post-marché. Ce rapport a été rédigé par la Fintech Task Force, constituée de parties prenantes de l’industrie post-marché européenne.
Dans le cadre de ce rapport, il n’est pas spécialement question de crypto euro, mais plutôt d’émission d’actifs numériques, tels que des actions ou des obligations.
“En se concentrant sur les cas d’utilisation actuels pour les actions et les obligations, le rapport décrit différents types d’émissions de titres et de processus post-marché. Ceux-ci sont classés selon différents « modèles », en fonction de la manière dont le DLT est utilisé dans chaque cas.”, introduit le rapport.
Éviter une fragmentation des marchés
Très vite ce rapport identifie un risque majeur de fragmentation du marché dans le cas de l’utilisation d’un trop grand nombre de solutions différentes.
“Si la nature diverse des initiatives est susceptible d’aboutir à un large éventail de résultats différents et fait partie d’un mécanisme de concurrence dans la phase initiale d’une nouvelle technologie, elle comporte également le risque d’une fragmentation du marché.”, met en garde la Task Force.
Ainsi pour faire face à ce risque, la Task Force met en avant les DLT proposant des solutions d’interopérabilité. Pour faire simple, ce sont des blockchains qui facilitent la communication entre blockchains.
Des blockchains publiques dans le viseur de la BCE
Parmi les candidats potentiels, nous retrouvons dans les annexes du rapport sept solutions différentes. Dans ces solutions cinq utilisent des blockchains publiques, à savoir Cosmos (ATOM), Polkadot (DOT), Chainlink (LINK), Fusion (FSN) ainsi que Quant (QNT). Les deux autres étant les solutions privées DAML de ASX et Interledger.
Bien que le crypto euro ne soit pas abordé dans ce rapport, l’exploration des cinq blockchains publiques citées ci-dessus par la Banque Centrale européenne, notamment dans le cadre de l’interopérabilité, laisse à penser qu’une d’elles pourrait être choisie pour supporter la nouvelle crypto monnaie européenne. En effet, si l’objectif est de créer des infrastructures sur des solutions existantes, ayant d’ores et déjà résolu la question de l’interopérabilité, ces projets pourraient être des solutions de choix.
Malheureusement, cet espoir pourrait être réduit à néant sachant que l’Europe boude les solutions de blockchain publiques pour leur préférer une solution privée, par définition plus malléable et contrôlable. En effet, cela fait plusieurs années que la BCE s’entête à vouloir discréditer les blockchains publiques, malgré leurs ascensions fulgurantes et l’innovation qu’elles apportent.