- La Bolivie a signé un accord inédit avec le Salvador pour accélérer l’adoption des cryptos, qualifiant officiellement celles-ci de « solution fiable » face au fiat.
- Depuis la levée de l’interdiction en 2024, le volume de trading crypto a explosé, atteignant près de 300 millions de dollars au 30 juin 2025.
- Face à l’effondrement des réserves de change, le pays adopte les cryptos comme alternative pratique, avec même l’État et les commerçants qui commencent à utiliser des stablecoins.
La nouvelle aurait été impensable il y a encore un an : la Banque centrale de Bolivie qualifie officiellement les cryptomonnaies de “solution fiable” face à la monnaie fiduciaire. Et ce n’est pas une déclaration isolée. La Bolivie vient de signer un accord stratégique avec El Salvador, le tout premier pays à avoir fait de Bitcoin une monnaie légale.
Objectif : rattraper le temps perdu, accélérer l’adoption des cryptos et sortir du marasme économique. Un partenariat qui prend effet immédiatement, sans date de fin. Clairement, la Bolivie ne veut plus traîner.
De l’interdiction au partenariat international
En juin 2024, la Bolivie levait enfin son interdiction des crypto après des années de blocage. Résultat immédiat : en seulement trois mois, les volumes de trading atteignent 46,8 millions de dollars. Soit plus du double des chiffres mensuels observés auparavant.
Et la dynamique ne faiblit pas : au 30 juin 2025, les volumes totaux frôlent déjà les 300 millions de dollars.
Cette transition express est maintenant encadrée par un mémorandum d’entente signé entre Edwin Rojas Ulo, président par intérim de la Banque centrale bolivienne, et Juan Carlos Reyes García, président de la CNAD au Salvador. Outre un partage d’outils d’intelligence sur la crypto, le texte prévoit une collaboration sur les politiques publiques à venir.
Une réponse directe à une crise monétaire sévère
La Bolivie n’a pas fait ce choix par idéologie. Elle y est poussée par l’urgence.
Ses réserves de change se sont effondrées de 98 % en une décennie : de 12,7 milliards de dollars en 2014 à seulement 165 millions en avril 2025. Le pays manque cruellement de devises, les importations sont freinées, et le dollar se fait rare.
En mars, la compagnie pétrolière nationale YPFB a d’ailleurs reçu l’autorisation d’utiliser des cryptomonnaies pour payer ses importations de carburant. Un signal fort de l’État bolivien : face à la pénurie de dollars, les stablecoins comme l’USDT peuvent servir de plan B.
Les Boliviens adoptent le changement, à leur rythme
Dans les rues, le boliviano reste la monnaie principale. Mais la défiance monte. Certains commerçants commencent déjà à afficher leurs prix en Tether, et une partie de la population se tourne vers le Bitcoin ou les stablecoins pour préserver son pouvoir d’achat.
Ce virage s’inscrit dans une tendance plus large en Amérique latine, où les crises monétaires successives ont fait des cryptos un refuge pour les classes moyennes comme pour les petites entreprises.
Octobre : une élection, une bascule potentielle
Le timing de cet accord n’est pas anodin. Le 17 août, les Boliviens voteront lors d’une élection présidentielle décisive. Après deux décennies de régime socialiste, le pays pourrait changer de cap.
Mais selon les prédictions de la plateforme Polymarket, il y a seulement 5 % de chances qu’un candidat l’emporte dès le premier tour. Un second tour est donc probable, le 19 octobre.
Si un nouveau gouvernement plus pro-business émerge, la stratégie crypto de la Bolivie pourrait connaître un second souffle… ou être remise en question.