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Le 8 août 2022, le Trésor américain annonçait avec l’OFAC (Office of Foreign Assets Control = Bureau de contrôle des actifs à l’étranger) des sanctions à l’encontre du mixeur Tornado Cash. Ces sanctions ont fini par impacter dYdX, comment est-ce possible ? Entretien exclusif.
En apprendre plus sur le ban de Tornado Cash aux États-Unis
Le site internet et le GitHub reliés au protocole ont été supprimés dans la foulée, dans l’optique de limiter l’accès aux criminels et autres hackers à des outils leur permettant de blanchir de l’argent.
Le fait que Tornado Cash soit un protocole décentralisé pourrait permettre, en théorie, au mixeur de fonctionner normalement en déplaçant simplement son front-end sur un serveur IPFS. Mais de nombreuses sanctions sont venues s’ajouter aux utilisateurs de Tornado Cash par-dessus celles du Trésor et de l’OFAC.
La société Circle, émettrice du stablecoin USDC, a suivi les États-Unis en signalant le ban de Tornado Cash à son tour, gelant ainsi plus de 75 000 USDC dans le smart contract. Par la suite, ce sont Infura et Alchemy qui entrent dans la danse. Les deux fournisseurs d’infrastructures de nœuds blockchain décident de “bloquer les requêtes RPC vers Tornado Cash“ empêchant ainsi leurs utilisateurs d’accéder au protocole de confidentialité.
Des entreprises centralisées, qui se plient aux sanctions du Trésor et de l’OFAC, rien d’exceptionnel donc ? Seulement voilà, certains utilisateurs de l’exchange dYdX ont vu l’accès de leur wallet au DEX se faire bloquer*. Parmi eux, certains ne se souviendraient pas avoir interagi avec le protocole Tornado Cash.
* Les utilisateurs concernés pouvaient tout de même fermer leurs positions et effectuer des retraits malgré le bloquage.
La communauté s’est alors questionnée au sujet de la décentralisation de la plateforme de trading dYdX. Artem Shipkov, responsable du développement marketing francophone de la dYdX foundation, a pu répondre à nos questions.
« Pour le moment, dYdX n’est pas un exchange complètement décentralisé, mais plutôt hybride, on essaye donc de respecter l’OFAC (Office of Foreign Assets Control = Bureau de contrôle des actifs à l’étranger) du mieux possible, nous n'avons pas vraiment d’autre choix à l’heure actuelle. »
« Dans les faits, c'est que l'équipe de dYdX TRADING qui s'occupe du produit est entièrement basée au États-Unis et doit respecter les demandes de l'OFAC. On peut d’ailleurs retrouver de nombreux points directement sur les conditions d'utilisations de dYdX au niveau de *2 Use of services* »
Retrouvez les conditions d'utilisation de dYdX ici.
“ Il faut savoir qu’on a déjà été surpris par la régulation directe de Circle sans préavis. Cette réaction de bloquer les fonds de Tornado Cash ou des adresses associées nous a choqués. Le fondateur de dYdX s’est d’ailleurs exprimé à ce sujet sur Twitter.”
“Je ne blâme pas Circle de l'avoir fait, ils n'avaient probablement pas le choix. dYdX met actuellement en œuvre des contrôles de sanctions sur son moteur de correspondance hébergé et devra bloquer ces adresses également.
La faute en revient au Trésor américain pour avoir interdit de facto une *technologie*.”
« Pour ce qui est de la compliance, nous travaillons avec un partenaire (une entité à part entière), qui nous aide à détecter les adresses sous sanctions, dangereuses, ou en lien avec le terrorisme par exemple. Mais ce fournisseur de conformité a réagi de manière excessive et a signalé tous les portefeuilles qui avaient la moindre association avec Tornado Cash.
De notre côté en interne on a vu pas mal d'adresse se faire signaler par ce partenaire qui a commencé à bloquer les comptes de nos utilisateurs. On a rapidement procédé à des ajustements, dans les limites de nos politiques de conformité, qui ont débloqué certains comptes et nous continuerons à faire des efforts pour limiter le signalement et suivre ce problème à l’avenir.
Aujourd'hui on ne devrait plus avoir de problème avec des adresses liées à Tornado Cash, à moins que l'adresse soit réellement signalée comme appartenant à un compte dangereux ou liée au terrorisme.”
“Aujourd'hui dYdX n'est clairement pas entièrement décentralisé. On a d'ailleurs de nombreuses régions dans le monde sous sanctions qui ne peuvent pas utiliser notre produit et ce genre de choses ne devrait pas arriver sur un “DEX”.
C'est pour ça que la V4 de dYdX doit arriver rapidement et changer les choses afin de permettre à dYdX d'être entièrement on-chain (sur sa propre blockchain Cosmos). La communauté deviendra alors décisionnaire à travers des propositions sur le forum et des votes qui ne laisseront le choix ni aux équipes dYdX, ni aux législateurs.
Encore une fois ça reste quelque chose d'assez nouveau, puisqu'on connait peu de plateformes réellement décentralisées, mais c'est ce qui est visé dans un avenir proche.”
Si de nombreux internautes ont d'abord été choqués des wallets se voyant refuser l'accès au produit dYdX, c'est tout d'abord normal, puisque plusieurs utilisateurs ont été sanctionnés à tort avant que la situation ne soit rétablie.
Mais il semblerait qu'il y est une incompréhension dans la communauté au sujet de l'exchange. En effet, dYdX ne peut se revendiquer entièrement décentralisé pour le moment et ce genre de situations sont évidentes tant que les décisions ne sont pas prises on-chain. Antonio Juliano, le fondateur de la plateforme, mentionnait d'ailleurs le fait que dYdX finirait par bloquer les mêmes adresses sanctionnées par Circle.
dYdX rappelait par la même occasion sur son compte Twitter que les fonds de ses utilisateurs ne peuvent en aucun cas être saisis par l'exchange :
On peut également noter que dYdX et son fournisseur de conformité ne s'en prennent pas aux utilisateurs eux-mêmes, mais bien aux coins et aux wallets. Il est donc théoriquement tout à fait possible pour un utilisateur voyant son wallet restreint de se créer une nouvelle adresse et donc un nouveau compte.
Pour espérer atteindre une véritable décentralisation, il nous faudra atteindre la V4 du protocole dYdX, son implémentation sur sa propre blockchain Cosmos et des décisions prises on-chain, par la communauté qui devra prendre en compte chaque proposition et ses conséquences.
