Le projet d’euro numérique de la BCE se heurte à la résistance des banques et des législateurs

La BCE défend son euro numérique prévu pour 2029 malgré la résistance des banques européennes et d’une partie du Parlement.
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  1. La BCE prévoit un euro numérique d’ici 2029 pour contrer la domination des paiements américains et la chute du cash, mais le projet provoque une forte opposition des banques et du Parlement européen.
  2. Les grandes banques européennes, dont Deutsche Bank et BNP Paribas, dénoncent un projet concurrent de leurs propres solutions de stablecoin et promeuvent leur alternative privée, Wero.
  3. Tandis que la BCE invoque la souveraineté monétaire, les critiques redoutent un coût élevé et une interférence publique inutile dans un marché déjà en pleine mutation.

La Banque centrale européenne insiste sur son plan : un euro numérique disponible d’ici 2029, avec une phase pilote dès 2027. Objectif : offrir une alternative souveraine face à la domination des paiements américains, stablecoins, Visa, Mastercard, PayPal, alors que l’usage du cash s’effondre partout en Europe. Mais la révolution promise se heurte désormais à une fronde grandissante, menée par les banques et plusieurs députés européens.

Banques européennes vent debout face à l’euro numérique

La conception actuelle de l’euro numérique destiné au commerce de détail répond largement aux mêmes cas d’utilisation que les solutions privées, sans offrir de valeur ajoutée évidente pour les consommateurs.

Consortium de banques européennes

Quatorze grands établissements, dont Deutsche Bank, BNP Paribas et ING, ont officiellement exprimé leur opposition au projet. Leur critique est directe : la BCE propose un produit qui fait doublon avec leurs propres solutions de stablecoin, sans bénéfice concret pour les consommateurs.
Ces banques ont d’ailleurs lancé leur propre alternative, baptisée Wero, censée incarner une réponse européenne privée à la suprématie américaine dans les paiements en ligne. Selon elles, le risque est clair : voir le secteur public créer une concurrence artificielle et déstabiliser un marché déjà en pleine mutation.

Un Parlement européen divisé

Du côté politique, le rapporteur du projet, le conservateur espagnol Fernando Navarrete, milite pour une version radicalement réduite du dispositif. Il souhaite que l’euro numérique serve uniquement aux paiements hors ligne, par exemple sans connexion mobile, mais pas aux transactions en temps réel.
Selon lui, permettre un usage en ligne reviendrait à créer « un écosystème parallèle » qui nuirait à l’émergence de solutions privées paneuropéennes. Son message est clair : il faut laisser au marché la première chance d’innover, et ne déployer un euro numérique complet qu’en dernier recours.

Entre souveraineté et scepticisme

Face à ces critiques, la BCE maintient sa ligne. Pour ses dirigeants, la disparition progressive du cash menace la souveraineté monétaire européenne. L’euro numérique serait donc un bouclier stratégique : une monnaie publique, sécurisée et utilisable partout, même si les systèmes privés venaient à faillir.
Mais sur le plan économique, les inquiétudes persistent. Une étude commandée par les banques estime que la mise en place du projet pourrait coûter jusqu’à 30 milliards d’euros au secteur financier, quand la BCE parle de moins de 6 milliards.

L’Europe à la croisée des chemins

Vingt-cinq ans après le lancement de la monnaie unique, l’Union européenne affronte un dilemme majeur : comment renforcer son autonomie sans étouffer l’innovation privée ?
L’euro numérique pourrait bien être un outil clé pour préparer l’avenir des paiements… ou un projet bureaucratique trop lourd pour séduire les citoyens.
Une chose est sûre : le compte à rebours vers 2029 est lancé, et la bataille entre Bruxelles, Francfort et les grandes banques européennes ne fait que commencer.

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