Aujourd’hui, la majorité des blockchains s’appuient sur l’internet public, un réseau centralisé, peu prévisible, souvent congestionné et sujet à une latence élevée.
Même les blockchains les plus performantes se heurtent à un bottleneck physique qui limite leur potentiel.
C’est pour résoudre ce goulet d’étranglement que le projet Double Zero a été créé.
- Double Zero est une nouvelle infrastructure physique décentralisée, conçue pour améliorer la vitesse, la latence et la fiabilité des communications blockchain.
- L’infrastructure repose sur deux anneaux : un réseau en fibre optique (anneau interne) pour la performance, et des FPGA (anneau externe) pour filtrer et optimiser le trafic dès l’entrée.
- Déjà déployé dans 17 villes, Double Zero veut devenir la colonne vertébrale des blockchains modernes
Origine du projet
L’idée de Double Zero est née de l’expérience de ses fondateurs dans le domaine du trading à haute fréquence (HFT ou High Frequency Trading) et des télécoms.
Ils ont remarqué que le trading ultra-rapide (HFT) et la blockchain, deux univers très proches, utilisent des infrastructures réseau radicalement différentes.
- Côté HFT : des réseaux privés, construits pour être rapides, stables, et ultra-fiables.
- Côté blockchain : l’internet public, connu pour sa lenteur, son imprévisibilité et ses performances fluctuantes.
À l’époque, ce décalage n’était pas important. Ethereum gérait très peu de transactions par seconde, donc la faiblesse du réseau ne se faisait pas trop sentir.
Mais avec l’arrivée de blockchains plus rapides (Solana, Sui, Aptos…) et l’arrivée des solutions de Layer 2, le problème est devenu évident : il n’existe aucune couche réseau réellement optimisée pour absorber des millions de transactions par seconde.
L’objectif est de répondre à ce besoin, en construisant une infrastructure physique capable d’offrir des performances élevées, stables et prévisibles, comme celles exigées dans le monde du HFT.
C’est là qu’intervient Double Zero avec une ambition claire : créer une nouvelle infrastructure physique, capable de fournir la bande passante et la faible latence nécessaire aux blockchains modernes.
Une architecture pensée pour la performance
L’infrastructure de Double Zero repose sur deux anneaux complémentaires :
- Un anneau externe pour filtrer et sécuriser les données dès l’entrée
- Un anneau interne pour les acheminer rapidement et efficacement sur des connexions dédiées
Anneau interne
L’anneau interne repose sur les câbles de fibre optique.
Ces connexions, capables de transporter d’énormes volumes de données à très grande vitesse, sont la colonne vertébrale d’internet.
Or, une grande partie de cette capacité reste aujourd’hui inutilisée : selon la FCC, seulement 35 % des fibres installées aux États-Unis sont réellement exploitées.
Cette abondance de « dark fiber » représente une opportunité pour Double Zero.
Contrairement à l’internet public, où les données sont routées selon des critères de coût, souvent au détriment de la performance, Double Zero adopte une logique inversée : priorité à la rapidité, à la stabilité et à la prévisibilité.
Dans des secteurs où chaque milliseconde compte, comme le trading à haute fréquence, les entreprises réservent depuis longtemps des connexions privées pour garantir des temps de réponse constants.
Pour cela, elles louent de la bande passante sur des câbles en fibre optique, généralement via de grands opérateurs.
Mais elles tendent à surdimensionner leur capacité, en réservant beaucoup plus de bande passante qu’elles n’en utilisent réellement au quotidien.
C’est précisément ce surplus sous-exploité que Double Zero propose de mettre à profit.
Les détenteurs de fibres (ou les entreprises qui en louent l’accès) peuvent rejoindre un réseau décentralisé en mettant à disposition leur bande passante inutilisée.
En échange, ils s’engagent à garantir :
- Une latence basse
- Un débit garanti
- Une disponibilité constante
Cela permet de créer une couche réseau optimisée, capable de soutenir les exigences des blockchains modernes, là où l’internet public montre rapidement ses limites.
Anneau externe
L’anneau externe repose sur les FPGA (Field-Programmable Gate Arrays), des composants matériels spécialisés, déployés à des points clés du réseau.
Ils sont conçus pour traiter en temps réel de très gros volumes de données entrantes.
Leur rôle est de filtrer le trafic dès l’entrée du réseau.
Ceux-ci s’occupent de repérer et d’éliminer le spam, de supprimer les doublons et de vérifier la validité cryptographique des transactions.
Toutes ces étapes sont effectuées en amont, avant que les données ne parviennent aux validateurs.
Cela permet aux machines en charge de créer les blocs, d’être beaucoup moins sollicitées, car elles reçoivent déjà un flux de données propre et allégé.
Prenons l’exemple de Solana. Aujourd’hui, ses validateurs doivent s’occuper de tout : recevoir les transactions, les trier, les vérifier, construire les blocs, et participer au consensus. Ce fonctionnement “tout-en-un” est efficace jusqu’à un certain point, mais finit par devenir un frein, car chaque validateur doit traiter l’intégralité de la charge.
Double Zero change ce modèle en externalisant les tâches lourdes.
Les validateurs ne reçoivent que les transactions pertinentes, prêtes à être ajoutées à la blockchain.
