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- Un rapport de la Banque Centrale Européenne affirme que les holders de Bitcoin de longue date exploitent les nouveaux acheteurs en vendant à profit, appelant à une régulation stricte voire une interdiction du Bitcoin.
- Le rapport suggère que des contrôles de prix devraient être mis en place pour éviter une distribution inégale des richesses et prévenir des tensions sociales.
- Le rapport néglige l’impact de l’inflation monétaire et les raisons pour lesquelles Bitcoin a été créé, avec des contradictions impressionnantes dans la position de la BCE.
Un récent rapport publié par la Banque Centrale Européenne (BCE) affirme que les holders de Bitcoin de longue date profitent de ceux qui achètent plus récemment, tout en appelant à une régulation stricte, voire une interdiction pure et simple, de la cryptomonnaie décentralisée.
Selon les auteurs de ce document, ces anciens acheteurs, qui ont acquis des BTC à des prix plus bas, revendent à profit à des investisseurs plus récents, créant ainsi une forme d’exploitation.
Bitcoin et la dynamique des marchés financiers
Les auteurs du rapport de la BCE soulignent que ceux qui ont acheté des bitcoins plus tôt ou lors de périodes où le marché était à son plus bas profitent en vendant à des prix plus élevés à des nouveaux entrants. Ils présentent ce mécanisme comme une exploitation des nouveaux acheteurs, alors même qu’il s’agit d’une logique inhérente à tous les marchés financiers : acheter à bas prix et revendre à un prix plus élevé pour réaliser un profit.
Sur la base de cette analyse, le rapport conclut que des contrôles stricts des prix du Bitcoin devraient être mis en place pour éviter cette exploitation, suggérant même que la cryptomonnaie pourrait être interdite pour empêcher une distribution inégale des richesses et les tensions civiles qui pourraient en découler. Selon le rapport, les non-holders actuels auraient tout intérêt à soutenir des législations contre Bitcoin, afin de « prévenir la hausse des prix de Bitcoin ou de voir Bitcoin disparaître complètement. »
Un usage controversé et des arguments contradictoires
Les auteurs de ce rapport affirment également que le Bitcoin est rarement utilisé comme méthode de paiement, tout en se basant sur une fausse affirmation selon laquelle Bitcoin serait le moyen préféré pour les transactions criminelles. Un rapport aussi récent que mai 2024 de la part du département du Trésor américain avait pourtant conclu que la monnaie fiduciaire reste le principal outil utilisé pour les transactions illicites.
Une analyse incomplète du succès de Bitcoin
Le rapport de la BCE ne mentionne cependant pas pourquoi le prix d’un actif à l’offre limitée comme Bitcoin a autant grimpé depuis sa création en 2009. De même, il omet de rappeler que le créateur pseudonyme de Bitcoin, Satoshi Nakamoto, avait initialement conçu cette monnaie numérique décentralisée à la fois comme un moyen de paiement alternatif et comme une réserve de valeur contre la dépréciation rapide des monnaies fiduciaires.
L’inflation monétaire : le grand absent du débat
Un point essentiel semble avoir été ignoré par les auteurs du rapport : les effets de l’inflation monétaire galopante imposée par les gouvernements et les banques centrales. Les contradictions s’accumulent dans les arguments de la BCE, notamment en affirmant que Bitcoin n’a pas de valeur réelle tout en soutenant qu’il pourrait atteindre un niveau suffisamment élevé pour déstabiliser la société.
La BCE va même jusqu’à imaginer un BTC à plus de 10 millions de dollars, alors qu’elle estimait son plafond déjà atteint, comparant sa capitalisation de marché avec celle de l’argent et de l’or.
Cette analyse néglige l’impact des politiques inflationnistes qui pèsent sur les économies mondiales.
Au Royaume-Uni, par exemple, la dette publique pour l’année fiscale 2023-2024 a atteint environ 98% du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon Statista, un sommet inédit depuis les années 1960. Aux États-Unis, la création monétaire à travers des politiques de relance a entraîné une augmentation de 41% de la masse monétaire M2 depuis 2020, exacerbant une dette nationale de plus de 35 000 milliards de dollars et provoquant une perte correspondante du pouvoir d’achat des consommateurs.
Le contexte initial de Bitcoin et la régulation à venir
Cette problématique d’inflation monétaire n’est pas nouvelle et avait même été anticipée par Satoshi Nakamoto. Lors de la création du premier bloc de la blockchain Bitcoin — connu sous le nom de « Genesis Block » — le 3 janvier 2009, Nakamoto y avait inséré une référence à un titre du journal The London Times du même jour qui annonçait « Le Chancelier est sur le point de déclencher un second plan de sauvetage des banques. Ce message soulignait déjà la fragilité du système bancaire et l’importance de l’indépendance financière que Bitcoin pouvait offrir en tant que réserve de valeur face aux manipulations des devises traditionnelles.
Avec des arguments aussi polarisants, la question de la régulation de Bitcoin par les grandes institutions financières reste un sujet brûlant. Si certains considèrent cette cryptomonnaie comme une menace potentielle pour les systèmes monétaires traditionnels, d’autres la voient comme un moyen d’échapper à l’inflation et aux excès des politiques monétaires gouvernementales. La position de la BCE, appelant à des mesures extrêmes comme le contrôle des prix ou l’interdiction de Bitcoin, reflète les tensions croissantes entre le système financier traditionnel et l’émergence d’alternatives décentralisées, créant une mauvaise foi impressionnante.
Ainsi, dans un contexte où la dette publique continue de grimper et où les monnaies fiduciaires perdent de leur pouvoir d’achat, Bitcoin pourrait bien continuer à être perçu comme une solution pour de nombreux investisseurs, malgré les avertissements des régulateurs.