- Iurii Gugnin, fondateur d’Evita Pay et Evita Investments, est accusé d’avoir blanchi près de 2 milliards de dollars pour des clients russes, chinois et émiratis via des stablecoins comme l’USDT.
- Derrière sa start-up crypto basée à New York, il aurait orchestré un réseau de blanchiment impliquant des achats de yachts, d’art et de matériel informatique à destination de la Russie.
- Les autorités américaines évoquent des liens avec les services secrets russes et iraniens, renforçant l’hypothèse d’une opération géopolitique et non simplement criminelle.
Un entrepreneur crypto accusé d’avoir contourné les sanctions à hauteur de $2 milliards
Ce n’est pas un simple dossier de fraude financière. C’est une affaire tentaculaire où crypto, géopolitique et haute technologie se mêlent dangereusement.
Le Département de la Justice américain a mis la main sur Iurii Gugnin, un entrepreneur d’origine russe installé aux États-Unis, accusé d’avoir mis en place un véritable pipeline clandestin pour contourner les sanctions internationales visant la Russie.
Fondateur d’Evita Pay et Evita Investments, deux structures enregistrées aux États-Unis, Gugnin aurait permis le transfert de plus de 500 millions de dollars, tout en facilitant l’accès de clients russes à des technologies américaines sensibles, notamment pour le compte de Rosatom, le géant nucléaire d’État russe.
Derrière une façade crypto, une opération de blanchiment à grande échelle
Gugnin est venu aux États-Unis et a mis en place une opération de blanchiment d’argent sous l’apparence d’une start-up crypto, qu’il a ensuite utilisée pour échapper aux sanctions et aux contrôles à l’exportation et pour frauder les institutions financières américaines
Joseph Nocella, procureur des États-Unis
Installé à New York depuis 2022 grâce à un visa de type O-1A réservé aux profils à « capacités extraordinaires », Gugnin s’était construit l’image d’un serial entrepreneur dans la fintech.
Mais selon les procureurs, sa société crypto servait en réalité de couverture à un système bien plus sombre :
-> des clients étrangers, principalement en Russie, Chine et Émirats, transféraient des cryptoactifs (souvent des USDT) à ses entités ;
-> Gugnin les blanchissait via des portefeuilles crypto et des comptes bancaires américains ;
-> les fonds étaient ensuite convertis en fiat pour réaliser des paiements sur mesure, y compris pour des yachts, des œuvres d’art, ou encore des serveurs informatiques exportés illégalement.
Des liens avec les services russes et iraniens
L’acte d’accusation va encore plus loin. Il évoque des connexions directes entre Gugnin et des agents des services de renseignement russes et iraniens. Un détail lourd de sens pour les autorités, qui craignent une fuite organisée de l’accusé hors du territoire américain.
L’homme de 38 ans, également connu sous les noms de George Goognin et Iurii Mashukov, fait désormais face à 22 chefs d’accusation, dont certains passibles de 30 ans de prison. Il aurait en tout facilité près de $2 milliards de transactions, dont $365 millions en Tether, principalement via sa structure Evita Investments.
Des implications qui dépassent le simple cadre judiciaire
Alors que les États-Unis renforcent leur arsenal de sanctions et de contrôles à l’export, cette affaire pourrait marquer un tournant dans la surveillance des acteurs crypto, notamment ceux opérant à l’intersection entre finance décentralisée et zones de conflit.
Crypto, guerre froide numérique, sanctions contournées : le cas Gugnin cristallise les inquiétudes croissantes sur les usages clandestins des stablecoins et des structures offshore.