|
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Dernière modification effectuée le 02.10.2023 18:57
Alors qu’il promettait une nouvelle d’une ampleur internationale, le Département de la Justice américaine (DoJ) s’est contenté d’annoncer l’arrestation du créateur de l’exchange de crypto monnaies Bitzlato. Pourtant, malgré son relatif anonymat, l’utilisation de cette plateforme par les criminelles permet de mettre en exergue certaines problématiques du secteur.
Souvent exagérée par les observateurs, mais malgré tout bien présente dans le domaine des crypto monnaies, l’activité du blanchiment d’argent apparaît comme un sujet sensible contre lequel les autorités compétentes mènent une lutte sans relâche.
Depuis plusieurs années, la procédure de KYC (Know Your Customer) est devenue un enjeu majeur pour tout exchange de crypto monnaies. Bien qu’il y ait encore des difficultés à appliquer parfaitement les régulations afférentes à cette procédure, certains exchanges, comme Bitzlato, refusent de les appliquer.
Dès lors, l’annonce de l’arrestation du créateur de Bitzlato par les autorités américaines est une démonstration de force pour décourager les exchanges sans KYC à poursuivre dans cette voie.
En savoir plus sur : $5,5 milliards : La liste des actifs “liquides” détenus par FTX dévoilée
Lancé en 2015, Bitzlato est resté tout le long de son existence assez anecdotique dans l’immense marché des exchanges de crypto monnaies. Néanmoins, l’absence totale de KYC sur Bitzlato a rapidement permis à l’exchange de devenir un repère pour les criminels cherchant à blanchir leur argent.
Selon le communiqué de la justice américaine, Bitzlato avait notamment une grande proximité avec le site Hydra Market puisque cette marketplace russe était la plus grosse contrepartie financière de Bitzlato puisque les utilisateurs d’Hydra Market ont échangé plus de 700 millions de dollars en crypto monnaies sur l’exchange.
Or, Hydra Market a fait l’objet d’un démantèlement par la police criminelle allemande en 2022 en raison notamment de ses liens avérés avec des activités criminelles et le blanchiment d’argent. D’ailleurs, Bitzlato aurait également reçu sur son exchange plus de 15 millions de dollars directement liés à des ransomwares.
Enfin, de nombreux clients de l’exchange avaient pour habitude de se tourner vers le service client du site pour faciliter les transferts vers Hydra alors même que les employés de Bitzlato savaient que ces derniers opéraient sous de fausses identités.
Sans surprise, l’enquête menée par les autorités américaines a découlé sur la volonté de mettre un terme à l’activité de la plateforme. Ainsi, en étroite collaboration avec plusieurs autres institutions nationales et internationales, le DoJ a procédé à l’arrestation du ressortissant russe Anatoly Legkodymov, le créateur de Bitzlato.
Agé de 40 ans, ce dernier a été arrêté à Miami, lieu duquel il dirigeait l’exchange entre 2022 et 2023. Il est accusé d’avoir exploité une entreprise ayant servi à des transferts de fonds illégaux et encourt jusqu’à 5 ans de prison.
Au-delà des preuves susmentionnées, Anatoly Legkodymov aurait avoué dans un chat interne aux services de son entreprise « que les utilisateurs de Bitzlato sont connus pour être des escrocs ». Pire, il aurait confirmé que ces derniers utilisaient des documents d’identités volés pour s’inscrire sur le site.
Cette arrestation s’accompagne, grâce notamment à l’aide des autorités françaises et d’Europol, de la mise hors service du site de l’exchange.
Le procureur général adjoint du DoJ explique que « Legkodymov a sciemment permis à Bitzlato d'être perçu comme un refuge pour les fonds utilisés pour diverses activités criminelles ». Il rajoute qu’il « a aidé à créer un exchange qui n'a pas mis en œuvre les garanties de lutte contre le blanchiment d'argent et a permis aux criminels de profiter de leurs méfaits, y compris les ransomwares et le trafic de drogue ».
Quelques heures après l’annonce de cette arrestation, le département du Trésor américain par le biais du FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network) a publié un document relatif à l’affaire.
En son sein, on apprend que Binance fait partie des trois principales contreparties réceptrices de Bitzlato sur le montant total de BTC reçu entre mai 2018 et septembre 2022 juste à côté d’Hydra et d’un système de Ponzi basé en Russie.
Conscient que cette nouvelle pourrait lui causer de nombreux torts, Binance a rapidement souhaité clarifier sa position. Dans un communiqué, le porte-parole de l’entreprise explique que « Binance est heureux d'avoir fourni une assistance substantielle aux partenaires internationaux chargés de l'application de la loi à l'appui de cette enquête ».
Néanmoins, malgré l’aide fournie ultérieurement aux enquêteurs, l’apparition de Binance dans cette liste interroge sur sa capacité à réellement filtrer les activités criminelles sur sa plateforme notamment par le biais de son KYC.