Ce qui signifie moins de calculs, moins de bande passante utilisée, et une plus grande capacité à traiter des transactions.
À terme, Double Zero utilisera aussi du multicast : une technologie qui permet d’envoyer simultanément les mêmes données à plusieurs validateurs, sans avoir à les dupliquer.
Cela permet d’économiser de la bande passante, de réduire la latence, et d’améliorer la synchronisation du réseau.
En combinant ces éléments (fibres dédiées, filtrage par FPGA, diffusion optimisée), Double Zero permet de réduire la latence, tout en offrant une meilleure bande passante.
Cas d’usage : à quels besoins répond Double Zero ?
L’infrastructure développée par Double Zero a été créée pour répondre aux besoins des blockchains.
- Pour les Layer 1, elle améliore la vitesse de propagation des blocs et des votes de consensus, ce qui renforce la stabilité du réseau, surtout en période de forte activité.
- Pour les solutions Layer 2, elle permet une coordination plus fluide entre séquenceurs, ce qui permet une meilleure efficacité transactionnelle.
- Les nœuds RPC profitent aussi de cette couche réseau dédiée. Lors de pics de trafic, comme les claims d’airdrops, ils sont souvent submergés. En acheminant les données plus vite et de manière plus fiable, Double Zero les aide à mieux encaisser les pics de charge.
- Les acteurs du MEV (Maximal Extractable Value) profitent également de cette architecture. Avec une latence réduite, ils peuvent détecter plus rapidement les opportunités d’arbitrage et intervenir plus efficacement.
Mais le champ d’application de Double Zero ne s’arrête pas à la blockchain.
La capacité du réseau à gérer de gros volumes de données avec régularité et vitesse ouvre la porte à d’autres usages.
Le gaming, la diffusion de médias, l’intelligence artificielle décentralisée pourraient également profiter de cette infrastructure.
Modèle économique de Double Zero
Pour les validateurs
Les validateurs qui utilisent le réseau Double Zero améliorent leurs performances et, par conséquent, augmentent leurs revenus.
En échange de ces gains, ils reversent une petite part de leurs bénéfices (par exemple 1 %) à Double Zero.
Ces revenus sont ensuite regroupés dans un panier et mis aux enchères à chaque époque.
Pour l’acquérir, il faudra l’acheter en token Double Zero.
Les tokens utilisés lors de l’enchère sont ensuite brûlés, ce qui réduit l’offre en circulation.
Pour maintenir un système d’incitation actif, 50 % des tokens brûlés sont recréés et distribués aux membres actifs du réseau.
Ce mécanisme permet à la fois de récompenser les participants engagés, de contrôler l’émission du token, et de faire circuler la valeur entre les différents acteurs de manière durable.
Pour les contributeurs
Les contributeurs mettent à disposition leur bande passante à travers les câbles de fibre optique qu’ils possèdent ou louent.
Pour rejoindre le réseau Double Zero, ils doivent staker des tokens sur les routes qu’ils souhaitent proposer (Par exemple : Paris – New York).
Ce dépôt sert de garantie.
Il engage le contributeur à respecter un certain niveau de qualité de service, en termes de débit, de stabilité et de disponibilité.
Si la bande passante fournie est inférieure à celle annoncée, une partie des tokens mis en jeu peut être confisquée. Cela permet d’assurer que seuls les participants fiables restent actifs sur le réseau.
En échange, les contributeurs perçoivent deux formes de rémunération:
- Une rémunération proportionnelle au volume réel de données acheminées via leurs routes.
- L’inflation du token de Double Zero, qui vient compléter les gains pour récompenser les contributions régulières et de qualité.
Tokenomics
Pour l’instant il n’y a pas encore de tokenomics clair, mais on sait que le projet a levé 28 millions de dollars pour une valorisation de 400 millions $.
Une vente privée est actuellement en cours sur CoinList, portant sur 1,5 % de l’offre totale du token 2Z. Celle-ci est toutefois réservée exclusivement aux validateurs des réseaux Solana, Aptos, Avalanche, Celestia et Sui.
Depuis février 2025, le projet est en testnet fermé. Toutefois, une roadmap a récemment été publiée : le lancement du testnet public est prévu pour mai 2025, tandis que le déploiement du mainnet et du token 2Z est attendu pour le troisième trimestre 2025.
Conclusion
Aujourd’hui, Double Zero connecte déjà 17 villes dans 12 pays, avec une capacité totale de 20 gigabits par seconde.
D’après Austine Federa, l’objectif à terme est d’atteindre entre 100 et 400 Gbps.
La solution proposée permet de résoudre le Bottleneck qu’est la vitesse et la fiabilité des communications entre les acteurs de la blockchain.
Cela permettrait aux blockchains de demain d’être nettement plus rapides et efficaces.
Cependant, la réussite du projet dépendra de sa capacité à réunir une base solide d’utilisateurs (validateurs, RPC, projets Web3) et à convaincre un nombre suffisant de fournisseurs de bande passante de rejoindre le réseau.
En attendant, Jito travaille déjà sur des optimisations de son client spécifiques à Double Zero, ce qui pourrait être un signe que Double Zero a déjà trouvé son Product-market fit.
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