- Do Kwon, fondateur de Terraform Labs, a plaidé coupable à deux chefs d’accusation de fraude aux États-Unis, réduisant sa peine maximale de 135 à 25 ans, avec une recommandation du DOJ à 12 ans.
- Il admet avoir trompé les investisseurs de l’UST en mentant sur sa capacité à maintenir son peg, tout en restituant 19,3 millions de dollars et en cédant des biens pour indemniser les victimes.
- Les poursuites continuent en Corée du Sud, et l’affaire reste un symbole majeur des dérives de la crypto, ayant précipité pertes massives, faillites et régulation accrue.
Trois ans après l’effondrement à 60 milliards de dollars de l’écosystème Terra/Luna, Do Kwon, 33 ans, a finalement reconnu devant un tribunal américain avoir orchestré une fraude massive autour du stablecoin UST. Un aveu qui marque un point de non-retour pour l’ex-star de la DeFi, jadis persuadée que son projet était “inébranlable”.
Un accord qui réduit sa peine… mais pas ses ennuis
Poursuivi initialement pour neuf chefs d’accusation, dont fraude sur valeurs mobilières et matières premières, Kwon risquait jusqu’à 135 ans de prison. En plaidant coupable à deux chefs majeurs, conspiration en vue de commettre une fraude et fraude électronique, il a négocié un allègement drastique : une peine maximale théorique de 25 ans, ramenée à 12 ans recommandés par le Département de la Justice (DOJ).
En contrepartie, il devra renoncer à contester les faits, restituer près de 19,3 millions de dollars, céder plusieurs biens de valeur et indemniser les victimes.
Mais le juge Paul Engelmayer, qui préside l’affaire, n’est pas tenu de suivre la recommandation du DOJ. En clair, la sentence finale, prévue pour le 11 décembre à Manhattan, pourrait être plus lourde.
Des aveux qui confirment les soupçons
En 2021, j’ai fait des déclarations fausses et trompeuses sur les raisons pour lesquelles l’UST a retrouvé son ancrage.
Ce que j’ai fait était mal et je tiens à présenter mes excuses pour mon comportement.
En combinaison jaune et menottes aux poignets, Do Kwon a reconnu avoir “sciemment trompé” les acheteurs d’UST entre 2018 et 2022, aux États-Unis comme en Corée du Sud. Il a admis avoir diffusé des déclarations mensongères sur la capacité du stablecoin à retrouver son peg (ancrage) au dollar, alors qu’une société de trading était intervenue pour sauver la parité.
Son mea culpa tranche avec l’arrogance passée de celui qui, en 2021, n’hésitait pas à ridiculiser ses détracteurs d’un “Have fun staying poor” devenu viral.
Un feuilleton judiciaire à plusieurs volets
Cet accord n’efface pas les poursuites toujours en cours en Corée du Sud, où Do Kwon pourrait être jugé pour des faits similaires. Il est aussi déjà reconnu coupable de fraude civile par un jury new-yorkais dans une affaire intentée par la SEC, ici aussi à la suite de l’implosion de l’UST.
Après son arrestation au Monténégro et une bataille d’extradition, il est détenu aux États-Unis depuis janvier 2025. Au moment de son verdict, il aura passé presque un an derrière les barreaux américains.
Un symbole fort pour le marché crypto
L’affaire Do Kwon reste l’un des scandales les plus retentissants de l’histoire des cryptomonnaies. L’effondrement de TerraUSD et du token Luna avait déclenché une réaction en chaîne : pertes colossales pour les investisseurs, faillites en cascade de plateformes, et vague de régulation accélérée dans le monde entier.
En décembre, le juge tranchera entre la clémence négociée et la sévérité exemplaire…
