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- Le Salvador abandonne la plupart des usages publics de Bitcoin, réduit l’utilisation de Chivo et retire l’obligation d’accepter le BTC, sous la pression du FMI pour un prêt de 1,4 milliard de dollars.
- L’accord avec le FMI impose des réformes fiscales strictes, une réduction de la dette publique de 85% du PIB, et une transparence accrue dans la gestion des finances publiques et des actifs numériques.
- Bitcoin conservera théoriquement son statut de monnaie légale pour le moment, mais son usage sera fortement restreint et symbolique, se rapprochant davantage d’un actif numérique réglementé que d’une véritable monnaie légale utilisée dans l’économie quotidienne.
Bitcoin rétrogradé : vers une réglementation stricte
Le Salvador, premier pays à adopter Bitcoin comme monnaie légale en 2021, amorce un virage stratégique sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI).
Dans le cadre d’un accord préliminaire pour un prêt de 1,4 milliard de dollars, le gouvernement s’engage à limiter drastiquement les activités publiques liées à Bitcoin. Cela inclut la fin des achats par le secteur public, la réduction progressive de l’utilisation de la plateforme Chivo, et l’abandon de l’obligation d’acceptation de Bitcoin par les commerçants.
Cette décision marque techniquement la fin de l’expérimentation ambitieuse initiée par le président Nayib Bukele, où Bitcoin était présenté comme une solution innovante pour améliorer l’inclusion financière. Désormais, son utilisation se limitera à un rôle symbolique, se rapprochant davantage d’un actif numérique encadré que d’une véritable monnaie légale utilisée au quotidien.
Les conditions du FMI : réformes et transparence
L’accord avec le FMI s’inscrit dans un programme de 40 mois visant à renforcer la stabilité fiscale et externe du pays. Parmi les mesures phares, le Salvador devra se concentrer sur la réduction de sa dette publique, qui représente actuellement 85% du PIB. Le plan prévoit une amélioration du solde primaire de 3,5% du PIB sur trois ans, grâce à une baisse des dépenses publiques et une réforme du système fiscal.
Le FMI exige également une transparence accrue dans la gestion des actifs numériques et des finances publiques. Cela inclut la publication détaillée des dettes, des contrats publics et des dépenses liées aux retraites. Un cadre rigoureux de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent sera mis en place, aligné sur les standards internationaux.
Un prêt conditionnel pour répondre aux besoins économiques
Le prêt de 1,4 milliard de dollars, intégré dans le programme « Service Amplié du Fonds » (SAF), sera complété par des financements supplémentaires de la Banque Mondiale, de la Banque Interaméricaine de Développement et d’autres institutions régionales, pour un total de 3,5 milliards de dollars. Ces fonds visent à soutenir les réformes économiques et à combler les besoins en balance de paiements.
En contrepartie, le Salvador devra restreindre l’usage de Bitcoin dans le secteur public, et garantir que les impôts ne puissent être payés qu’en dollars américains, retirant, en pratique, le statut de monnaie légale au Bitcoin. Le gouvernement devra également aligner sa réglementation bancaire sur les normes de Bâle III et renforcer les réserves de liquidités des banques.
L’échec d’un pari audacieux ?
Le projet Bitcoin du Salvador a montré des résultats mitigés. Alors que le pays détient actuellement 5 968 BTC, d’une valeur estimée à 604 millions de dollars, l’adoption par la population reste faible. La stratégie, initialement conçue pour attirer les investisseurs étrangers et diversifier l’économie, n’a pas atteint les objectifs escomptés, mais a généré un profit latent impressionnant sur les réserves du pays.
Avec cet accord, le Salvador semble acter un recul de son expérience Bitcoin, privilégiant une approche plus traditionnelle pour répondre aux défis économiques et budgétaires. Le pari de Bukele, qui avait fasciné les partisans crypto et de nombreux économistes, laisse désormais place à une gestion prudente et encadrée, sous la surveillance attentive des institutions financières internationales.