- Sandeep Nailwal devient PDG de la Polygon Foundation et amorce un virage stratégique majeur, avec l’abandon du zkEVM et un retour à la sidechain PoS, plus simple et plus adaptée aux RWAs.
- Le départ de Jordi Baylina, figure du zero-knowledge chez Polygon, marque une rupture interne ; il fonde ZisK pendant que Polygon mise sur AggLayer pour l’interopérabilité cross-chain.
- Avec une TVL divisée par dix depuis 2021, Polygon veut revenir sur le devant de la scène Web3 en misant sur POL, une promesse de 100 000 TPS et une infrastructure orientée finance tokenisée.
Polygon change de capitaine… et de cap. Sandeep Nailwal, cofondateur du projet, devient PDG de la Polygon Foundation. Une prise de pouvoir qui coïncide avec une refonte complète de la stratégie du réseau. Objectif : reconquérir sa place dans la course à la scalabilité d’Ethereum.
Adieu zkEVM, bonjour retour aux sources
Polygon met fin à l’un de ses paris techniques les plus ambitieux : le zkEVM Mainnet Beta sera officiellement fermé en 2026. Peu adopté, trop complexe pour les développeurs, limité par sa propre architecture : l’expérience a déçu. Un an de transition est prévu pour accompagner les utilisateurs, mais la messe est dite.
Cette décision marque un recentrage radical. Polygon abandonne sa course aux rollups complexes pour miser à nouveau sur son cheval de bataille historique : la sidechain Proof-of-Stake (PoS). Une technologie plus mature, plus utilisée, et surtout plus simple à faire évoluer vers des cas d’usage concrets, comme les actifs financiers du monde réel (RWAs).
“On revient à une mentalité zéro-to-un”, annonce Nailwal. Traduction : tout est remis à plat, et tout est à reconstruire.
Jordi Baylina claque la porte pour lancer ZisK
Ce revirement stratégique n’est pas sans conséquences humaines. Jordi Baylina, cerveau du pôle “zero-knowledge” chez Polygon, quitte le navire pour lancer son propre projet, ZisK. Un spin-off qui promet de poursuivre la vision ZK, mais en dehors du giron de Polygon.
Un départ qui illustre les tensions internes et les désaccords techniques sur l’avenir du protocole. Nailwal, lui, préfère regrouper les forces autour d’AggLayer, un nouvel agrégateur de liquidité cross-chain destiné à faciliter l’interopérabilité entre blockchains.
Polygon veut redevenir incontournable dans le Web3
Le contexte est tendu : la TVL de Polygon a chuté de 9,79 milliards $ en 2021 à seulement 1 milliard aujourd’hui. La faute à la concurrence féroce des layer 2 comme Arbitrum, Base ou Optimism, qui ont su séduire développeurs et investisseurs avec une compatibilité Ethereum native et une sécurité renforcée.
La réponse de Polygon ? Une roadmap “gigagas” avec une promesse choc : 100 000 transactions par seconde et une infrastructure taillée pour accueillir des trillions de dollars d’actifs tokenisés. Une ambition XXL qui repositionne Polygon sur le terrain des grandes plateformes financières.
Le moment est bien choisi pour POL
Autre signal fort : le jeton POL (ex-MATIC) sort d’une zone de turbulences. L’abandon par la SEC des enquêtes sur son statut réglementaire redonne confiance aux investisseurs. Nailwal l’assure : de gros market makers sont déjà de retour, prêts à redonner de la liquidité au jeton.
En reprenant le contrôle de la fondation, Nailwal entend redonner de la clarté à la stratégie, renforcer la valeur pour les stakers de POL et, surtout, replacer Polygon sur le radar des projets majeurs de l’écosystème.
Le pari est risqué. Mais s’il réussit, Polygon pourrait bien redevenir l’un des piliers de la scalabilité Ethereum à l’ère des RWAs et de l’interopérabilité.