Julian Assange – Portrait d’un cyberactiviste à l’origine de WikiLeaks

Portrait Julien Assange

À l'origine du personnage Julian Assange

Julian Assange naît en Australie en 1971, d’une mère artiste et d’un père qu’il n’a jamais vraiment connu. Durant sa jeunesse, il voyage beaucoup dans son pays, notamment pour fuir ce qu’il appelle la “secte d’Anne Hamilton-Byrne” dans laquelle son beau-père était impliqué. De ce fait, Julian Assange fréquente une trentaine de villes et d’écoles différentes en Australie.

Julian Assange jeune

Ce style de vie nomade l’empêche de tisser de réels liens sociaux. Julian Assange se réfugie alors sur Internet et plus particulièrement, dans l’informatique et la cybersécurité. En 1994, il étudie la programmation, les mathématiques et la physique à l’Université de Queensland, puis à Melbourne en 2003.

Très doué dans les domaines du hacking et la cryptographie, Julian Assange ne termine aucun de ses diplômes, préférant alors exercer le métier de “hacker éthique” (personne cherchant des bugs dans le code des sites web pour ensuite les remonter aux entreprises concernées). Avec deux de ses amis d’Université, ils piratent le code d'institutions comme le Pentagone, la banque Américaine Citibank, le département de la Défense américain ou encore des universités.

Ces activités lui valent le fait d’être mis sur écoute par les autorités australiennes, avant d’être arrêté en 1994 pour de nombreux actes de piratages, dont il plaide coupable. Il écopera finalement simplement de plusieurs amendes après avoir dénoncé l’espionnage dont il fait l’objet.

Par la suite, Julian Assange décide de professionnaliser ses activités en devenant consultant en cybersécurité auprès de la police australienne. Il aide également l’État Australien à se doter de l’un des premiers fournisseurs d’accès à Internet.

En 1999, il enregistre le nom de domaine “leaks.org”, première pierre du projet qui le rendra quelques années plus tard célèbre. C’est un tournant dans sa vie et son travail de hacker éthique.

Orientation politique et lien avec le groupe Cypherpunk

Julian Assange ne s’est jamais revendiqué d’une orientation politique particulière. Ses activités et ses combats idéologiques ont cependant été utilisés pour le qualifier de “crypto-anarchiste”.

La crypto-anarchie est la réalisation dans le cyber-espace d'une forme d'anarchie par l'usage de la cryptographie. En assurant la confidentialité, l'authenticité et l'intégrité de leurs communications.

Sur la question de son appartenance à cette idéologique, Julian Assange répondait :

Nous sommes une organisation qui, partout dans le monde, s'emploie à dénoncer les abus, en exposant des documents concrets et des preuves de mauvais comportements. Ce n'est pas de l'anarchisme. C'est ce que les gens font quand ils sont civils, ils s'engagent dans une activité organisée qui promeut la justice.

Julian Assange fait également partie d’un groupe nommé “Cypherpunks”, formé dans les années 90 et rassemblant des geeks, informaticiens, économistes ou philosophes partageant les mêmes préoccupations concernant la vie privée et la liberté sur Internet. Les Cypherpunks sont notamment à l’origine des premiers échanges concernant les crypto-monnaies, bien avant l’arrivée du Bitcoin. Pour eux, les crypto-monnaies devaient permettre d’échanger de la valeur sans être soumis au contrôle d’une autorité supérieure. Julien Assange a donc contribué au développement du groupe depuis l’Australie, où il exerçait encore ses fonctions de consultant en cybersécurité.

Cypherpunks

Pour autant, le cœur du combat de Julian Assange demeure la quête de justice et de vérité, notamment lorsque cela touche aux secrets d’État. Il considère d’ailleurs qu’il existe une asymétrie d’information entre les États et les citoyens, dans la mesure où les États contrôlent toutes les informations concernant leurs citoyens.

Partant de ce constat, et bien aidé par son passé de hacker, Julian Assange réfléchit à utiliser des techniques informatiques et cryptographiques afin :

  1. D’aider les citoyens à protéger leurs données contre les États trop regardants
  2. De publier des informations non communiquées par les États, mais qui devraient être rendues publiques

C’est à partir de ces idées qu’il fondera WikiLeaks.

La création de WikiLeaks

Wikileaks logo

En 2006, Julian Assange crée WikiLeaks, une plateforme permettant aux lanceurs d'alertes de publier de manière anonyme des informations confidentielles tout en protégeant leurs sources. L'objectif de WikiLeaks est notamment de lutter contre l'opacité des États et des autorités gouvernementales, et de publier en dernier recours ce que les médias traditionnels ne peuvent plus publier.

