Aave en crise ouverte : la guerre de gouvernance qui fait plonger le token

Aave traverse une crise de gouvernance majeure opposant Aave Labs à la DAO, révélant un conflit explosif sur les revenus, la marque et la propriété réelle d’un protocole DeFi.
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  1. Le token AAVE chute de plus de 14 % après la révélation d’un détournement de revenus liés au frontend, désormais perçus par Aave Labs sans validation formelle de la DAO.
  2. Aave Labs affirme que la DAO ne possède que le protocole onchain, tandis que la marque, le site et l’infrastructure resteraient sa propriété, déclenchant une fracture idéologique majeure.
  3. Des propositions radicales de saisie de la marque et de l’IP font exploser la gouvernance et posent un précédent historique sur la propriété réelle des protocoles DeFi.

    Aave traverse l’une des crises de gouvernance les plus violentes jamais vues dans la DeFi. En moins de 48 heures, le token AAVE a chuté de plus de 14 %, pris dans une tempête interne opposant Aave Labs, la société fondée par Stani Kulechov, et l’Aave DAO, censée incarner le pouvoir des détenteurs de tokens. En jeu : des millions de dollars de revenus, le contrôle de la marque et, plus fondamentalement, la question explosive de la propriété réelle d’un protocole décentralisé.

    Le point de départ est technique, mais les conséquences sont politiques. Début décembre, Aave Labs annonce l’intégration de CoW Swap sur l’interface Aave afin d’améliorer les prix et la protection contre le MEV. Quelques jours plus tard, un délégué publie une analyse onchain montrant que les frais générés par cette intégration ne remontent plus vers la trésorerie de la DAO, mais vers un portefeuille privé contrôlé par Aave Labs.

    Accusations de « privatisation furtive » de la DAO

    Pour Marc Zeller, figure centrale de la gouvernance et responsable de l’Aave Chan Initiative, la situation est claire : la DAO aurait perdu jusqu’à 10 millions de dollars de revenus annuels sans vote ni validation formelle. Il parle de « stealth privatization », une privatisation déguisée de flux économiques censés revenir aux détenteurs d’AAVE.

    Aave Labs se défend vigoureusement. Selon Stani Kulechov, ces revenus ne relèvent pas du protocole mais du frontend, financé, maintenu et sécurisé par Labs. Les flux précédemment reversés à la DAO étaient, selon lui, des contributions volontaires, et non un droit acquis. Le protocole appartient à la DAO. Le site, la marque et l’infrastructure, non.

    Cette ligne de défense n’a pas calmé la colère. Au contraire, elle a ouvert une fracture idéologique profonde.

    Des propositions radicales qui font exploser la gouvernance

    Le 16 décembre, la crise bascule. Une première proposition, surnommée « poison pill », exige la saisie de toute la propriété intellectuelle d’Aave, la transformation d’Aave Labs en filiale détenue par la DAO et la récupération rétroactive de tous les revenus générés via la marque.

    Dans la foulée, une seconde proposition, dite de « brand seizure », réclame le transfert immédiat à la DAO des marques, noms de domaine, réseaux sociaux et dépôts GitHub. Sa logique : si la DAO finance le développement et le marketing, elle doit posséder les actifs immatériels.

    Puis survient l’élément le plus inflammable. Aave Labs déclenche un vote Snapshot reprenant largement cette proposition… au nom de son auteur présumé, Ernesto Boado, ancien CTO d’Aave Labs. Problème : Boado affirme publiquement n’avoir jamais validé cette mise au vote. Il parle d’un passage en force, dénonce une rupture de confiance et appelle les token holders à s’abstenir. Stani répond en insistant sur les points techniques et Zeller le reprend sur le fond : la guerre est toujours ouverte.

    Marché en alerte, précédent historique en vue

    Le marché n’a pas attendu l’issue du vote pour trancher. Une vague de ventes a frappé AAVE, entraînant une chute brutale du prix sous les 160 dollars. Les probabilités de validation du vote, selon Polymarket, sont tombées autour de 25 %, signe d’un profond malaise.

    Au-delà du prix, l’enjeu est existentiel. Cette crise dépasse largement Aave. Elle pose une question que toute la DeFi évite depuis des années : qui possède réellement un protocole ? Le code déployé onchain ? L’interface utilisée par 90 % des utilisateurs ? Ou la marque, qui concentre la valeur économique et le pouvoir symbolique ?

    Aave est en train de tester, en conditions réelles, les limites du modèle DAO face à des entités centralisées indispensables à son fonctionnement. Quelle que soit l’issue du vote, une chose est certaine : la DeFi ne pourra plus ignorer cette question. Et le précédent qui en sortira fera date.

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