Introduction
L’histoire du web a débuté dans les années 1990, bien après l’avènement d’Internet. Bien que souvent confondu avec le terme “Internet”, le web renvoie en fait au terme “World Wide Web”, qui n’est autre qu’un système hypertexte permettant de naviguer d’une page à l’autre sur le web.
La nature du web a radicalement changé depuis les années 1990. D’abord présenté uniquement comme un support de lecture avec le web 1, le web 2 a ensuite servi de support d’écriture grâce à l’avènement des réseaux sociaux. Depuis maintenant quelques années, un nouveau web émerge, exploité et construit par ses utilisateurs, et au sein duquel il est désormais possible de détenir de la valeur : c’est ce qu’on appelle le web 3.
L’historique du web, des années 90 à aujourd’hui
Web 1.0 : Lire sur le web
Le Web 1 correspond à l’Internet des années 1990 et du début des années 2000, également appelé l’internet « lu ». À l’époque, le web permettait uniquement aux internautes de lire et de télécharger des informations. Ce n’était autre qu’une version informatisée de médias déjà existants, comme des journaux ou des bulletins d’information.
Web 2.0 : lire et écrire sur le web
Né dans les années 2004/2005, le web 2 est surnommé l’internet de l’écriture. Le terme “Internet de l’écriture” renvoie à la possibilité pour les utilisateurs de non seulement lire des informations, mais aussi d’y réagir, par l’intermédiaire notamment des réseaux sociaux.
Le web 2 a complètement changé notre façon de vivre et de communiquer. Les plateformes comme Google, Amazon ou Facebook sont devenues des mastodontes de l’économie. Néanmoins, des critiques émergent vis-à-vis de ces géants du web qui sont aujourd’hui en situation de monopole. En effet, en échange de leurs services, ces entreprises utilisent et conservent nos données personnelles. En tant qu’utilisateur, il est donc nécessaire de leur faire confiance.
De plus, l’architecture actuelle web 2 offre la possibilité pour ses entreprises de contrôler ce qui y est dit, notamment par la censure. Le web 3 tente donc de lutter contre ces dérives en proposant une nouvelle architecture.
Web 3.0 : lire, écrire, et détenir sur le web
Le concept de « Web 3.0 » a été inventé par le cofondateur d’Ethereum, Gavin Wood, peu après le lancement d’Ethereum en 2014. Très vite, il a établi un constat : le Web 2 exige de devoir faire confiance à des acteurs centralisés, comme Google, Amazon ou Facebook. Or, cela pose un problème, car ces entreprises ne fonctionnent pas toujours dans l’intérêt du grand public, notamment sur des questions de confidentialité et de propriété des données.
Ainsi, le web 3 tente de répondre à ces problématiques en s’appuyant sur la technologie blockchain pour fonctionner. L’idée du web 3 est de proposer une alternative décentralisée, à partir de laquelle les utilisateurs peuvent détenir de la valeur sur le web (la valeur étant soit des données, soit des actifs ayant une réelle valeur). La blockchain joue le rôle d’infrastructure du web 3 et permet à ce dernier de fonctionner sans intermédiaire de confiance.
Les principales caractéristiques du web 3.0
Le web 3, tout comme la blockchain, possède des caractéristiques qui lui sont propres :
- Décentralisation : Généralement, les plateformes appartenant au web 2 sont gérées par des entreprises centralisées. Cela engendre un risque pour les utilisateurs, tout d’abord en termes de droit d’utilisation des données, mais aussi en termes d’attaques ou de censure. Avec le Web 3, les données sont stockées sur la blockchain, qui par essence est décentralisée. Les applications construites sur le web 3 sont également décentralisées, c’est-à-dire que leur gouvernance n’est pas gérée par une seule entité, mais par tous ses utilisateurs. Il arrive par exemple souvent que les choix d’évolution d’une plateforme web 3 soit décidé de manière démocratique par les utilisateurs du protocole lui-même
- Sans confiance (trustless) : Outre la décentralisation, le Web 3 fonctionne également sans confiance, c’est-à-dire que le réseau permet aux utilisateurs d’interagir directement avec les protocoles sans avoir besoin de passer par un intermédiaire de confiance.
