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Dernière modification effectuée le 23.08.2022 17:27
C’est une décision logique, mais qui devrait faire date dans l’histoire de la décentralisation. En effet, le plus célèbre des protocoles DeFI, Uniswap, vient de dévoiler avoir bloqué 253 adresses pour respecter la réglementation américaine en rapport avec Tornado Cash.
Alors que l’ensemble de la communauté se remet seulement du tour de force effectué par les autorités américaines pour mettre un terme au protocole Tornado Cash au début du mois d’août, cette révélation devrait contribuer à fragiliser un peu plus le secteur de la DeFI.
Sans pour autant être une surprise, l’impossibilité pour certaines adresses d’utiliser Uniswap démontre que la décentralisation n’est pas encore totalement aboutie.
Néanmoins, la compréhension d’une telle décision est indispensable pour imaginer le probable futur du secteur. En effet, les gouvernements continueront de faire la chasse à ces protocoles, mais des solutions existent.
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Uniswap bloque 253 adresses de son protocole
En avril dernier, Uniswap s’est associé à une entreprise spécialisée dans l’analyse de données sur la blockchain nommée TRM Labs. La plus-value de ce partenariat est d’offrir à Uniswap le droit d’exploitation d’un algorithme développé par TRM Labs.
Concrètement, ce programme permet à Uniswap d’affecter un niveau de risque à toute adresse utilisant son protocole.
Décomposé en 7 catégories différentes, englobant tout à la fois la lutte contre le financement du terrorisme ou encore les adresses liées à des hacks, ce programme aide Uniswap a filtrer certaines adresses de son protocole en les classant par niveau de risque entre élevé et grave.
Le blocage de ces 253 adresses en seulement quelques mois a été communiqué par un ingénieur, Jordan Frankfurt, dans un post de blog décrivant la procédure de censure opérée par le programme TRM.
Des incohérences dans la prise de décision du programme
Certaines incohérences repérées par l’un des développeurs du protocole yEarn, Banteg, ont été mises en exergue par un thread sur twitter.
D’abord, il explique que plusieurs adresses sont associées à plusieurs catégories différentes. Il décrit ce phénomène comme « une combinaison très improbable d’activités criminelles ». De plus, sur les 253 adresses bloquées, 30 seraient directement liés à une adresse ENS.
Or, selon lui, la probabilité pour que ces adresses soient utilisées par des utilisateurs légitimes est haute. Ainsi, ces derniers seraient seulement des dommages collatéraux d’un programme mal réglé.
Néanmoins, en réponse à Banteg, Jordan Frankfurt a précisé qu’Uniswap prenait soin de ne plus inclure des adresses étant indirectement liées à des adresses sanctionnées.
La décentralisation dans une impasse ?
Cette nouvelle affaire soulève de nombreuses interrogations quant à la capacité de la DeFI de répondre réellement à l’enjeu de décentralisation. Depuis plusieurs mois, la majorité des protocoles se soumettent à la régulation pour éviter les conséquences juridiques.
Aux États-Unis, les sanctions liées à l’absence de lutte contre le financement du terrorisme, mais aussi à la possibilité laissée à des résidents de pays sanctionnés économiquement peuvent déboucher sur de graves procédures juridiques.
Dès lors, il est inévitable de voir ces protocoles se conformer rapidement aux règles du jeu, quitte à procéder à de la censure. Néanmoins, pour le cas d’Uniswap, comme ce fut le cas pour Tornado Cash, il est toujours possible pour les adresses bloquées d’utiliser le protocole.
En effet, seul l’accès au front-end est impossible pour les adresses sanctionnées. À l’inverse, l’interaction avec le smart contract est totalement possible. Ainsi, les personnes concernées peuvent toujours se servir de Uniswap, mais seulement avec la pénalité de ne pas pouvoir utiliser l’interface utilisateur.
Désormais, la question est de savoir jusqu'où Uniswap est prêt à aller pour respecter la réglementation en vigueur, mais l’avenir promet d’apporter des réponses très rapidement.