Vous le savez , l’inflation est un sujet devenu incontournable en économie… Et pour la mesurer, plusieurs indices existent, dont le PCE (Personal Consumption Expenditures).
Cet indice est particulièrement apprécié par la Réserve Fédérale pour sa précision et sa capacité à refléter les habitudes de consommation des ménages américains.
Qu’est-ce que c’est ? Comment ça fonctionne ? C’est ce que vous découvrirez tout au long de cet article.
- Le PCE est l’une des mesures les plus populaires pour le calcul de l’inflation
- Le PCE utilise un indice chaîne-type pour refléter les changements de consommation.
- La Fed préfère le PCE au CPI pour ses décisions de politique monétaire en raison de sa précision.
Qu’est-ce que le PCE ?
L’indice des prix des dépenses de consommation personnelle, couramment appelé PCE (Personal Consumption Expenditures), est une mesure en finance utilisée pour évaluer les changements de prix dans l’économie américaine. Concrètement, c’est un indice pour mesurer le niveau d’inflation d’un pays, à l’instar du CPI, bien qu’ils se distinguent sur certains points (plus de détails dans les prochaines sections).
En fait, cette métrique calcule combien les ménages américains dépensent pour acheter des biens et des services. Autrement dit : il s’agit de savoir comment les prix changent au fil du temps. Et c’est le Bureau of Economic Analysis (BEA) des États-Unis qui se charge de compiler et annoncer ces données.
Souvent, on parlera même de “déflateur PCE”, car il ajuste les valeurs nominales pour refléter les changements de prix au fil du temps. Le déflateur est indispensable pour le calcul final d’une métrique PCE.
C’est un outil qui est devenu extrêmement populaire du côté des économistes et les décideurs politiques, car il reflète vraiment bien les changements dans les habitudes de consommation au fil du temps, en plus d’être une référence pour évaluer la santé économique du pays. Il est d’ailleurs considéré l’indice préféré de la Réserve Fédérale (Fed), la banque centrale des États-Unis, pour mesurer l’inflation.
Typiquement, si le PCE montre une inflation élevée, les banques centrales peuvent décider de relever les taux d’intérêt pour calmer l’économie et freiner cette hause des prix.
Fonctionnement du PCE : comment est-il calculé ?
Revenons désormais sur les différents éléments qui entrent en jeu lorsqu’il s’agit de calculer le PCE d’un pays :
Les différents composants de l’indice PCE :
Biens durables :
Bon déjà, les biens durables sont des produits qui ont une longue durée de vie, généralement plus de trois ans. On parle ici de voitures, d’électroménagers, de meubles – des choses qu’on n’achète clairement pas tous les jours, du moins pour la plupart de la population.
Et autant vous dire leur inclusion dans le PCE est important parce qu’ils représentent des achats conséquents. Quand les prix de ces biens augmentent ou diminuent, ça peut vraiment se sentir dans l’économie. Par exemple, si les voitures deviennent plus chères, ça peut freiner les achats, ce qui peut ensuite impacter toute l’industrie automobile.
Donc, les biens durables sont un bon indicateur de la confiance des consommateurs : quand les gens achètent des voitures ou des frigos, c’est souvent parce qu’ils se sentent bien financièrement, bien que d’autres critères entrent en considération (ex : les prêts).
Biens non durables :
Les biens non durables, quant à eux, sont des produits qui sont consommés rapidement ou ont une courte durée de vie, généralement moins de trois ans.
Ce groupe inclut notamment des articles comme la nourriture, les boissons, l’essence, et les vêtements. Ces biens sont clairement indispensables, ou presque, au quotidien des consommateurs, et les fluctuations de leur prix peuvent directement influencer le coût de la vie.
Typiquement, une hausse des prix de l’essence peut rapidement affecter le budget des ménages, ce qui peut ainsi réduire leur pouvoir d’achat pour d’autres biens et services. Les biens non durables constituent donc une part importante du PCE, car ils reflètent les coûts directs auxquels les consommateurs sont régulièrement confrontés.
Services :
Les services, c’est tout ce qui n’est pas un bien tangible, mais qui fait quand même partie de notre quotidien. Ça inclut les soins de santé, l’hébergement, les services financiers, le transport, et les loisirs.
Ces services prennent une grande part dans le PCE parce qu’ils sont essentiels pour le bien-être des ménages. Par exemple, les soins de santé représentent une grosse partie des dépenses des gens, et leur prix peut avoir un gros impact sur l’économie en général.
Notez que les services sont souvent plus stables en termes de prix, mais leur poids dans le PCE est énorme.
Dépenses par des tiers :
Le PCE prend aussi en compte les dépenses payées par des tiers, comme l’assurance santé fournie par l'employeur ou les soins médicaux couverts par des programmes gouvernementaux.
Ce genre de dépenses est inclus parce que ça donne une vue d’ensemble plus complète de la consommation. Par exemple, l’assurance santé fournie par l'employeur est une grosse dépense, même si elle n’est pas directement payée par le consommateur.
Le fait d’inclure ces dépenses permet au PCE de mieux capturer l’impact économique global.
