- Warren Buffett, 95 ans, annonce son retrait progressif de la direction de Berkshire Hathaway, laissant la place à Greg Abel tout en conservant une part significative de ses actions pour assurer la transition.
- Dans sa dernière lettre, il critique la cupidité et la compétition salariale des dirigeants, rappelant ses valeurs d’humilité et de gestion à long terme face à une finance de plus en plus spéculative.
- Fidèle à son engagement philanthropique, Buffett poursuit le don de sa fortune, notamment 1,3 milliard de dollars à des fondations familiales.
Warren Buffett baisse le rideau, ou presque. À 95 ans, l’homme qui a redéfini l’investissement au XXᵉ siècle annonce qu’il se retire de la direction quotidienne de Berkshire Hathaway à la fin de l’année. “Comme diraient les Britanniques, je « vais me faire discret ». En quelque sorte.”, écrit-il dans une lettre publiée lundi à ses actionnaires.
Warren Buffet lâche Berkshire Hathaway
La page se tourne pour celui que Wall Street surnomme “l’Oracle d’Omaha”, un investisseur dont la parole a souvent pesé plus lourd que les taux de la Fed. Mais Buffett ne quitte pas complètement la scène : il conservera une part “significative” de ses actions Berkshire de classe A, un moyen d’assurer une transition en douceur vers son successeur désigné, Greg Abel, déjà perçu comme le futur visage du conglomérat.
Le dernier mot du patriarche
Sa dernière lettre de CEO reprend le ton direct qui a fait sa marque : des avertissements sur la cupidité des dirigeants, mêlés à des conseils de sagesse entrepreneuriale.
Ce qui dérange souvent les PDG très riches, ils restent humains, après tout, c’est que d’autres PDG deviennent encore plus riches. L’envie et la cupidité marchent main dans la main.
Buffett critique une dérive qu’il observe depuis des décennies : la course à la rémunération, alimentée par les exigences de transparence. “Ces règles ont produit l’effet inverse : un concours de vanité entre patrons”, déplore-t-il. Il met aussi en garde Berkshire contre les profils de dirigeants “obsédés par l’image” ou “pressés d’en finir à 65 ans”.
Berkshire : un empire bâti sur le long terme
Quand Buffett a pris le contrôle de Berkshire en 1962, ce n’était qu’une entreprise textile en difficulté. Six décennies plus tard, c’est un empire de 880 milliards de dollars d’actifs, présent dans l’assurance, l’énergie, les chemins de fer et des marques iconiques comme Dairy Queen ou Fruit of the Loom.
Son approche patiente et méthodique, fondée sur la valeur à long terme, reste un contre-modèle face à une finance devenue hyper spéculative, dominée par les algorithmes, les day traders et la crypto. “Acheter une entreprise, c’est acheter du temps et du talent”, a-t-il souvent répété. À l’heure où certains investisseurs jonglent avec les tokens et les memecoins, son message résonne comme un rappel à l’ordre.
La philanthropie comme héritage
Fidèle à sa promesse faite en 2006, Buffett poursuit son immense projet philanthropique. Dans sa lettre, il annonce le don de 2,7 millions d’actions Berkshire de classe B, soit environ 1,3 milliard de dollars, à quatre fondations gérées par ses enfants. Il continue ainsi de réduire progressivement sa fortune, destinée à être intégralement reversée à des œuvres caritatives.
Aux côtés de Bill et Melinda Gates, il est à l’origine du “Giving Pledge”, un serment invitant les milliardaires à donner au moins la moitié de leur richesse. Une philosophie radicale dans un monde où la plupart cherchent encore à la multiplier.
La succession d’un mythe
Depuis l’annonce de son départ en mai, les actions Berkshire ont reculé d’environ 8 %. Un signe de l’inquiétude des marchés, peu habitués à imaginer un futur sans Buffett. Mais le patriarche se veut rassurant :
Berkshire sera toujours gérée d’une manière qui en fera un atout pour les États-Unis, jamais une dépendance.
Une dernière leçon, comme toujours simple et puissante. Buffett s’efface, mais son héritage, fait de patience, d’humilité et de discipline, continuera d’imprégner la finance mondiale bien après son silence annoncé.