- Les hausses tarifaires décidées par Donald Trump sur le matériel de mining en provenance d’Asie menacent la rentabilité des mineurs américains, toujours dépendants de fournisseurs comme Bitmain.
- La Russie, soutenue par des capitaux chinois et moins affectée par les surcoûts logistiques, pourrait profiter de ces politiques pour augmenter sa part du hashrate mondial.
- Face aux incertitudes, des pays comme le Canada, l’Argentine ou l’Éthiopie attirent les investissements, tandis que les acteurs du secteur réclament des exemptions pour préserver l’écosystème américain.
La Russie bénéficie du mining Bitcoin face aux tarifs de Trump
Alors que Donald Trump entend faire des États-Unis un géant du mining Bitcoin, ses politiques douanières risquent d’aboutir à l’effet inverse. En ligne de mire : des hausses tarifaires sur les équipements venus d’Asie, qui pourraient faire de la Russie le grand gagnant d’un nouveau découpage mondial de la puissance de calcul.
Les États-Unis, toujours dépendants du matériel chinois
À ce jour, nous sommes confrontés à des droits de douane de 12,6 % sur les unités expédiées d’Asie vers les États-Unis.
Ethan Vera, directeur de l’exploitation de Luxor Technology
Nous nous attendions à ce que ces droits augmentent en juillet, passant de 26,6 % à 38,6 % en fonction du pays d’origine. Il est bien sûr possible que ces tarifs soient renégociés avant la pause de 90 jours
La plupart des machines de mining, en particulier les Antminer du chinois Bitmain, qui détient plus de 80 % du marché, restent conçues et assemblées hors des États-Unis. Résultat : les hausses de tarifs à l’import, pouvant atteindre jusqu’à 38,6 % cet été, menacent la rentabilité des mineurs américains. Selon Luxor, un acteur clé du secteur, la demande domestique est déjà sous pression, et les machines pourraient bientôt être redirigées vers d’autres marchés.
Le COO de Luxor, Ethan Vera, avertit : si ces tarifs sont appliqués sans concession, la Russie pourrait émerger comme principale bénéficiaire. Moins exposée aux surcoûts logistiques, soutenue par des capitaux chinois en quête de débouchés hors des États-Unis, Moscou pourrait capter une part croissante du hashrate mondial.
Canada, Europe du Nord et Amérique du Sud dans la course
Derrière la Russie, d’autres zones se positionnent. Du Canada à l’Éthiopie en passant par l’Argentine ou le Paraguay, les pays riches en électricité bon marché attirent les regards. Les investisseurs américains et européens réorientent déjà leurs flux, anticipant un nouveau cycle de délocalisation du mining.
BitFuFu, acteur majeur du cloud mining, confirme que ses plans de développement aux États-Unis restent inchangés, mais que des arbitrages sont en cours. Ses centres américains tournent déjà à plein régime, mais l’entreprise surveille de près les évolutions tarifaires. Même discours chez Bitdeer, qui mise sur un déploiement progressif de machines « Made in USA » tout en rééquilibrant ses implantations mondiales.
Vers une reconfiguration mondiale du hashrate
Si la production américaine de matériel commence à émerger, Luxor estime qu’il faudra plusieurs années avant que la chaîne d’approvisionnement soit véritablement localisée. Pour l’heure, la dépendance aux composants asiatiques reste totale. En attendant, les hausses tarifaires augmentent le coût du matériel et ralentissent l’expansion des mineurs les moins compétitifs.
Mais le marché du mining évolue vite : une hausse des coûts pourrait aussi réduire la difficulté globale, améliorant les marges des plus résilients. Luxor plaide d’ailleurs pour une exemption douanière similaire à celle accordée aux serveurs informatiques, afin de protéger l’écosystème national.
Saisies en douane et soupçons infondés
Autre menace pour les mineurs : l’intensification des contrôles aux frontières. Des saisies massives ont été signalées, notamment sur du matériel Bitmain, en raison de composants liés à des entreprises chinoises sous sanction. Bitdeer, coté au Nasdaq, nie toute fraude ou sous-déclaration, assurant respecter scrupuleusement les exigences américaines.