Méthodologie et Calcul du PCE :
Déjà, le point de départ pour calculer le PCE consiste à choisir une année de base (Base Year:). En fait, l’année de base sert de référence pour comparer les prix au fil du temps.
Pour faire simple : cela permet à la BEA et aux économistes de voir comment les prix ont évolué par rapport à une période donnée. Par exemple, si l’année de base est 2012, tous les prix actuels seront comparés à ceux de 2012 pour voir s’ils ont augmenté ou baissé.
On retrouve ensuite le panier des biens et services, comme nous l’avons évoqué plus haut. Mais ce qui rend le PCE unique, c’est qu’il s’adapte aux changements dans les habitudes de consommation. Si par exemple les gens commencent à acheter plus de voitures électriques au lieu de voitures à essence, le PCE va ajuster son panier pour refléter cette tendance.
Collecte des données de prix :
Pour calculer le PCE, il faut des données sur les prix à la fois pour l’année de base et pour la période actuelle. Ces données viennent de plusieurs sources, principalement des enquêtes auprès des entreprises qui fournissent les prix des biens et services.
Maintenant, le calcul du PCE utilise une formule appelée « indice chaîne-type » (chain-type index). Contrairement à une méthode de calcul traditionnelle où on compare simplement deux périodes fixes, cet indice permet de prendre en compte les changements dans les quantités consommées au fil du temps.
Dans ce cas, si les consommateurs changent leurs habitudes d’achat (comme acheter plus de légumes et moins de viande), l’indice s’ajuste pour refléter cette nouvelle réalité.
Tenez, prenons un exemple concret :
Imaginons un panier de biens qui coûtait 5000 $ en 2023 (année de base) et qui coûte maintenant 5250 $. Le calcul serait :
Déflateur PCE = (5250/5000) x 100 = 105
Ici, on peut en conclure que les prix ont augmenté de 5 % depuis l’année de base, indiquant une inflation de 5 % sur ce panier de biens en particulier.
Les résultats du PCE peuvent être interprétés de plusieurs façons :
- PCE à 100 : aucun changement de prix par rapport à l’année de base.
- PCE supérieur à 100 : augmentation générale des prix (inflation).
- PCE inférieur à 100 : diminution générale des prix (déflation).
Naturellement, une inflation contrôlée est souvent signe d’une économie en croissance, tandis qu’une déflation peut signaler des problèmes économiques.
PCE vs CPI : comparaison des Indices d’Inflation
Tout d’abord, vous devez comprendre que l’indice des prix à la consommation (CPI) est publié par le Bureau of Labor Statistics et l’indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE) par le Bureau of Economic Analysis.
À l’instar du PCE, le CPI est également un outil pour mesurer le niveau d’inflation dans un pays, et c’est d’ailleurs le plus populaire des deux.
Comme vous pouvez le voir sur cette image, ce sont des indicateurs dont la courbe d’évolution est plutôt similaire :
Comme le mentionne le site officiel de le FED : “le CPI est basé sur une enquête sur ce que les ménages achètent ; le PCE est basé sur des enquêtes sur ce que les entreprises vendent.”
Mais revenons plus en détail sur leur différence :
Déjà, une différence réside dans la manière dont ils calculent les variations de prix. Le PCE utilise un indice “chaîne-type”, ce qui signifie qu’il s’adapte aux changements dans les habitudes de consommation. Par exemple, si les gens commencent à acheter plus de produits bio ou se tournent vers les voitures électriques, le PCE ajustera son calcul pour refléter ces nouvelles tendances. Cela le rend plus flexible et précis.
Le CPI, en revanche, repose sur une formule de “Laspeyres fixe”, ce qui veut dire qu’il se base sur un panier de biens et services prédéterminé qui est mis à jour moins fréquemment. Résultat : il peut être un peu moins réactif aux changements rapides dans les comportements d’achat des consommateurs.
On retrouve aussi une différence de portée, car PCE couvre une gamme beaucoup plus large de dépenses de consommation, y compris celles payées par des tiers, comme les assurances santé fournies par l'employeur.
Pourquoi la Fed préfère le PCE pour la Politique Monétaire ?
La Réserve Fédérale (Fed) préfère le PCE pour guider ses décisions de politique monétaire, et ce n’est pas par hasard. La méthode d’ajustement du PCE, avec son indice chaîne-type, permet de mieux refléter les véritables habitudes de consommation.
De plus, sa couverture plus large lui donne une image plus représentative de l’économie dans son ensemble. C’est donc pour ces raisons que la Fed s’appuie principalement sur le PCE pour évaluer l’inflation et ajuster les taux d’intérêt.
Le PCE et son influence sur le marché crypto
Le PCE a également un effet sur les cryptomonnaies, même si ce n’est pas toujours évident à première vue. Lorsque le PCE augmente et que les marchés financiers traditionnels deviennent plus incertains, certains investisseurs institutionnels se tournent vers les cryptos pour diversifier leurs portefeuilles.
Des actifs comme le Bitcoin peuvent alors apparaître comme une option alternative, particulièrement en période d’inflation élevée, même s’ils restent très volatils.
Maintenant, en cas d’inflation (et donc d’un PCE élevé), la FED peut augmenter les taux d’intérêt, et donc rendre les investissements en crypto moins intéressants.