- FG Nexus vend plus de 10 900 ETH et emprunte 10 millions pour racheter ses actions à prix réduit, tentant de combler l’écart croissant entre sa valorisation en bourse et la valeur réelle de ses réserves.
- Plusieurs sociétés de trésorerie crypto se retrouvent décotées de 50 à 98 %, forçant certaines à liquider une partie de leurs actifs pour soutenir leur cours, au risque d’affaiblir leur modèle.
- Le secteur fait face à une dynamique fragile où chaque rachat d’actions augmente la valeur par titre, mais réduit les réserves en crypto, créant une véritable course contre la montre.
La pression monte pour les sociétés de trésorerie crypto. FG Nexus vient de liquider une partie massive de ses réserves en ether afin de racheter ses propres actions. Un signal fort dans un marché où plusieurs DAT se négocient très en dessous de la valeur réelle de leurs actifs. Quand une action vaut moins que la crypto qu’elle représente, quelque chose casse. Et FG Nexus a décidé d’intervenir.
Une liquidation ciblée pour remonter la tête hors de l’eau
L’entreprise a vendu 10 922 ETH, soit environ 33 millions de dollars au cours actuel. Un chiffre lourd, même à l’échelle d’une société orientée Ethereum. Pour compléter l’opération, FG Nexus a ajouté 10 millions empruntés. Objectif : racheter 3.4 millions d’actions au prix moyen de 3.45 dollars, bien loin de la valeur nette de 3.94 dollars par action.
En clair, la direction rachète son propre capital à prix cassé. Une manœuvre classique dans les marchés traditionnels, mais qui prend une dimension particulière dans l’écosystème crypto, où la tokenisation des trésoreries crée une exposition directe aux variations de marché.
Les marchés crypto déjà en difficulté
L’annonce n’a probablement pas secoué les cours, mais ETH et BTC continuent d’avoir du mal. Ethereum a lâché près de 2 % avant de se stabiliser. Bitcoin a reculé lui aussi, mais de façon plus mesurée. Même si FG Nexus n’a pas la taille d’un Stratgey, les traders ont vite compris le message : si les DAT commencent à vendre leurs actifs en masse, la pression vendeuse pourrait se transformer en tendance.
Et ce n’est probablement qu’un début. Le secteur traverse une zone de turbulence similaire à celle vécue par les miniers en période de stress. Liquidités en baisse, investisseurs en retrait, valorisations qui fondent. Résultat : des sociétés forcées de vendre ce qu’elles sont censées conserver.
Le modèle DAT déjà fissuré ?
FG Nexus n’est pas un cas isolé. ETHZilla, autre trésorerie orientée ETH, a vendu 40 millions de dollars de tokens le mois dernier pour financer son propre programme de rachat. Le problème est structurel : de nombreuses DAT se retrouvent aujourd’hui valorisées 50 à 98 % en dessous de la valeur de leurs actifs crypto.
Ce décalage crée une opportunité, mais aussi un risque. Une opportunité car racheter ses actions à un prix inférieur à la NAV augmente mécaniquement la valeur par action. Un risque car l’entreprise doit pour cela liquider ses réserves, qui sont justement l’argument principal pour attirer les investisseurs.
Jusqu’où peuvent aller ces rachats
FG Nexus affirme vouloir continuer tant que le marché lui permet de racheter à prix bas. La direction parle d’un effet asymptotique sur la valorisation par action, chaque rachat augmentant le poids de la NAV par titre. Sur le papier, la logique tient. Dans la pratique, il s’agit d’un pari : celui qu’une restructuration agressive suffira à restaurer la confiance avant que les réserves d’ether ne fondent trop.
Pour l’instant, FG Nexus détient encore environ 40 000 ETH, ainsi que 37 millions en cash et USDC. De quoi tenir. Mais dans un secteur où la volatilité fait loi, la marge de manœuvre peut se réduire très vite.
Une course contre la montre
FGNX a pris 2 % à l’ouverture, mais reste 95 % sous son sommet de l’été dernier. Les rachats d’actions peuvent stopper l’hémorragie, pas renverser un marché entier. La bataille se jouera sur la vitesse : combien de temps les DAT pourront-elles brûler leurs actifs pour défendre leur valorisation sans perdre leur raison d’être ?