- Donald Trump menace de nouveaux tarifs douaniers, provoquant une chute immédiate du dollar à son plus bas niveau depuis mars 2022 face aux principales devises mondiales.
- La perspective d’une relance de la guerre commerciale, combinée à l’inflation faible et aux tensions géopolitiques (Iran, Chine), pousse les marchés à anticiper deux baisses de taux de la Fed.
- Tandis que l’euro grimpe grâce à la prudence de la BCE, la défiance croissante des investisseurs étrangers face aux actifs américains accentue la pression sur le dollar.
Le retour des menaces de tarifs douaniers secoue les marchés
Donald Trump rouvre la boîte de Pandore du protectionnisme. En annonçant l’envoi imminent de lettres à ses partenaires commerciaux pour fixer de nouveaux tarifs douaniers, l’ancien président fait plonger le dollar à son plus bas niveau depuis mars 2022.
La réaction des marchés a été immédiate : –0,8 % pour le dollar face à un panier de devises majeures, dont l’euro et la livre. Une chute brutale qui dépasse le précédent point bas atteint lors du “tariff blitz” d’avril dernier.
La fin d’une trêve commerciale de 90 jours
C’est la fin du sursis. Dans moins de deux semaines, expire la pause de 90 jours sur les “tarifs réciproques”. Trump semble bien décidé à relancer la guerre commerciale. “Son commentaire indique clairement une nouvelle escalade des tensions à venir”, alerte Derek Halpenny, analyste chez MUFG.
Ce climat d’incertitude pèse lourdement sur la devise américaine, déjà fragilisée par d’autres fronts géopolitiques.
Iran, Chine, inflation : les signaux se multiplient
Outre la guerre commerciale, la tension grimpe au Moyen-Orient. Washington a autorisé une partie de ses troupes à quitter la région. “Ils [l’Iran] ne peuvent pas avoir l’arme nucléaire, c’est aussi simple que ça”, a martelé Trump mercredi.
Dans ce contexte tendu, même les bonnes nouvelles comme une trêve commerciale provisoire entre la Chine et les États-Unis n’ont pas suffi à redonner confiance aux investisseurs.
Et l’inflation américaine, inférieure aux attentes, a paradoxalement enfoncé le clou. Elle renforce la perspective de baisses de taux par la Fed : deux coupes de 25 points de base sont désormais intégralement anticipées par les marchés. Résultat : le dollar se déprécie davantage.
L’Europe reprend des couleurs
Pendant ce temps, la BCE se montre plus prudente. Elle a laissé entendre qu’elle approchait de la fin de son cycle de baisse de taux. Résultat immédiat : l’euro grimpe à $1,160, son plus haut niveau depuis novembre 2021.
Ce décalage de stratégie monétaire entre les deux rives de l’Atlantique accentue la pression sur le billet vert.
Fuite des capitaux étrangers : l’Amérique inquiète
En toile de fond, une autre inquiétude gagne du terrain : la défiance croissante des investisseurs étrangers envers les actifs américains. Dette galopante, climat politique instable, menace de taxation accrue sur les investissements étrangers… le cocktail est explosif.
Les étrangers vendent chaque rebond du dollar. Ils fuient le chaos politique et les risques fiscaux.
Trevor Greetham, directeur chez Royal London AM
Le recul du dollar pourrait s’amplifier. La fin de l’exceptionnalisme américain renforce la prime de risque et pèse sur sa valeur.
Le roi dollar vacille. Et cette fois, ce ne sont pas que les marchés qui le disent.