- Sans permission (permissionless) : Le web 3 est également sans permission, autrement dit n’importe qui peut utiliser les applications construites sur le web 3. Plus besoin de KYC ou de vérification d’identité avant d’utiliser une application ou un protocole.
- Crypto-friendly : le web 3 utilise les crypto monnaies pour échanger de la valeur dans le monde.
Les applications du web 3.0
Grâce aux caractéristiques de la blockchain (décentralisée, non censurable, ouverte à tous), le web 3 a permis de créer de nombreuses nouvelles applications qui n’existaient pas avant, dont :
- Les NFT : Les jetons non fongibles (NFT) permettent pour la première fois sur le web d’attribuer un caractère unique à une image ou un actif. Avant l’émergence des NFT, une image n’avait aucune valeur sur le web, puisqu’elle pouvait être copiée-collée à l’infini
- La DeFi : La finance décentralisée (DeFi) s’appuie sur la blockchain afin de proposer des services financiers décentralisés, c’est-à-dire sans intermédiaire de confiance. Par exemple, il est possible d’emprunter de l’argent sur des protocoles / plateformes DeFi, en déposant un collatéral, et tout cela sans l’accord ou la supervision d’une banque
- Les crypto monnaies : Elles servent à s’échanger de la valeur sur le web
- Les dApps : Les applications décentralisées sont des applications construites sur la blockchain qui utilisent des contrats intelligents
- Les DAOs : Acronyme de “Decentralized Autonomous Organization”, les DAOs sont des organisations permettant de diriger la gouvernance d’un protocole. Elles permettent aux protocoles d’évoluer grâce à une gouvernance distribuée entre chaque utilisateur. À chaque nouvelle proposition, les utilisateurs sont invités à voter, chaque vote étant enregistré sur la blockchain
- Le Metaverse : Formé des mots “meta” et “verse” qui signifient respectivement “au-delà” en grec et “univers” (verse étant la contraction d’universe), le métavers se définit comme un espace collectif virtuel. La blockchain permettra d’y intégrer des notions de propriété notamment, grâce aux NFTs
Le web 3.0 : véritable révolution ou buzzword ?
Le web 3 fait beaucoup parler ces dernières années. Révolution, buzzword, arnaques… Tous les termes ont été utilisés pour qualifier ce nouveau web. Certains le qualifient de révolution technologique quand d’autres s’interrogent sur sa réelle utilité.
Récemment, c’est le patron de Tesla, Elon Musk, qui s’interrogeait sur l’intérêt du web 3 dans un tweet :
L’ancien PDG de Twitter, Jack Dorsey, a quant à lui remis en cause la décentralisation du web 3. Dans un tweet, il a souligné l’importance toujours aussi présente des fonds d’investissement, et a mis en garde les utilisateurs sur l’illusion d’une réelle décentralisation.
D’autres critiques sont apparues quant à la consommation énergétique de certaines blockchains, essentielle à l’infrastructure web 3.
Enfin, au-delà des critiques sur son manque réel de décentralisation et sur sa consommation énergétique, des incertitudes ont été émises quant à la possibilité technique de réellement décentraliser le web. Certaines critiques soutiennent que le web 3 ne serait qu’une utopie, et que l’idée d’une décentralisation à l’échelle mondiale poserait de nombreux problèmes, notamment en termes de scalabilité. Ethereum, la blockchain sur laquelle la majeure partie de la finance décentralisée est construite, reste d’ailleurs globalement inefficace en raison de ses coûts de transactions élevées.
Conclusion
Le web 3 est un écosystème encore jeune et en pleine évolution. L’intérêt pour ce web a considérablement augmenté ces deux dernières années, notamment grâce à l’explosion du prix des crypto monnaies. Néanmoins, le web 3 n’en est qu’à ses débuts. De nombreuses évolutions sont à venir, surtout en termes de scalabilité afin de rendre ces technologies accessibles à tous.
À l’heure où les préoccupations concernant les données personnelles et la confidentialité sur Internet sont au cœur des débats publics, le web 3 fait sens : pour la première fois de l’histoire du web, les utilisateurs peuvent bénéficier d’un meilleur contrôle de leurs données, d’une meilleure confidentialité et d’une plus grande décentralisation.