- Ethereum a connu le 10 septembre un rare mass slashing de 39 validateurs, l’un des plus importants depuis son passage au proof-of-stake en 2022, entraînant des pertes immédiates pour les opérateurs concernés.
- L’incident ne provient pas d’une faille du protocole mais d’erreurs opérationnelles liées à SSV Network, notamment chez Ankr et un cluster migré depuis Allnodes, causant des signatures en double.
- Moins de 500 validateurs ont été slashed depuis 2020, mais cet épisode illustre la gravité des erreurs humaines et rappelle que la discipline des opérateurs est cruciale pour sécuriser le staking Ethereum.
Un incident qui secoue l’écosystème staking
Mercredi 10 septembre, Ethereum a connu un épisode que les validateurs redoutent : un mass slashing. Pas moins de 39 validateurs ont été sanctionnés, selon les données de Beaconcha.in.
Un chiffre qui peut sembler faible comparé aux plus de 1,2 million de validateurs actifs, mais qui place tout de même l’événement parmi les plus importants depuis le passage d’Ethereum au proof-of-stake en 2022.
En cause, non pas une faille du protocole, mais des erreurs opérationnelles liées à SSV Network, une technologie de validateurs distribués (DVT) qui fragmente les clés entre plusieurs opérateurs pour réduire les risques de centralisation.
Des opérateurs en première ligne
Le fondateur de SSV, Alon Muroch, a tenu à clarifier : « Le protocole n’a pas été compromis ». Les sanctions proviennent directement d’incidents côté opérateurs tiers utilisant SSV.
Deux clusters sont particulièrement concernés.
- Le premier est lié à Ankr, fournisseur de liquid staking, où une maintenance de routine a provoqué des signatures en double.
- Le second touche un cluster ayant migré depuis Allnodes il y a deux mois, avec là encore un problème de configuration secondaire menant à un double-signing.
Résultat : 39 validateurs slashed en quelques heures, et une perte immédiate d’ETH pour chacun. Un validateur doté de 2 020 ETH en stake a vu s’envoler environ 0,3 ETH, soit près de 1 300 dollars au cours actuel.
Le rappel brutal des règles du jeu
Le slashing n’est pas une anomalie : il fait partie du design d’Ethereum. Son objectif est clair : dissuader la négligence ou les comportements malveillants. Mais dans les faits, il reste rarissime.
Depuis le lancement de la Beacon Chain en 2020, moins de 500 validateurs ont été slashed sur plus d’un million d’actifs. La plupart des cas, comme cette fois-ci, proviennent d’erreurs humaines ou techniques plutôt que d’attaques.
Ce qui rend ces “mass slashings” plus douloureux, c’est leur effet de corrélation. Quand plusieurs validateurs tombent ensemble, les sanctions sont alourdies par des inactivity leaks, amplifiant les pertes financières.
Une leçon pour tout l’écosystème
Pour les acteurs du staking, cet incident rappelle une vérité trop souvent négligée : la sécurité des validateurs dépend autant de l’infrastructure et de la discipline des opérateurs que du protocole lui-même.
Ethereum n’a pas été vulnérable, mais ses utilisateurs, eux, ont payé le prix fort de configurations mal gérées.
En pleine montée en puissance du staking liquide et distribué, cette affaire met en lumière un point sensible : les opérateurs deviennent la première ligne de défense, et leurs erreurs se traduisent par des pertes directes, visibles et parfois spectaculaires.
Un rappel brutal que dans la finance onchain, la technologie ne suffit pas : la rigueur opérationnelle est le vrai garde-fou.