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- CME Group et Google Cloud lancent le Universal Ledger, une infrastructure blockchain destinée aux institutions financières, avec un projet pilote prévu pour 2026 impliquant des acteurs majeurs du secteur.
- La tokenisation des actifs est en pleine expansion, soutenue par des figures comme Larry Fink (BlackRock) et estimée à débloquer jusqu’à 230 000 milliards de dollars de collatéraux potentiels.
- Le marché des actifs réels tokenisés (RWAs) atteint 20 milliards de dollars et s’appuie sur un contexte politique et réglementaire de plus en plus favorable aux États-Unis.
Un partenariat stratégique pour transformer la finance traditionnelle
Le géant américain des produits dérivés CME Group s’associe à Google Cloud pour explorer le potentiel de la tokenisation d’actifs via le Universal Ledger, une infrastructure blockchain développée spécifiquement pour les institutions financières traditionnelles. L’intégration de cet outil vise à repenser les mécanismes de paiement, de règlement et de gestion des garanties dans les marchés de capitaux. Le déploiement de ce projet pilote, annoncé le 25 mars, devrait démarrer en 2026 avec la participation active d’acteurs institutionnels.
Terry Duffy, PDG de CME Group, anticipe un bouleversement du modèle existant :
Le Universal Ledger pourrait générer d’importants gains d’efficacité pour les garanties, les marges, les règlements et les paiements de frais, à mesure que le monde s’oriente vers un trading en continu, 24 heures sur 24.
La tokenisation s’impose comme l’avenir des marchés
La tokenisation, qui consiste à convertir des actifs financiers ou réels en jetons numériques sur une blockchain, s’installe comme une tendance lourde dans le paysage financier. Un rapport du Forum économique mondial, publié le 24 mars, affirme que l’intégration entre la finance traditionnelle et la technologie blockchain « devient enfin une réalité ». Pour Yuval Rooz, cofondateur de Digital Asset, cette transition pourrait débloquer un gisement de liquidité encore inexploité : seuls 25 000 milliards de dollars de titres sont actuellement éligibles à être utilisés comme collatéraux, contre un potentiel total estimé à 230 000 milliards.
Larry Fink, patron de BlackRock, a également pris position en faveur de la tokenisation des titres financiers. Dans une interview accordée à CNBC en janvier, il a exhorté la SEC à approuver rapidement cette nouvelle forme de titres numériques, soulignant les gains d’efficacité qu’elle pourrait apporter aux marchés financiers.
Google Cloud, pilier discret de l’infrastructure blockchain
Depuis 2018, Google Cloud construit patiemment une offre robuste autour de la blockchain. D’abord en intégrant les données de la blockchain Bitcoin à son entrepôt de données, puis en ajoutant 11 nouvelles blockchains — dont Ethereum, Arbitrum, Avalanche et Optimism — en 2023. Avec le lancement du Universal Ledger, la firme passe à une phase beaucoup plus ambitieuse : offrir une architecture de registre distribuée conçue pour répondre aux exigences strictes de la finance institutionnelle.
Le marché des RWAs franchit un cap
Hors stablecoins, la capitalisation des actifs réels tokenisés (Real World Assets) avoisine déjà les 20 milliards de dollars, selon les données de RWA.xyz. Un chiffre encore modeste à l’échelle globale, mais en forte croissance et soutenu par un contexte politique plus favorable aux États-Unis. Le candidat Donald Trump a d’ailleurs promis de faire des États-Unis « la capitale mondiale de la blockchain et des cryptomonnaies ».
La récente remise en cause de la directive SAB 121 par la SEC ouvre également de nouvelles perspectives. Selon la plateforme Tokeny, cette évolution réglementaire permettra aux institutions de proposer des services de conservation pour les titres tokenisés sans s’exposer à des risques financiers excessifs.
Une course mondiale à l’infrastructure financière du futur
Le projet de CME et Google Cloud illustre une tendance de fond : les grandes entreprises technologiques et financières ne se contentent plus d’observer l’évolution du web3, elles en prennent désormais les rênes. La prochaine décennie pourrait voir la disparition progressive des systèmes de règlement traditionnels au profit d’une finance plus fluide, interconnectée et fonctionnant en temps réel, sur des infrastructures de nouvelle génération.