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Le tribunal du Delaware a donné son feu vert au plan de faillite de FTX, marquant une étape décisive dans la résolution de l'un des plus grands effondrements de l'histoire de la cryptomonnaie. Avec cette décision, une majorité des créanciers de l'exchange en faillite devraient récupérer près de 120% de la valeur de leurs claims en dollars et non en crypto (contre 128% à 143% pour les créances de plus de $50,000).
Après des mois de négociations et plusieurs amendements, le juge John T. Dorsey du tribunal de la faillite des États-Unis pour le district du Delaware a approuvé le plan de remboursement proposé par les administrateurs de FTX. Ce plan, qui avait déjà reçu l’aval de 96% des créanciers en termes de nombre, et de 98% en termes de montants, prévoit des remboursements en cash.
Les créanciers peuvent espérer récupérer en moyenne 118% de la valeur de leurs avoirs à la date du dépôt de bilan de FTX en novembre 2022. Pour ceux dont les créances dépassent les $50,000, ce remboursement pourrait même atteindre 143%, bien au-delà des prévisions initiales faites il y a deux ans.
Cependant, malgré ces montants généreux, ces remboursements ne compensent pas les gains potentiels que certains créanciers auraient pu réaliser si leurs actifs en bitcoin ou autres crypto avaient été conservés jusqu'à la fin de la procédure, compte tenu de la hausse des prix des cryptomonnaies survenue après la faillite de FTX.
Bien que la majorité des créanciers aient accepté le plan, plusieurs objections ont été soulevées lors de l'audience de six heures, notamment par des entreprises comme Celsius et Layer Zero, ainsi que par des créanciers individuels. Ces derniers contestaient principalement la décision de rembourser en espèces plutôt qu’en cryptomonnaies, ainsi que la valorisation des tokens FTT – que le plan estime à zéro.
Certains créanciers ont fait valoir que, selon les termes de service de FTX, ils avaient des droits de propriété sur leurs avoirs et qu’ils devaient donc recevoir leur crypto dans sa forme d’origine, et non sous forme d'espèces. D’autres ont exprimé leur mécontentement face à la liquidation du FTT, arguant que le token devrait être évalué différemment. Mais toutes ces objections ont été rejetées par le juge Dorsey. Malgré cette décision, le prix du FTT a bondi de 55% après l’annonce de l’approbation du plan de faillite, rappelant l’imprévisibilité du marché crypto.
L’un des points les plus débattus lors de l’audience concernait la valeur du FTT, l’utility token natif de FTX. Les avocats représentant la masse des créanciers, et en particulier Brian Glueckstein, un partenaire chez Sullivan & Cromwell, ont insisté sur le fait que le FTT n'avait plus aucune valeur depuis la fermeture de FTX.com. “Le FTT n’a pas de valeur fondamentale. Son utilité était exclusivement liée à la plateforme FTX.com, qui n’existe plus,” a déclaré Glueckstein. Sans un exchange actif pour soutenir son utilisation, la valorisation du FTT est désormais considérée comme nulle.
Un autre point soulevé par les créanciers concernait la restitution des actifs en nature, plutôt que des remboursements en cash. Les avocats de FTX ont expliqué que la plateforme ne possédait tout simplement pas suffisamment d'actifs crypto pour effectuer des restitutions dans leur forme originale. Par exemple, sur les 100 000 bitcoins déposés par les clients de la plateforme, il ne restait que 105 BTC au moment de l’effondrement de FTX.
Pour restituer les montants en cryptomonnaies, FTX aurait dû racheter ces actifs sur le marché à des prix actuels, ce qui aurait été techniquement et financièrement impossible selon les experts et les avocats représentant les créanciers. Le juge Dorsey a confirmé cette conclusion, concédant que les remboursements en nature n’étaient pas envisageables dans ce contexte.
Si FTX est aujourd'hui capable de rembourser ses créanciers bien au-delà des attentes initiales, c'est grâce à plusieurs facteurs clés. Tout d’abord, la liquidation de certains investissements stratégiques de FTX, notamment une participation de 8% dans la startup d’intelligence artificielle Anthropic, vendue pour 884 millions de dollars, a permis de renflouer considérablement les caisses de la plateforme. De plus, la hausse des prix des cryptomonnaies au cours des deux dernières années a également contribué à améliorer la situation financière de l’entreprise en faillite. Enfin, les efforts de récupération d'actifs (clawbacks) menés par les administrateurs de FTX ont également permis de récupérer une partie des fonds détournés ou mal utilisés sous la direction de l'ancien PDG Sam Bankman-Fried.
Malgré le rejet de la restitution des crypto en nature, les avocats de FTX ont indiqué qu'une distribution en stablecoins pourrait encore être envisagée pour les créanciers. Quatre entreprises spécialisées dans la gestion de stablecoins sont actuellement en discussions pour faciliter ce type de distribution, bien que cette solution fasse l’objet de critiques et d’objections de la part de la Securities and Exchange Commission (SEC).
Avec l’approbation du plan de faillite, FTX tourne une page dans son histoire tumultueuse, qui a secoué l’industrie crypto. Alors que certains créanciers espéraient récupérer leurs cryptomonnaies d’origine, la décision d'un remboursement en espèces, bien que non idéale pour tous, marque la fin d’un long processus judiciaire qui aura permis de restaurer une partie des pertes pour de nombreux investisseurs lésés.
