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Dernière modification effectuée le 06.09.2023 23:52
Occasion manquée pour les européens ? Le premier stablecoin indexé sur l’euro (EUROC) est officiellement en accès libre depuis le 30 juin 2022. Malheureusement pour les européens, c’est une société américaine, dénommée Circle (émettrice de l’USDC), qui en est à l’initiative et les premières conséquences de ce choix se montrent déjà : l’EUROC ne sera pas disponible ailleurs qu’aux Etats-Unis tant que la société Circle n’obtient pas les licences nécessaires pour exercer légalement sur le territoire des États-membres de l’Union européenne.
La nouvelle est confirmée par la société elle même dans une interview réalisée par le média Blockworks :
« Circle ne sollicitera pas directement des clients en dehors des États-Unis tant qu’il ne détiendra pas les licences pertinentes dans ces juridictions. »
Porte parole de Circle
Autrement dit, le stablecoin EUROC n’est négocié qu’aux Etats-Unis pour le moment et le sera ailleurs dès lors que la société Circle se mettra en conformité. La mise en conformité de Circle doit se faire dans chaque Etat, ce qui risque d’être une procédure assez longue.
Pour rappel et comme annoncé dans un précédent article, le stablecoin EUROC est disponible sur la blockchain Ethereum (ETH) et est compatible avec le standard ERC-20. La banque américaine Silvergate sera le premier dépositaire du stablecoin EUROC. Toutefois – et pour les raisons évoquées – Silvergate ne peut fournir (pour le moment) l’EUROC qu’à ses clients américains.
Lors de l’interview, un porte parole de Circle a également indiqué que le stablecoin EUROC adhèrera aux « normes réglementaires américaines qui s’appliquent aux principales entreprises de fintech et de paiement » (Paypal, Stripe, Square etc.).
Circle explique pourquoi peu de stablecoins sont rattachés à l’euro
La société Circle constate qu’avant le lancement officiel de l’EUROC, peu de stablecoins ont été émis en étant indéxés sur l’euro. Selon elle, il y a des raisons à cela. La première raison peut être liée aux taux d’intérêts négatifs en Europe.
« Les stablecoins en euros adossés à la monnaie fiduciaire utilisent les fonds collectés auprès des utilisateurs pour investir dans des obligations d’État ou pour placer cet argent sur un compte bancaire. Pour les deux variantes, les taux d’intérêt ont été négatifs pendant longtemps. Ainsi, il n’était pas rentable d’émettre un stablecoin en euros adossé à des fiats. Comme les taux d’intérêt augmentent généralement… le modèle économique derrière les stablecoins devient plus prometteur. »
Jonas Gross, responsable des actifs numériques chez Etonec
Dans le même temps, Circle pointe l’effondrement de Terra Ust, lequel a provoqué un vent de panique parmi les régulateurs européens – ces derniers travaillant activement sur l’élaboration de la réglementation MiCA 1.0. Rappelons que MiCA 1.0 fait référence au projet de règlement européen sur le “marchés des crypto-actifs” (MiCA) qui doit entrer en vigueur en 2024 au sein de l’Union européenne. Il s’agit du texte qui va encadrer les actifs numériques, l’idée étant de créer un cadre juridique harmonisé au niveau du territoire européen pour de nombreux crypto-actifs qui ne sont pas couverts par le droit de l’Union Européenne
« En raison de l’incertitude réglementaire et de la publication de MiCA dans l’UE (en ce qui concerne spécifiquement les monnaies stables), de multiples entreprises et startups en Europe hésitent à construire un stablecoin ou un stablecoin rattaché à l’Europe en particulier. »
Maximilian Forster, co-fonder et CEO de CashOnLedger
Il faut également souligner que l’Union européenne avance dans son projet de réglementation puisqu’un accord provisoire a récemment été conclu sur la réglementation des cryptos entre le Parlement européen et le Conseil.
Cet accord matérialise l’adoption de certaines obligations mises à la charge des émetteurs de stablecoins. En conséquence, de nombreux stablecoins seront soumis à des règles opérationnelles et prudentielles. Un plafond de 200 millions d’euros de transactions par jour est aussi en cours d’adoption.
Sur ce point, Ernest Urtasun, membre du Parlement européen, a tweeté que les « stablecoins devront être séparés et isolés sur le plan juridique et opérationnel et devront être entièrement protégés en cas d’insolvabilité.
3/13 Large stablecoins will be subject to strict operational and prudential rules, with restrictions if they are used widely as a means of payment, and a cap of 200€millions in transactions/day.
— Ernest Urtasun (@ernesturtasun) June 30, 2022