Le tournant de WikiLeaks survient en 2010 lorsque la plateforme publie des informations confidentielles sur la guerre menée par les États-Unis en Irak et en Afghanistan. Dans une vidéo nommée “Collateral Murder”, les équipes de WikiLeaks révèlent les bavures commises par l’armée Américaine, qui, pour rappel, est impliquée dans la mort de centaines de civils en Irak et en Afghanistan.

Par la suite, la plateforme rendra publics plus de 250 000 câbles diplomatiques américains (un câble diplomatique est un texte confidentiel échangé de manière chiffrée entre une ambassade ou un consulat, et le ministère des Affaires étrangères du pays qu'elle représente) et pas moins de 500 000 documents classés top-secret par les autorités américaines.

À noter que la plateforme fonctionne uniquement grâce aux dons en Bitcoin, car la plateforme a été mise au ban de la finance traditionnelle. En effet, tous les canaux de paiements (VISA, Mastercard, etc.) ont été coupés et sont inaccessibles pour la plateforme. Une fois de plus, le bitcoin montre ici toute son utilité, et fait office de véritable réponse face à la censure et à l’interdiction.

julian assange extradition

Les réactions des gouvernements face aux fuites de WikiLeaks

Après que WikiLeaks ait révélé tous ces documents confidentiels, le gouvernement Américain poursuit en justice la plateforme et son fondateur, Julian Assange. De par ses actes, ce dernier risque alors jusqu’à 175 ans de prison ferme, et dans certains États, la peine de mort.

Néanmoins, au moment où WikiLeaks révèle toutes ces informations, Julian Assange vit au Royaume-Uni, en liberté surveillée. En Août 2010, il est accusé par une jeune femme en Suède d’agression sexuelle. De son côté, Assange clame son innocence et dénonce un coup monté afin de permettre son extradition vers les États-Unis.

Pour éviter toute extradition, le fondateur de WikiLeaks se réfugie alors au sein de l’ambassade de l’Équateur, à Londres, où il bénéficie d’un droit de séjour. Il y restera 7 années, avant d’être expulsé par le président équatorien en 2019. À la sortie, Assange est arrêté par la police du Royaume-Uni et incarcéré en détention provisoire dans la prison de Belmarsh. Sa libération n'est toujours pas à l'ordre du jour aujourd'hui.

À noter que Julian Assange a demandé à plusieurs reprises à obtenir l’asile politique en France, mais ses demandes ont toujours été ignorées par les gouvernements.

La situation actuelle de Julian Assange

Actuellement, Julian Assange est toujours détenu au Royaume-Uni, et les États-Unis demandent toujours son extradition, après une procédure lancée en Mai 2019.

Julian Assange prison

Quelques semaines après, en Février 2020, son procès s’est ouvert devant la justice britannique. Récemment, en Avril 2022, la cour britannique a ordonné l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis, décision qui a été approuvée par Priti Patel, la ministre de l’Intérieur Britannique.

Un recours en appel a été déposé par Assange et ses avocats en Août 2022 afin d'éviter d’être extradé.

L’ONU rappelle que :

L'éventuelle extradition de Julian Assange et les éventuelles poursuites à son encontre suscitent des préoccupations concernant la liberté de la presse et de possibles effets paralysants pour le journalisme d’investigation et les activités des lanceurs d’alerte ».

Tout au long de son affaire, de nombreux supporters de Julian Assange se sont rassemblés à Londres pour protester contre ce procès, symbole du risque encouru par les lanceurs d’alerte et aux journalistes d’investigation. À l’international, de nombreux supporters ont également fait entendre leurs voix sur les réseaux sociaux pour défendre les droits des lanceurs d'alerte et leur sécurité.

Affaire à suivre donc…

Conclusion

Le cas de Julian Assange rappelle étrangement les cas d’Aaron Swartz ou d’Edward Snowden : des militants activistes, animés par le désir de justice et de vérité, mais actuellement poursuivi et pointé du doigt par leurs propres gouvernements.

Rappelons que Julian Assange n’a fait que révéler des informations d’intérêt public, mettant en lumière les crimes de guerre commis par l’armée américaine. Le traitement actuellement réservé à tous les lanceurs d’alerte doit interpeller l’ensemble des citoyens sensibles à la conservation d’une presse libre. C’est également ce qui s’y joue lors de son procès !