Le président français Emmanuel Macron prend la parole sur l’arrestation du fondateur de Telegram

L’arrestation de Pavel Durov, fondateur de Telegram, en France suscite des réactions internationales, avec le président Emmanuel Macron affirmant que la détention n’est pas politique.
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L’arrestation récente de Pavel Durov, fondateur et PDG de la populaire application de messagerie Telegram, a suscité un vif débat en France et à l’international.

Cependant, le président Emmanuel Macron a tenu à clarifier la situation en déclarant que cette détention n’était « en rien une décision politique« , mais plutôt le résultat d’une procédure judiciaire indépendante en cours.

Durov, d’origine russe, a quitté la Russie en 2014 après avoir refusé de fermer des contenus anti-gouvernementaux sur une application précédente qu’il avait créée. Son rôle et celui de Telegram ont pris une dimension cruciale dans des contextes géopolitiques sensibles, notamment en Ukraine, où l’application est massivement utilisée par le président Volodymyr Zelensky et les journalistes sur le terrain, ainsi que par les manifestants pro-démocratie en Russie, Hong Kong et Iran.

Contexte et motifs de l’arrestation

Pavel Durov a été appréhendé samedi dernier à l’aéroport du Bourget, situé au nord de Paris, peu après l’atterrissage de son jet privé. Selon TF1, cette arrestation fait suite aux accusations portées contre Telegram, accusée de ne pas avoir modéré suffisamment les activités criminelles sur sa plateforme, malgré son usage dans le monde entier. La police française n’a pas immédiatement confirmé l’arrestation, mais Macron a réagi aux informations circulant sur les réseaux sociaux, affirmant qu’il lisait de fausses informations.

Telegram, une application réputée pour son chiffrement des communications, a été critiquée à plusieurs reprises pour avoir permis à des individus liés au crime organisé, au terrorisme et à l’extrémisme de droite d’utiliser sa plateforme en toute impunité. Cette caractéristique de Telegram, qui empêche les gouvernements de censurer ou de surveiller les échanges sur l’application, a été défendue par Durov, qui a toujours soutenu que « le chiffrement ne peut être sûr que s’il est sûr pour tous« .

Dans un avis publié le 26 août, les procureurs français ont indiqué que M. Durov avait été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête judiciaire contre X pour complicité d’activités illégales, refus de communiquer aux autorités, blanchiment d’argent, association de malfaiteurs et fourniture de prestations de cryptologie sans déclaration préalable. Les autorités ont indiqué qu’elles avaient l’intention d’interroger le fondateur de Telegram dans le cadre de cette enquête et ont prolongé le délai de sa garde à vue du 25 au 28 août.

La position du gouvernement français

Face à cette situation, Macron a souligné l’engagement de la France envers les principes de « liberté d’expression et de communication, d’innovation et d’entrepreneuriat« . Toutefois, il a précisé que « ces libertés s’exercent dans un cadre établi par la loi pour protéger les citoyens et respecter leurs droits fondamentaux« . Il a également insisté sur l’indépendance du système judiciaire français, rappelant que c’est aux juges de faire respecter la loi.

Le président français n’a pas donné de détails supplémentaires sur l’enquête en cours, mais l’arrestation de Durov intervient après des années de critiques concernant la gestion de Telegram, en particulier après les attaques terroristes de Paris en 2015, où l’application a été utilisée par des membres de l’État islamique. Interrogé sur la possibilité pour les forces de l’ordre d’accéder à une « porte dérobée » dans l’application, Durov avait rétorqué que « le chiffrement ne peut pas être sécurisé uniquement pour certaines personnes« .

Réaction de Telegram

En réponse aux événements, Telegram a publié un communiqué affirmant qu’elle respecte les lois de l’Union européenne, y compris le Digital Services Act de 2022, qui vise à limiter la désinformation en ligne. L’entreprise a également défendu ses pratiques de modération, affirmant qu’elles sont « conformes aux standards de l’industrie et en constante amélioration« . Telegram a qualifié d' »absurde » l’idée que la plateforme ou son propriétaire puissent être tenus responsables des abus commis sur celle-ci.

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