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- La Russie utilise de plus en plus les cryptomonnaies comme le Bitcoin, Ethereum et l’USDT pour contourner les sanctions occidentales sur le commerce pétrolier, facilitant les échanges avec la Chine et l’Inde.
- Une loi adoptée en décembre autorise les paiements internationaux en crypto, une réponse aux restrictions bancaires imposées par les États-Unis et l’Europe après l’invasion de l’Ukraine.
- La Russie suit l’exemple de l’Iran et du Venezuela en exploitant la crypto pour ses exportations, tout en développant un cadre réglementaire incluant la fiscalité, le minage et le rouble numérique.
La crypto : un levier stratégique pour contourner les sanctions ?
La Russie a intensifié l’usage des cryptomonnaies dans son commerce pétrolier avec la Chine et l’Inde afin d’échapper aux sanctions imposées par l’Occident. Selon des sources anonymes citées par Reuters, cette pratique représente encore une part modeste des 192 milliards de dollars du commerce annuel de pétrole russe, mais elle ne cesse de croître.
Les entreprises pétrolières russes recourent au Bitcoin et à Ethereum, via des intermédiaires, pour convertir plus facilement les yuans et les roupies en roubles. Des stablecoins comme l’USDT sont également utilisés, bien que leur émetteur, Tether, puisse geler des fonds en réponse à des actions réglementaires. Un négociant russe aurait déjà réalisé plusieurs dizaines de millions de dollars de ventes mensuelles grâce à ces transactions crypto.
Une législation assouplie pour les paiements internationaux
Ce tournant vers les cryptomonnaies s’explique par des ajustements législatifs opérés en décembre dernier. Le ministre russe des Finances, Anton Siluanov, avait alors confirmé que la Russie autorisait désormais leur usage pour les paiements internationaux, en réponse aux restrictions financières occidentales. Les sanctions qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine ont fortement perturbé le commerce russe, rendant plus difficile l’accès aux systèmes bancaires internationaux. Les banques chinoises et indiennes, par crainte des représailles américaines et européennes, appliquent des restrictions strictes sur les transactions avec la Russie, poussant ainsi le pays à explorer des alternatives comme les cryptomonnaies.
Un modèle inspiré de l’Iran et du Venezuela
La Russie n’est pas la première à exploiter les cryptomonnaies pour contourner les sanctions internationales. L’Iran a adopté une stratégie similaire, en s’appuyant sur le bitcoin pour maintenir une partie de son commerce énergétique hors du circuit bancaire traditionnel. De son côté, le Venezuela, sous le coup de nouvelles sanctions américaines depuis l’an dernier, s’est également tourné vers les paiements numériques pour ses exportations de pétrole.
Moscou voit dans cette tendance une opportunité de minimiser l’impact des restrictions économiques occidentales. Anton Gorelkin, un haut responsable russe, a récemment affirmé que les sanctions ne pourront jamais empêcher totalement l’utilisation des cryptomonnaies, soulignant leur rôle essentiel dans l’évitement des interdictions financières.
Une ouverture progressive du marché crypto en Russie
Bien que l’État russe ait historiquement adopté une position ambivalente vis-à-vis des cryptomonnaies, plusieurs initiatives récentes indiquent une évolution progressive vers une reconnaissance accrue du secteur. .
En parallèle, un projet expérimental a été lancé cette semaine par la Banque centrale russe, visant à permettre aux investisseurs qualifiés – ceux disposant d’au moins 100 millions de roubles en placements financiers – de trader plus facilement des cryptomonnaies. Toutefois, la Banque centrale continue de refuser leur reconnaissance en tant que moyen de paiement officiel.
Entre minage et rouble numérique : un écosystème crypto en mutation
La Russie a également légalisé le mining crypto, offrant un cadre réglementaire aux mineurs tout en imposant une obligation d’enregistrement auprès du gouvernement. Si certaines régions du pays ont restreint ou interdit cette activité en raison de sa forte consommation énergétique, l’industrie minière reste stratégique pour l’économie russe.
Enfin, Moscou teste activement le rouble numérique, une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) dont le déploiement progressif est prévu cette année. Cette initiative vise à offrir une alternative plus contrôlée aux cryptomonnaies décentralisées tout en facilitant les transactions transfrontalières.
