- Les États Unis créent 119 000 emplois en septembre, un chiffre bien supérieur aux attentes malgré une hausse simultanée du chômage à 4,4 pour cent qui brouille totalement la lecture du marché du travail.
- Les données relancent les divisions internes de la Fed, entre maintien des taux et inquiétude sur l’essoufflement du marché, alors que les investisseurs ne croient plus vraiment à une baisse en décembre.
- Les marchés réagissent prudemment avec des rendements en recul, un dollar affaibli et un Bitcoin stable, tandis que l’absence de données d’octobre laisse la Fed naviguer presque à l’aveugle jusqu’à mi décembre.
Les chiffres arrivent en retard, mais le signal est brutal. Les États Unis ont créé 119 000 emplois en septembre, plus du double des prévisions, alors même que le taux de chômage grimpe à 4,4 pour cent, son plus haut niveau depuis quatre ans. Un marché qui accélère et qui cale au même moment, c’est exactement le genre de cocktail qui fait trembler Wall Street et complique la tâche de la Réserve fédérale avant sa décision de décembre.
La publication, retardée de six semaines par le shutdown historique du gouvernement fédéral, tombe comme le premier vrai thermomètre économique depuis des mois. Résultat immédiat : un pays qui redémarre sur le front des embauches, mais un marché du travail qui envoie en parallèle un signal de refroidissement. Pour les investisseurs, l’équation devient plus floue que jamais.
Un rapport qui divise la Fed
Les créations de postes déjouent totalement les attentes des économistes qui tablaient sur cinquante mille nouveaux emplois. Le contraste est encore plus flagrant avec août, révisé en baisse à une perte de quatre mille postes. Pourtant, l’augmentation du chômage suffit à relancer le débat entre les membres de la Fed.
Hawks contre doves
Les membres les plus prudents trouveront dans ces embauches vigoureuses un argument pour maintenir les taux. Ceux qui s’inquiètent d’un essoufflement du marché du travail pointeront le taux de chômage en hausse. Un scénario taillé pour rallumer les tensions internes du FOMC, d’autant que la Fed a déjà abaissé ses taux deux fois cette année.
Les marchés ne croient plus vraiment à un troisième assouplissement en décembre. Le pricing des futures intégrait presque zéro probabilité de baisse avant la publication, et ces chiffres ne changent pas la donne. Les investisseurs veulent une certitude, ils n’obtiennent qu’un puzzle.
Impact immédiat sur les marchés
Juste après la publication, les rendements obligataires reculent légèrement, le dollar glisse et les contrats futures sur indices actions accélèrent. Le Nasdaq profite encore de la dynamique créée par les résultats de Nvidia, tandis que le S&P 500 ouvre dans le vert. Du côté crypto, Bitcoin se maintient autour de 91 900 dollars, en légère hausse, conforté par l’humeur plus détendue des marchés.
Cette réaction prudente reflète un constat simple : personne ne sait encore quelle lecture la Fed fera de ces données. La banque centrale juge le chômage comme l’un des baromètres les plus fiables de la tension économique. Un mouvement d’un dixième suffit parfois à réorienter une politique monétaire entière.
Une visibilité toujours réduite
Le shutdown a laissé un trou béant dans la collecte statistique. Aucun rapport d’octobre ne sera publié et les données fraîches n’arriveront qu’à la mi décembre, juste avant la réunion critique de la Fed. Autrement dit, les responsables monétaires devront se prononcer avec une vision partielle de la réalité. Une situation qui augmente les risques d’erreur, autant pour la Fed que pour les marchés.
Ce rapport de septembre devient donc bien plus qu’une simple statistique. C’est le seul phare encore allumé dans un brouillard économique persistant, et sa lumière est loin d’être stable.
