- JPMorgan lance MONY, son premier fonds monétaire tokenisé sur Ethereum, amorcé avec 100 millions de dollars et réservé aux investisseurs institutionnels.
- Le produit s’appuie sur Kinexys Digital Assets, l’infrastructure interne de tokenisation de JPMorgan, pour gérer les parts directement onchain.
- Les fonds monétaires tokenisés représentent déjà près de 9 milliards de dollars et deviennent des briques clés pour la DeFi et la gestion de liquidité institutionnelle.
JPMorgan Chase franchit une nouvelle étape dans la tokenisation financière. La première banque américaine, avec près de 4 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, lance son tout premier fonds monétaire tokenisé sur Ethereum. Baptisé My OnChain Net Yield Fund, ou MONY, le produit est amorcé avec 100 millions de dollars et doit s’ouvrir cette semaine à des investisseurs institutionnels qualifiés, selon le Wall Street Journal.
Avec ce lancement, JPMorgan rejoint un club de plus en plus fourni de géants de Wall Street qui déplacent des produits financiers traditionnels directement sur la blockchain. Après Franklin Templeton dès 2021, puis BlackRock avec son fonds BUIDL en 2024, la tokenisation des money market funds s’impose comme l’un des cas d’usage les plus crédibles de la finance onchain.
Un money market fund classique, mais nativement blockchain
Sur le fond, MONY reste très proche d’un fonds monétaire traditionnel. Il investira dans des instruments de dette à court terme et versera un rendement quotidien. La différence se joue sur l’infrastructure. Les parts du fonds sont émises et gérées sur Ethereum, via Kinexys Digital Assets, la plateforme de tokenisation interne de JPMorgan.
Les investisseurs pourront souscrire et racheter leurs parts en cash, mais aussi en USDC, le stablecoin de Circle. Le ticket d’entrée est fixé à 1 million de dollars, réservant le produit à une clientèle institutionnelle. L’objectif est clair : offrir les mêmes fonctions qu’un fonds monétaire classique, tout en ajoutant les avantages de la blockchain, comme un règlement plus rapide, une traçabilité en temps réel et une disponibilité quasi continue.
La tokenisation, nouveau terrain de jeu des banques
Pour JPMorgan, MONY n’est pas un coup isolé, mais une étape stratégique.
Il existe un intérêt massif de la part de nos clients pour la tokenisation.
John Donohue, responsable de la liquidité globale chez JPMorgan Asset Management
La banque entend se positionner comme un acteur central de cette transition, en proposant une gamme complète de produits onchain équivalente à celle de la finance traditionnelle.
Le mouvement est loin d’être anecdotique. Selon les données de RWA.xyz, les fonds monétaires tokenisés pèsent désormais près de 9 milliards de dollars, contre seulement 3 milliards un an plus tôt. Le fonds BUIDL de BlackRock concentre à lui seul environ 2 milliards de dollars d’encours. Et selon une étude conjointe de BCG et Ripple, l’ensemble du marché des actifs tokenisés pourrait atteindre 18 900 milliards de dollars d’ici 2033.
Des usages qui dépassent le simple placement de trésorerie
Au-delà du rendement, ces fonds deviennent des briques d’infrastructure. Ils servent de plus en plus de réserve de valeur pour des protocoles DeFi, ou de collatéral dans des opérations de trading et de gestion d’actifs. Pour les institutions, placer de la trésorerie directement onchain permet de réduire les frictions entre finance traditionnelle et écosystèmes numériques.
Avec MONY, JPMorgan teste donc bien plus qu’un produit. La banque expérimente une nouvelle manière de distribuer la liquidité, dans un monde où la frontière entre Wall Street et la blockchain devient chaque mois un peu plus floue. La finance tokenisée n’est plus une promesse : elle s’installe désormais au cœur des bilans des plus grandes institutions.