Crypto et banques : La FDIC amorce un virage stratégique sur le « risque réputationnel »

La FDIC abandonne le « risque réputationnel » comme critère de supervision bancaire, ouvrant la voie à un meilleur accès des entreprises crypto aux services financiers.
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  1. La FDIC amorce un changement stratégique en abandonnant l’usage du « risque réputationnel » comme critère de supervision, ouvrant la voie à un traitement plus équitable pour les entreprises crypto.
  2. Cette décision s’inscrit dans une dynamique politique portée par les républicains, avec notamment le FIRM Act qui vise à interdire cette pratique dans toute supervision bancaire fédérale.
  3. La fin de ce levier réglementaire, souvent utilisé pour exclure discrètement les entreprises crypto, est perçue comme une victoire contre la stratégie informelle appelée « Chokepoint 2.0 ».

Vers la fin d’un levier controversé dans la supervision bancaire

Sous la pression croissante des législateurs républicains et des acteurs de l’industrie crypto, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) annonce un changement de cap historique : l’abandon progressif du concept de « risque réputationnel«  dans ses mécanismes de supervision. Cette initiative intervient dans un contexte tendu, où plusieurs entreprises liées aux actifs numériques dénoncent leur exclusion systématique de services bancaires essentiels.

Dans une lettre adressée lundi au représentant Dan Meuser, Travis Hill, président par intérim de la FDIC, affirme que l’agence travaille activement à un nouveau cadre réglementaire pour les actifs numériques. Il y précise que les régulateurs ne devraient plus utiliser le risque réputationnel comme base pour critiquer ou sanctionner les activités bancaires.

La réputation d’une banque est importante, mais la plupart des menaces qui y sont liées se manifestent déjà à travers les canaux traditionnels comme le risque de crédit ou le risque de marché.

Un signal fort à l’industrie crypto

Ce repositionnement marque une victoire symbolique pour les défenseurs de l’écosystème crypto. Depuis des années, de nombreuses entreprises du secteur dénoncent leur mise à l’écart par les institutions bancaires, malgré des bilans solides et une conformité réglementaire croissante. La suppression du « risque réputationnel » comme critère d’évaluation ouvre la voie à un accès plus équitable aux services financiers.

Matthew Sigel, responsable de la recherche sur les actifs numériques chez VanEck, a salué cette annonce comme un « grand pas en avant contre Chokepoint 2.0« . Cette expression, popularisée par l’investisseur Nic Carter, désigne une stratégie officieuse des régulateurs américains visant à marginaliser certaines industries en restreignant leur accès au système bancaire, sous couvert de considérations morales ou politiques.

Une dynamique politique affirmée

Le mouvement engagé par la FDIC s’inscrit dans un élan plus large initié au Congrès. Le président républicain de la commission bancaire du Sénat, Tim Scott, a récemment proposé le FIRM Act, un projet de loi visant à interdire l’usage du risque réputationnel dans toute supervision bancaire fédérale. Le texte a franchi une première étape avec le soutien de la majorité républicaine, bien qu’aucun sénateur démocrate ne l’ait approuvé.

De son côté, l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC) a également décidé, la semaine dernière, de retirer toute référence au risque réputationnel de ses manuels et directives. Si l’agence précise que cela ne modifie pas ses attentes générales en matière de gestion des risques, la coordination de ces annonces démontre une volonté fédérale de réformer en profondeur les outils de supervision.

Débanking, crypto et l’ombre de Trump

Cette remise en question du risque réputationnel trouve aussi un écho politique fort dans la campagne présidentielle. Donald Trump, désormais président, a promis de mettre fin à toute forme de discrimination bancaire envers des secteurs jugés sensibles. Il a explicitement repris le terme « Operation Choke Point 2.0« , critiquant une approche qu’il considère comme politisée.

Pour les acteurs de la finance numérique, cette évolution pourrait ouvrir une nouvelle ère : celle d’un accès normalisé au crédit et aux services bancaires, fondé sur les fondamentaux économiques plutôt que sur des jugements subjectifs ou idéologiques.

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