- Exor, actionnaire majoritaire de la Juventus, a rejeté à l’unanimité l’offre ferme et entièrement en cash de Tether visant à racheter 65,4 % du capital.
- Tether, déjà détenteur de 10 à 11,5 % du club, souhaitait investir jusqu’à un milliard de dollars supplémentaires pour peser dans la gouvernance.
- L’annonce avait provoqué une forte hausse du token JUV, tandis que le marché actions est resté relativement prudent après le refus d’Exor.
Le rêve de Tether de devenir propriétaire à part entière de la Juventus vient de se heurter à un mur. La holding Exor, contrôlée par la famille Agnelli et actionnaire majoritaire du club turinois, a rejeté à l’unanimité l’offre ferme du géant des stablecoins visant à racheter sa participation de 65,4 %. La réponse a été claire : Exor n’a « aucune intention de vendre » ses actions, y compris à Tether.
L’offre, entièrement en cash, avait été rendue publique par Tether la veille. L’émetteur de l’USDT, déjà présent au capital du club, se disait prêt à investir un milliard de dollars supplémentaires pour soutenir le développement sportif et commercial de la Juventus. Une ambition désormais stoppée net.
Une offensive assumée de Tether dans le football européen
Tether n’en était pas à son premier signal d’intérêt. Le groupe détient déjà environ 10 % à 11,5 % du capital de la Juventus, ce qui en fait le deuxième actionnaire derrière Exor. Depuis plusieurs mois, Paolo Ardoino et son équipe affichent leur volonté de jouer un rôle plus actif dans la gouvernance du club, au-delà d’un simple investissement financier.
Dans son communiqué initial, Tether évoquait son « profond respect » pour l’histoire de la Juventus et sa volonté d’accompagner une nouvelle phase de croissance. Une stratégie cohérente avec l’expansion tous azimuts du groupe, déjà très présent dans les marchés émergents, le sport et les partenariats institutionnels.
Mais pour Exor, la ligne est rouge. La holding a qualifié l’offre de « non sollicitée » et a réaffirmé l’engagement historique de la famille Agnelli, actionnaire du club depuis plus d’un siècle.
Un club sous pression financière chronique
Cette tentative de rachat intervient dans un contexte financier tendu pour la Juventus. Le club enchaîne les pertes et a nécessité plus d’un milliard d’euros d’injections de capital sur les sept dernières années. Entre sanctions sportives, baisse de revenus et restructuration managériale, la Vieille Dame reste en phase de redressement.
C’est précisément ce terrain fragilisé qui rendait crédible l’offensive de Tether. Avec une capitalisation boursière d’environ 988 millions de dollars, la Juventus reste un actif emblématique, mais financièrement exposé. L’arrivée d’un acteur disposant d’une trésorerie massive et d’une capacité d’investissement rapide pouvait séduire certains observateurs. Pas les Agnelli.
Marchés et tokens réagissent, sans confirmation durable
L’annonce initiale de Tether avait déclenché une flambée du token JUV, lié au club, avec une hausse de plus de 32 % en 24 heures. À ce stade, le marché n’a pas encore pleinement intégré le rejet officiel d’Exor. Du côté des actions, la réaction est restée mesurée : le titre Juventus a reculé de 0,9 % lors de la dernière séance, à 2,19 euros.
Pour Tether, ce refus ne ferme pas toutes les portes. Le groupe reste un actionnaire clé et pourrait chercher à peser autrement sur la stratégie du club. Mais une chose est claire : la Juventus ne changera pas de propriétaire, du moins pas sous l’impulsion de la crypto, et encore moins sans l’accord de la famille Agnelli.