- Do Kwon a été condamné à 15 ans de prison par un tribunal fédéral de New York pour fraude et complot, une peine supérieure aux réquisitions des procureurs et très au-delà de la demande de la défense.
- Cette décision clôt judiciairement l’affaire Terra, dont l’effondrement a détruit près de 50 milliards de dollars en mai 2022
- Le juge a qualifié la fraude de massive et moralement aggravée, soulignant que Do Kwon exhortait publiquement les investisseurs à rester exposés pendant que des proches du projet sortaient discrètement de leurs positions. Sa fuite internationale avec de faux passeports a également pesé lourdement dans la décision.
Le juge dépasse la requête des procureurs et condamne Do Kwon à 15 ans
Do Kwon passera les 15 prochaines années derrière les barreaux. Le cofondateur de Terraform Labs a été condamné par un tribunal fédéral de New York pour fraude et complot, mettant un point final judiciaire à l’un des effondrements les plus destructeurs de l’histoire de la crypto. En mai 2022, la chute de l’écosystème Terra avait effacé près de 50 milliards de dollars en l’espace de trois jours, déclenchant une réaction en chaîne sur l’ensemble du marché.
La peine prononcée par le juge Paul Engelmeyer, du district sud de New York, dépasse la demande des procureurs, qui réclamaient 12 ans, et écrase la requête de la défense, limitée à cinq ans. Do Kwon devra purger au moins la moitié de sa peine avant de pouvoir demander un éventuel transfert vers la Corée du Sud, où il reste exposé à d’autres poursuites.
Une fraude jugée massive et moralement aggravée
Lors d’une audience longue et chargée émotionnellement, le juge a insisté sur l’ampleur « stupéfiante » de la fraude, tant par les montants perdus que par le nombre de victimes. Des investisseurs ont témoigné, en personne ou par téléphone, des conséquences personnelles et familiales de l’effondrement de TerraUSD (UST) et de Luna.
Engelmeyer a également souligné le comportement de Kwon pendant la phase critique du depeg final du stablecoin UST. Alors qu’il exhortait publiquement les particuliers à rester investis, lui-même et des proches du projet commençaient à sortir discrètement de leurs positions. Une conduite qualifiée de « méprisable » par le tribunal.
Le juge a aussi rappelé la fuite prolongée de Do Kwon, passé par la Serbie puis le Monténégro avec de faux passeports, avant son arrestation alors qu’il tentait de rejoindre Dubaï. Un élément lourdement retenu contre lui au moment de fixer la peine.
Une défense balayée, un message de dissuasion assumé
La demande de cinq ans formulée par les avocats de Do Kwon a été jugée « totalement inconcevable » par Engelmeyer. Selon lui, une peine aussi clémente aurait été non seulement injustifiable, mais aussi contre-productive face à la nécessité de dissuader de futurs schémas similaires. Même la recommandation des procureurs a été jugée insuffisante pour prévenir l’émergence de « futurs Do Kwon ».
Le juge s’est montré particulièrement critique face à la communication publique de l’accusé, citant des messages moqueurs publiés sur les réseaux sociaux, dont un tweet devenu emblématique dans lequel Kwon affirmait ne pas « débattre avec les pauvres ».
Un symbole fort pour l’industrie crypto
En août, Do Kwon avait plaidé coupable pour complot en vue de commettre des fraudes sur les matières premières, les titres financiers et par voie électronique. Il avait reconnu avoir sciemment trompé les investisseurs d’UST. À l’époque, il risquait théoriquement jusqu’à 135 ans de prison, peine ramenée à un maximum de 25 ans après accord avec les procureurs.
La condamnation de Do Kwon s’inscrit dans une séquence judiciaire lourde pour l’industrie. Sam Bankman-Fried purge déjà une peine de 25 ans pour l’effondrement de FTX, tandis qu’Alex Mashinsky, fondateur de Celsius, a écopé de 12 ans. Le message envoyé par la justice américaine est clair : la fraude reste la fraude, y compris dans l’écosystème crypto, et les figures emblématiques ne bénéficieront plus d’aucune indulgence.
